Le président de l’Assemblée nationale, Jacques Chagnon, est de ceux qui sont venus rendre un dernier hommage à l’homme politique Me Jean-Noël Lavoie au Mausolée Saint-Martin, le 27 avril.
Maire fondateur de Laval et ex-député libéral pendant 21 ans, Me Lavoie s’est éteint, le 17 mars, à l’âge de 85 ans, à Cannes, où il vivait avec son épouse Régine depuis plus d’une douzaine d’années.
Celle-ci s’est vue remettre des mains de M. Chagnon le drapeau du Québec, qui avait été mis en berne sur la tour principale de l’hôtel du Parlement, le 23 avril, pour marquer le décès de son conjoint.
Code Lavoie
Parmi les hauts faits d’armes de Me Lavoie, la réforme des règles et procédures du Parlement québécois qu’il a dirigée au début des années 1970, alors qu’il était président de l’Assemblée nationale, rappellent l’actuel député libéral de Chomedey, Guy Ouellette, et l’ex-député péquiste de Mille-Îles, Jean-Paul Champagne (1981-1985).
Le «Code Lavoie» et ses 180 articles permettaient de rompre avec les quelque 800 articles du code britannique, qui prévalait jusque-là, et de favoriser d’autant l’exercice démocratique en Chambre.
«Un type qui commandait le respect et qui faisait l’unanimité chez les parlementaires», soutient M. Champagne, soulignant au passage l’Amicale des anciens parlementaires du Québec que Jean-Noël Lavoie a fondé en 1992.
Leader et visionnaire
Ex-conseiller municipal, Robert Plante se souvient d’un «homme d’action et de parole».
«Quand il n’y avait plus de chaise, on s’assoyait à terre», dit-il en évoquant les assemblées de cuisine, que Me Lavoie tenait chez lui durant les campagnes de 1965 et de 1969. «C’était un leader», poursuit-il.
Jean-Jacque Lapierre, qui a quitté la vie politique en même temps que M. Plante en 2009, vante la ténacité de l’homme public. «Il fallait être entêté et résistant pour fusionner les 14 ex-municipalités», fait valoir M. Lapierre, en rappelant toute la controverse que suscitait la grande annexion de 1965.
À cet égard, l’ex-maire Gilles Vaillancourt, également présent à la cérémonie, a souligné «l’ambition, l’audace et le courage» dont a fait preuve le maire fondateur. «Il a gagné son pari, mais perdu le pouvoir. C’était un visionnaire», note M. Vaillancourt.
De fait, Me Jean-Noël Lavoie, qui fut maire de l’Abord-à-Plouffe, puis de Chomedey après une première fusion en 1961, n’aura été maire de Laval qu’à peine trois mois.
Aussitôt nommé premier magistrat le 16 août 1965, 10 jours après l’adoption de la Loi 63 qui sanctionnait l’annexion des 14 municipalités et villages de l’île Jésus, Me Lavoie était engagé dans une campagne électorale, qu’il perdra en novembre 1965 aux mains de son adversaire Jacques Tétreault.
Pour l’ex-président de la Société d’histoire et de généalogie de l’Île Jésus, Claude Lavoie, «l’œuvre principal de Jean-Noël Lavoie est d’avoir recréé la seigneurie de l’île Jésus dans son entité d’origine», telle qu’elle avait été concédée en 1636 aux Jésuites par la Compagnie des Cent Associés.
Au-delà de la politique
Conseiller municipal dans Laval-les-Îles, Jean-Jacques Beldié, qui l’a bien connu, le dépeint comme «une force de la nature», un homme qui s’est «donné corps et âme» à la vie publique.
Deux ans après avoir quitté la politique provinciale, Me Lavoie fonde, en 1983, la Maisonnée d’Oka, un centre pour toxicomanes dont il présidera aux destinées du conseil d’administration pendant 10 ans.
«Je l’ai connu dans sa plus grande sensibilité, témoigne Paulette Guinois, directrice générale de cet établissement de 1983 à 2009. Il était un grand humaniste.»
Son ancien secrétaire politique de 1954 à 1967 et grand ami depuis le Collège Saint-Laurent, Gérard Corbeil, se rappelle de lui comme d’«un bon vivant, qui aimait les arts, les sports et voyager»
En fin d’après-midi, le 27 avril, son petit-fils Guillaume a pris la parole pour rendre un vibrant hommage à son «papy», qui l’a décrit comme celui qui a «toujours été le pilier de la famille».
Tout juste avant lui, le maire de Laval, Alexandre Duplessis, a cité l’ex-premier ministre Robert Bourassa, qui disait de Me Lavoie qu’il «pourrait être un personnage sorti tout droit d’un roman écrit par Honoré de Balzac».
«Il était un homme d’honneur. M. Jean-Noël Lavoie a donné à Laval son âme».
Plus tôt en après-midi, sa fille Sophie avait confié cette coïncidence providentielle: le crématorium de la Ville de Cannes, où son père a été incinéré, a pignon sur Chemin de la Plaine de Laval.
«Laval, c’est ce qu’il y avait de plus important pour lui.»
Me Jean-Noël Lavoie laisse dans le deuil son épouse Régine Lheritier, ses enfants Martine et Sophie et ses petits-enfants Guillaume, Roch et Bénédicte.