Les changements climatiques ne sont pas qu’une crise environnementale : ils accentuent aussi des inégalités sociales, économiques et culturelles déjà existantes. C’est là qu’entre en jeu la notion de justice climatique, qui reconnaît que les effets du changements climatiques ne touchent pas tout le monde de la même manière. Les populations les plus vulnérables sont souvent les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre (GES), mais ce sont elles qui en subissent le plus lourdement les conséquences.
Certaines communautés ont moins de ressources pour se protéger ou s’adapter. Pensons aux personnes âgées, aux ménages à faible revenu, aux minorités culturelles ou aux peuples autochtones. À l’inverse, les grandes puissances économiques — qui produisent une part importante des GES — tardent souvent à assumer leurs responsabilités.
Inspirée des mouvements de justice environnementale, la justice climatique invite donc à prendre en compte ces inégalités dans la lutte contre les changements climatiques.
Des inégalités bien réelles au Québec et au Canada
Même dans un pays développé comme le Canada, les injustices climatiques sont bien présentes. L’empreinte carbone des 1 % les plus riches y est jusqu’à 19 fois plus élevée que celle de la moitié la moins fortunée. Pourtant, ce sont les personnes les moins nanties qui vivent dans les conditions les plus exposées.
À Montréal, par exemple, les quartiers défavorisés sont souvent les moins verdoyants et les plus exposés à la chaleur. La population vivant dans ces « îlots de chaleur urbains », disposent souvent de peu de moyens pour s’y adapter : pas de climatiseur, des logements mal isolés ou des problèmes de santé amplifiés par la chaleur.
Les peuples autochtones, subissent également ces bouleversements climatiques. Situés pour plusieurs dans les régions nordiques du Canada, leurs communautés font face à la fonte du pergélisol, aux feux de forêt, à l’insécurité alimentaire et à des impacts sur la santé physique et mentale. Le tout dans un contexte où leur contribution à la crise climatique est pourtant minime.
Un déséquilibre mondial
À l’échelle de la planète, les inégalités sont encore plus marquées. Un Québécois émet en moyenne entre 10 et 15 tonnes de GES par an, contre 2,3 tonnes pour un habitant de l’Inde. Et pourtant, les pays du Sud subissent de plein fouet les impacts du dérèglement climatique : sécheresses, vagues de chaleur, érosion des côtes, maladies, pénuries d’eau potable…
Ces impacts sont bien plus qu’environnementaux : ils menacent la santé, la sécurité alimentaire, et même la stabilité des sociétés. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les changements climatiques causent déjà plus de 150 000 décès chaque année, un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2030.
Ces bouleversements provoquent aussi des migrations forcées, appelées à se multiplier. Tragiquement, les pays les plus affectés sont aussi ceux qui disposent de moins de moyens économiques, technologiques et institutionnels pour y faire face. Ce déséquilibre soulève des questions fondamentales de responsabilité et de solidarité à l’échelle internationale.
Quelles solutions pour réparer ces injustices ?
L’écofiscalité
Il s’agit de taxer les activités polluantes pour encourager des pratiques plus durables. Par exemple, la taxe carbone impose un coût aux émissions de CO₂. En Suède, cette mesure a permis de réduire les émissions de 30 % depuis 1991, tout en maintenant la croissance économique. Les revenus générés ont aussi servi à financer des projets de transition écologique.
Le financement climatique
Les pays riches, historiquement responsables de la majorité des émissions, ont un rôle clé à jouer pour soutenir les pays en développement. En 2022, l’objectif de 100 milliards de dollars US d’aide climatique annuelle a été atteint pour la première fois, grâce à l’engagement de pays comme le Canada et l’Allemagne.
L’injustice climatique devant les tribunaux
De plus en plus de citoyens et d’organisations utilisent les recours juridiques pour défendre leur droit à un environnement sain. En avril 2024, en Suisse, un groupe de retraitées a remporté une victoire historique devant la Cour européenne des droits de l’homme. L’État a été sommé de faire davantage pour lutter contre le dérèglement climatique — un précédent inspirant pour d’autres démarches similaires.
Un défi collectif, une réponse solidaire
Réduire les injustices climatiques demande du temps, mais c’est un objectif atteignable. Pour y arriver, il faut mettre en place des outils économiques efficaces, offrir un soutien juridique aux communautés les plus touchées et, surtout, écouter celles et ceux qui vivent ces réalités au quotidien. C’est en unissant nos forces — gouvernements, citoyennes et citoyens, entreprises et organismes communautaires — que nous pourrons construire un avenir plus juste, solidaire et résilient.
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