Pandémie de la COVID-19 marquée par la crise des CHSLD et un surprenant boom économique, manifestations et débat autour des îles entourant la région, avenir politique du maire Marc Demers à l’orée d’une année électorale, 2020 aura fait passé les Lavalloises et Lavallois par toute la gamme des émotions.
(Voici un condensé radiophonique de la revue annuelle pour la région de Laval présentée le 29 décembre . Source: Radio-Canada ICI Première, émission Le 15-18)
CHSLD
En date du mercredi 30 décembre, 754 personnes sont décédées de la COVID-19 à Laval.
Le premier cas déclaré est connu le 19 mars.
Les 2 premiers décès sont annoncés 9 jours plus tard.
À ce moment, la première vague de la pandémie prend comme théâtre le CHSLD Sainte-Dorothée. Tout le Québec a les yeux braqués vers cet établissement dans l’ouest de la région.
Déjà, des préposés aux bénéficiaires, infirmières et autres membres du personnel de santé au CHSLD Sainte-Dorothée contactent le Courrier Laval; ils dénoncent la situation autant que la gestion.
En deux mois, ce sera l’hécatombe. Le CHSLD Sainte-Dorothée perd 100 résidents, morts du coronavirus, soit la moitié de sa clientèle.
Dans son rapport d’enquête rendu public fin septembre, Yves Benoit a relevé les manques déjà identifiés auprès de nous par les employés.
Problème de gouvernance: plus de cinq niveaux hiérarchiques séparaient le PDG du CISSS de Laval et le premier répondant gestionnaire du centre d’hébergement.
Gestion difficile du personnel: Au total, 601 employés différents ont travaillé dans l’établissement du 15 mars au 30 juin. 60% provenaient d’un milieu extérieur, que ce soit d’une agence, le programme «je contribue» ou en provenance d’un autre établissement du CISSS.
Il arrive qu’un simple rideau sépare une zone rouge d’une zone de dépistage, avec un seul préposé chargé de couvrir les deux zones.
Inefficacité des systèmes d’information: en début de crise sanitaire, toute la difficulté dans la gestion des mouvements du personnel provient notamment d’un système d’information dépassé.
La situation vécue à grande échelle au CHSLD Sainte-Dorothée, se répète également ailleurs sur l’île Jésus, à Fernand-Larocque, Idola-Saint-Jean et La Pinière.
Ce n’est qu’en avril, quand on apprend le chaos et de l’horreur vécus au CHSLD Herron, à Dorval, que les projecteurs du Québec délaisseront Laval pour l’île de Montréal.
BOOM PANDÉMIQUE
Il serait inconvenant en 2020 de passer sous silence l’incroyable boom économique qui se vit actuellement à Laval, malgré cette pandémie mondiale. 21 800 Lavallois de plus se trouvent en emploi qu’avant le début de la crise. (Information complémentaire: si le taux de chômage en hausse, cela s’explique parce que la population active a aussi connu un bond de plusieurs dizaines de milliers de citoyens durant l’année).
Dans son récent Survol des régions urbaines du Québec en 2020-2021, rappelons que le Mouvement Desjardins indique que Laval devrait afficher la meilleure croissance économique des régions du Grand Montréal, ainsi que la reprise la plus soutenue en 2021. Autre signal positif, les projections de l’Institut de la statistique du Québec veulent que Laval franchisse encore cette année le cap du milliard en investissement.
Fait plutôt incroyable, si les prévisions de l’ISQ se concrétisent, Laval fermera l’année 2020 avec sa troisième meilleure performance économique depuis 2012.
Pas étonnant que la Ville ait clôturé son année avec un surplus de 29 Millions $, qu’il s’est investi plus de 1,3 Milliards $ à Laval en 2019; et soulignons-le: cet élan prend surtout forme autour du futur centre-ville qui se construit à l’est comme à l’ouest de l’autoroute 15.
