Pour un 13e mois consécutif, le segment de la copropriété est littéralement rayé de la carte des mises en chantier à Laval.
Le dernier projet de condominiums à être sorti de terre remonte au mois d’octobre 2023, selon les relevés publiés mensuellement par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).
Longtemps reconnu comme le fer de lance de l’industrie de la construction domiciliaire à Laval, le condo avait commencé à gagner en popularité au tournant du millénaire jusqu’à supplanter en 2005 la maison unifamiliale, qui régnait en reine et maîtresse depuis toujours sur le territoire de l’île Jésus.
Puis, mois après mois, année après année, cette domination de la copropriété ne n’est jamais démentie pendant près de 20 ans alors que les premiers signes d’essoufflement sont apparus en 2018. Depuis, le créneau du logement locatif a pris la relève et domine encore aujourd’hui largement le marché de la construction neuve à Laval.
Pas de demande
«Actuellement, il n’y a pas de demande pour du condo, explique Francis Cortellino, économiste principal à la SCHL. Voilà pourquoi les promoteurs se tournent vers le locatif».
Cette tendance s’affirme «depuis une dizaine d’années, mais plus intensivement depuis 7 à 8 ans», poursuit-il. D’autant que «souvent, les banques exigent que les deux tiers des condos soient vendus sur plan avant d’avancer le financement».
Si bien qu’à Laval comme ailleurs dans le Grand Montréal, les tours d’habitation qui s’élèvent relèvent davantage «du locatif pur», précise M. Cortellino.
Il fait d’ailleurs la distinction entre le marché locatif primaire et secondaire, selon que les immeubles à logements appartiennent à un seul et unique propriétaire ou à plusieurs copropriétaires qui mettent en location leur unité. Incidemment, la SCHL prend en compte cette importante nuance lors de son enquête annuelle sur le taux d’inoccupation des appartements destinés à la location dans les différents marchés.
Les locateurs ont beau faire la promotion de «condos locatifs», ça demeure du «marketing», fait-il valoir. «Ça sonne mieux et au goût du jour, mais ultimement ça reste une tour locative avec un seul propriétaire.»
La revanche du locatif
Le marché locatif, qui fut longtemps le parent pauvre de l’industrie de la construction domiciliaire à Laval, fait flèche de tout bois cette année.
Au 30 novembre dernier, 90 % des habitations mises en chantier en 2024 sont des logements locatifs. En nombre absolu, cela représente 1802 des 1988 unités démarrées.
En comparaison, l’an dernier, le créneau locatif comptait pour 60 % de l’ensemble des nouvelles constructions en sol lavallois.
Nul doute que le retrait de la TPS sur les logements construits expressément pour la location – annoncé par le gouvernement fédéral en septembre 2023 – a contribué à cette poussée phénoménale. Ce congé fiscal, qui visait à contrer la crise du logement qui sévit partout au pays, s’ajoutait au programme de prêts à faible coût pour la construction d’immeubles d’appartements locatifs déjà offert par la SCHL, l’organisme national responsable de l’habitation au Canada.
Nouvelle tendance
Outre le fait que le condominium ne soit plus aussi abordable qu’il l’a déjà été, la perte de son attrait au profit du marché locatif s’inscrit dans une nouvelle mouvance, observe Danielle Pilette, professeure associée en gestion municipale et métropolitaine à l’UQAM.
Plutôt que de s’engager à long terme avec une hypothèque soumise aux fluctuations du taux directeur, les gens préfèrent aujourd’hui vivre dans de nouvelles tours d’habitation locatives.
«C’est neuf, relativement luxueux et ça leur donne un sentiment de sécurité, qu’il s’agisse de personnes plus âgées ou de jeunes clientèles», précise l’universitaire.
«Même leur voiture est en location. C’est la nouvelle tendance à être propriétaire de rien, finalement, et de bénéficier de ce qu’on perçoit comme le plus luxueux qu’on puisse se payer», ajoute-t-elle.
Le REM, la solution ?
En 2024, il ne s’est pas construit le moindre condo à Laval et seulement 12 parmi les quelque 3550 habitations mises en chantier sur la Rive-Nord.
À l’inverse, l’île de Montréal et la Rive-Sud totalisent plus de 1300 condominiums mis en chantier depuis le début de l’année, fait remarquer Danielle Pilette, une situation qu’elle attribue à la mise en service du Réseau express métropolitain (REM) à l’été 2023.
Si elle reconnaît que la vaste majorité des nouveaux projets de condominium poussent à l’extérieur de la Communauté métropolitaine de Montréal, elle croit que l’arrivée du REM à Laval et Deux-Montagnes, à l’automne 2025, pourrait bien changer la donne.
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