Le 16 janvier a eu lieu une marche organisée par le Centre communautaire Le Rendez-Vous des Aîné(e)s (CCRVA) pour commémorer la mort d’une dame de 85 ans près de ses locaux.
L’octogénaire a été mortellement happée par une voiture en traversant le boulevard des Laurentides au coin de la rue Proulx le 20 décembre dernier à Pont-Viau.
Rappelons que cette intersection ne permet pas aux piétons de traverser le boulevard.
Les marcheurs doivent se rendre à l’intersection des boulevards de la Concorde et des Laurentides ou à l’intersection de la rue Meunier et du boulevard des Laurentides, située à 250 mètres.
Il faut donc marcher 500 mètres pour traverser l’artère, alors qu’il n’y a qu’une vingtaine de mètres entre les deux jonctions de la rue Proulx.
Pourtant, ce croisement est très populaire. On y retrouve une garderie en face d’une pharmacie, plusieurs autres commerces et même un arrêt d’autobus.
Demandes sans réponse
Depuis plusieurs années, les gens du Centre communautaire Le Rendez-Vous des Aîné(e)s demandent de sécuriser l’intersection en cause.
«Cet automne, on a fait une [autre] requête à la Ville de Laval, assure Guy Lemieux, directeur du CCRVA. On n’a pas eu de retour.»
Lemieux explique que la requête a été rejetée puisque la rue ne correspondrait pas aux normes municipales pour y installer un feu de circulation rendant le passage plus sécuritaire pour les piétons.
Yamina Lakrib, directrice de la Garderie éducative Les étoiles des Laurentides, abonde dans le même sens que Guy Lemieux.
Mme Lakrib a fait une demande de sécurisation à plusieurs reprises. Son établissement occupe l’un des coins de rue de l’intersection jugée dangereuse par le voisinage.
Ses appels sont restés sans réponse. Quelques semaines plus tard, Yamina Lakrib a été témoin de l’accident de voiture mortel.
Des parents de la garderie se sont aussi manifestés. Une mère est là avec ses deux enfants et d’autres parents se sont déplacés avec leur plus jeune en poussette.
«C’est horrible, ce n’est pas praticable, si j’ai des courses à faire, je n’y vais pas avec les enfants», déclare Noémie Cordelier, mère du petit Émile qui a fréquenté la garderie.
Ali Bergeron, une autre mère, avoue aussi traverser le boulevard de façon non-sécuritaire. «Le soir, quand je reviens du travail en bus, je cours au lieu de faire le gros détour», confie-t-elle.
Événement rassembleur
La marche débutait au centre communautaire situé au 10, rue Proulx, dès 17h30, heure vers laquelle la dame a été frappée en décembre.
Le groupe a traversé des Laurentides au coin du boulevard de la Concorde pour ensuite revenir vers le sud.
Le rassemblement d’une quinzaine de personnes s’est ensuite arrêté dans le stationnement d’une pharmacie du secteur pour observer une minute de silence en l’honneur de la piétonne tuée en traversant l’artère.
Le groupe a poursuivi sa marche vers le CCRVA, mais cette fois via la rue Meunier.
Du changement
Cecilia Macedo, conseillère municipale de Marigot, s’est excusée devant le rassemblement citoyen. «Je suis désolée que ç’ait pris autant de temps», a-t-elle déclaré après la minute de silence.
Mme Macedo et sa collègue Christine Poirier ont assuré que des mesures seraient mises en place le plus rapidement possible.
«Laval a été pensée pour la voiture, a déclaré Christine Poirier, conseillère municipale de Duvernay-Pont-Viau. On travaille pour améliorer le transport actif à Laval».
«On ne peut pas nier que le maire actuel a une vision écologique», a concédé Guy Lemieux.
Christine Poirier affirme donc que la situation sera réévaluée et que cette intersection sera sécurisée.
«On va faire une nouvelle analyse avec une nouvelle vision», d’affirmer la conseillère de Duvernay-Pont-Viau.
Si toutes les demandes ont été rejetées, voire ignorées, à ce jour, cela résulterait d’une analyse se basant sur de vieilles études.
Par conséquent, pour chaque nouvelle demande, les fonctionnaires en venaient à la même conclusion négative, explique l’élue municipale.
Il aura fallu une mort pour faire bouger les choses. Ce à quoi la conseillère Poirier a répondu: «vous savez, des gens meurent tous les jours».