Au conseil municipal du 10 mars, l’adjudication est passée comme une lettre à la poste, entérinée à l’unanimité des élus.
Il s’agit d’un contrat lié à des travaux de pavage, trottoirs, bordures et éclairage par distribution souterraine sur la rue John-Molson et la rue «A», à Chomedey.
Ironie du sort, deux semaines plus tôt, le 25 février, le comité exécutif appelait en renfort la firme d’avocats Dufour, Mottet et allongeait une nouvelle enveloppe de 170 000 $ dans la poursuite des procédures légales visant à récupérer des millions de dollars de fonds publics détournés sous le règne du maire déchu, Gilles Vaillancourt.
À la lumière des informations dévoilées à la commission Charbonneau, on scrute à la loupe les contrats, relevés de paiements et autres documents afférents, impliquant «les entreprises, firmes et individus qui ont participé à des manœuvres dolosives ou frauduleuses» entre le 1er janvier 1996 et le 30 septembre 2010.
Claude Desjardins
Toujours en poste, selon le Registre des entreprises, le secrétaire de la société Asphalte Desjardins, Claude Desjardins, était au nombre des 36 présumés complices de Gilles Vaillancourt à tomber dans les filets de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) lors de la célèbre rafle du 9 mai 2013.
Il fait face à des accusations de complot, corruption dans les affaires municipales, abus de confiance et fraude envers le gouvernement.
Sur la foi du témoignage de Roger Desbois, alors affecté par le parti de Gilles Vaillancourt à la collecte d’une ristourne de 2 % auprès des collusionnaires, Asphalte Desjardins était membre d’un cartel d’entreprises de la construction, qui sévissait à Laval. Avec la complicité de hauts fonctionnaires de la Ville et de l’ex-maire, ces sociétés truquaient les appels d’offres pour se partager plus de 80 % des contrats publics, apprenait-on.
Cela dit, vérification faite, Asphalte Desjardins ne figure pas au Registre des entreprises non admissibles aux contrats publics (RENA).
Malaise
Tout en se gardant de personnaliser le débat, le maire Marc Demers reconnaît un certain «malaise par rapport à la situation en général» qui prévaut lors d’un appel d’offre public.
À l’heure actuelle, dit-il, une administration municipale n’a d’autres choix que d’octroyer un contrat au plus bas soumissionnaire lorsque celui-ci répond aux exigences.
Incidemment, le Service du contentieux est à se pencher sur la question, termine le maire.