«Novembre est le mois des morts, mais Juliane va les réveiller tellement elle est belle!» de s’exclamer Geneviève Perron, initiatrice du projet (voir autre texte).
«Au départ, je n’étais pas très chaude à l’idée, de continuer Juliane Jalbert, qui travaille au Service de sécurité incendie de Laval depuis six ans. Quand j’ai su qu’on ne parlait pas de se dévêtir, mais de montrer différents aspects de la vie professionnelle des pompières et de servir une cause importante pour moi, ça m’a rassurée et j’ai dit oui.»
En novembre, on pourra donc voir Juliane Jalbert sortir d’un bâtiment en flammes, les joues couvertes de suie et un bambin emmitouflé dans les bras.
Carrière bien entamée
Même si elle a flirté longtemps avec la Science politique, Juliane Jalbert n’a surpris personne quand elle a entamé sa formation de Pompier 1 (municipalité de 25 000 et moins), à Blainville. Son père et son grand-père étaient pompiers.
«J’aime beaucoup les livres, mais le terrain me manquait, se remémore celle qui réside à Sainte-Rose depuis quatre ans. L’enquête incendie possède aussi son aspect d’urgence et d’adrénaline. Nous pouvons être appelés à n’importe quelle heure!»
Sur les lieux d’un incendie, quand l’officier en service n’est pas sûr à 100 % de son origine, il requiert la présence d’un enquêteur-inspecteur. Ce dernier, sachant qu’il disposera de la scène durant 24 heures, s’occupe d’abord des personnes touchées et des intervenants tels la Croix-Rouge et la Socitété de transport de Laval.
«Nous ne sommes jamais trop pour rassurer les gens qui viennent souvent de subir des pertes immenses, explique Juliane Jalbert. Sur place, nous n’oublions jamais qu’on est chez quelqu’un dont l’habitat ne sera plus jamais le même. Il y a de la fumée, suie, des traces d’enfants sur le plancher. Nous restons dans une intimité et un lieu très altéré que l’on doit scruter à la loupe. On pense à ce que ça devait être avant et à ce qui vient d’arriver. Un enquêteur non empathique ne peut pas être un bon enquêteur.»
La jeune femme de 30 ans se souvient notamment du 17 octobre 2014, où l’on a découvert un homme calciné dans l’incendie de sa résidence, rue Villeneuve, dans Chomedey. Juliane Jalbert devait s’occuper des voisins, tous surpris et atterrés par ce qui venait de se produire près de chez eux.
«Dans mes cours, on nous disait que cela nous arriverait une à deux fois dans notre carrière», lance-t-elle, songeuse.
Autres femmes
L’Association des pompiers de Laval (APL) compte 270 000 membres. Sur le terrain, on compte seulement deux pompières, soit Julie Villeneuve, en poste actuellement à la caserne 9 (Vimont), et Isabelle Tardif à la caserne 8 (Sainte-Rose).
«Il y a peu de femmes, car ce métier prend une forme physique extrême et les critères de sélection deviennent très difficiles à atteindre dans les grandes villes de 250 000 habitants et plus», indique Juliane Jalbert.
«Au cégep, j’étais inscrite en Sciences humaines et je n’aimais pas ça, se souvient Isabelle Tardif, qui savoure un premier congé de maternité après avoir accouché d’une petite fille. Un camion de pompiers est passé et des amis m’ont suggéré d’en faire mon métier. Je me suis dirigée vers l’Académie de Mirabel. Premiers soins, désincarcération, échelle, intervention incendie, chaque module comportait son défi et me passionnait.»
«Encore aujourd’hui, après huit ans comme pompière à Laval, je reste fascinée par la façon de gérer un incendie, ajoute-t-elle. L’officier te demande de faire une petite chose de rien du tout, puis tu te retournes et voilà que le feu est sous contrôle en même pas une minute. Tout le monde travaille ensemble. Tu vois que l’orchestre est accordé et efficace.»
Implication sociale
Juliane Jalbert est aussi l’un des quatre officiers élus par les membres de l’APL, ce qui pourrait bien témoigner d’un profond changement de mentalité dans un domaine encore largement occupé par des hommes.
«J’étais déjà déléguée pour la division Prévention, mentionne-t-elle. Au retour d’un congé de maternité, j’ai voulu m’impliquer plus loin pour espérer changer les choses. Par notre action, on s’arrange pour venir en aide à nos membres et à la communauté en général.»