«Notre but n’est pas de les évincer, mais bien de les reloger dans un logement en bon état», indique le directeur général de l’Office, André Dénommée.
Les locataires visés par cette requête ont reçu, le mois dernier, la visite d’un huissier les informant de la démarche devant mener à la résiliation de leur bail «pour cause de force majeure». La date de l’audition n’a toutefois pas été fixée.
Essentiellement, les locataires réfractaires invoquent une offre de logement qui ne corresponde pas à leurs besoins et, dans certains cas, une hausse du prix du loyer allant jusqu’à 150 $ par mois, apprend-on.
La DSP au dossier
À la suite de l’analyse de rapports d’inspection fongique des logements et de l’évaluation médicale des locataires, la Direction régionale de la santé publique (DSP) a émis une recommandation médicale à l’effet de les reloger dans des logements exempts de moisissures.
Une demande de résiliation de bail, dont le Courrier Laval a obtenu copie, fait mention d’une inspection effectuée le 15 novembre 2012 par un ingénieur-chimiste de la firme Genivar dans un logement de la rue Évariste-Leblanc.
On y explique que la locataire a été informée de l’état d’insalubrité de son logement via une lettre datée du 30 avril 2013. La situation est telle que, le jour même, la DSP recommandait le transfert des occupants du logement dans un délai de 8 à 12 semaines.
Ce n’est toutefois que 18 mois plus tard que le locateur, en l’occurrence l’OMH, offrait à la locataire de reloger sa famille de 3 enfants dans un 5 ½ de la rue Thomas-Chapais à un prix de loyer un peu inférieur à ce qu’elle payait.
Ce jour-là, le 8 octobre 2014, elle a refusé. Raison invoquée: logement trop petit, localisé dans un 2e étage par surcroît.
Depuis 10 ans, la famille occupe un 4 chambres à coucher réparti sur un rez-de-chaussée et un sous-sol. La mère assure que tous se portent très bien et que personne n’a jamais été affecté par un quelconque problème de santé.
Le 16 mai dernier, cette famille, tout comme 30 autres ménages du secteur Val-Martin, apprend par un huissier que l’OMH porte la cause devant la Régie du logement.
Dans l’éventualité où il obtienne gain de cause, l’Office municipal d’habitation condamnerait les logements une fois vidés. Pas question de les rénover!
Il s’agit de duplex et quadruplex disséminés sur les rues Wilfrid-Laurier, Évariste-Leblanc, Honoré-Mercier, Thomas-Chapais, Notre-Dame, Henri-Bourassa et la 75e Avenue.
Déménagement payé
Le locateur s’est engagé envers ses locataires à couvrir les frais de déménagement, à leur verser un montant forfaitaire de 200 $ à titre d’indemnité et, sur présentation des pièces justificatives, à rembourser les frais de changement d’adresse à Postes Canada et Hydro-Québec.
Plus de 100 transferts à ce jour
C’est bien connu, le complexe Immeubles Val-Martin, propriété de la Société d’habitation du Québec, se trouve dans un état de décrépitude avancé.
La moitié de ces quelque 520 logements sont vacants, contaminés par des champignons, et ce, depuis plusieurs années.
Son gestionnaire, André Dénommée, souligne que depuis 2006, 108 familles ont été relogées sans coup férir.
En fait, c’est la première fois que l’OMH recourt à la Régie en pareille matière. Cela dit, il est toujours possible pour les locataires de réviser leur position sans aucune pénalité, assure M. Dénommée. Ils sont d’ailleurs deux ou trois à en avoir manifesté l’intention.
Quinze unités sont présentement disponibles pour les accueillir, alors qu’une vingtaine d’autres seront prêts incessamment, précise-t-on.
Revitalisation
Rappelons que cet ensemble immobilier de 17 hectares, soit l’équivalent de 23 terrains de football, est au coeur d’un vaste plan de revitalisation.
Déjà, la SHQ a accepté de financer la construction de quelque 350 nouveaux logements, alors que la Ville a prévu au Programme triennal d’investissement (PTI) une somme de 30 M$ au profit d’un pôle communautaire, parcs, espaces verts, jardins communautaires, passages piétonniers et de la mise à niveau des infrastructures municipales.
Sur un horizon de 10 ans, les investissements pourraient s’élever à quelque 400 M$, selon le directeur général de la Ville, Serge Lamontagne.