Côté EST: on a l’espace Montmorency, qui se dresse autour du Collège et de la station de métro du même nom, en y ajoutant l’amphithéâtre du Centre Bell, le pavillon de l’Université-de Montréal, et un développement immobilier soutenu.
Ce qui est le plus grand chantier privé de l’histoire lavalloise devrait être livré à l’été 2022. On parle d’un usage mixte commercial et résidentiel sur 1,3 millions de pieds carrés.
À terme, on estime que le projet devrait donner du travail à 3200 personnes.
Côté OUEST: on est à établir ce qu’on a baptisé le «Carré Laval », à l’arrière du palais de justice et autour de l’ancienne carrière Lagacé transformé en lac artificiel.
Faire de ce secteur le pivot d’un centre-ville dynamique était déjà le rêve du Dr Lucien Paiement, ancien maire de Laval, il y a 40 ans.
En février passé, le maire Marc Demers a fait l’annonce de ce qui sera le prochain grand chantier appelé la «Cité de l’innovation carboneutre à échelle humaine» en présence des ministres Fitzgibbon (Économie et Innovation) et Éric Girard (Finances).
LES ÎLES
Les Québécois ont tendance à oublier que le Carrefour Laval se trouve sur une île sertie de terres horticoles et agricoles encore bien vivantes.
On parle ici de 250 kilomètres carrés! Et cette île nommée jadis île Jésus: cette île est entourée de nombreuses îles devenus les symboles de la lutte environnementale pour la population.
L’une d’elle, l’île Gagnon, est connue pour avoir été le pied-à-terre d’une chanteuse québécoise quasi inconnue… du nom de Céline Dion!
Or en juin et juillet derniers, c’est pour une toute autre raison qu’elle a refait surface dans l’actualité.
L’île Gagnon, qui est collée au Parc de la Rivière-des-Mille-Îles, est au cœur d’un projet de développement immobilier de 800 Millions $. Le manoir habité par Céline et René Angélil pourrait être annexé à un complexe hôtelier et un centre de santé d’envergure.
Le projet impliquait aussi la construction d’un pont de 80 mètres de long donnant un 2e accès à l’île Gagnon par la route 117; ainsi que des boutiques, une salle de spectacle, des immeubles d’habitation de 12 étages pour revigorer ce mail commercial; le tout appelé «Place Sainte-Rose».
La population s’est mobilisée pour faire obstacle à ce qui se veut une revitalisation de ce secteur de Sainte-Rose qui a eu ses heures de gloire comme haut lieu de villégiature au 20e siècle. Leur objectif: en préserver le caractère naturel.
Des manifs ont été faites à pied et en canot. Soudainement, la célèbre phrase de Céline, «Take a Kayak», a pris un tout autre sens pour les Lavalloises et Lavallois.
Certes, la Ville va sonder la population lavalloise et prendre connaissance de cette résistance farouche.
Le vendredi 7 août, Laval va refuser les projets sous leur forme actuelle et retourner le promoteur à ses planches à dessin.
L’autre dossier insulaire retenant l’attention en 2020 reste celui de l’archipel Saint-François, soit les trois grandes îles situées tout à l’est sur la rivière des Mille îles: les îles aux Vaches, Saint-Pierre et Saint-Joseph.
Leur préservation demeure un enjeu électoral depuis 2008, chaque palier gouvernemental se renvoyant la balle à chaque suffrage.
Le 25 octobre, une avancée majeure est annoncée par la Ville de Laval, soit l’acquisition de deux des trois grandes îles: celles aux Vaches et Saint-Pierre, au coût de 22 Millions$.
Quant à l’île Saint-Joseph, son sort reste incertain. Toutefois, dans son édition du 11 janvier prochain, le Courrier Laval revient en Une avec cette histoire et d’importantes révélations. À suivre.
AVENIR MARC DEMERS
2021 sera une année électorale à Laval comme dans les autres municipalités du Québec. Et parlant du maire Marc Demers, on sait qu’il a été élu en 2013, puis réélu en 2017.
Il y a quelques semaines, ce dernier a confié au Courrier Laval n’avoir rien décidé quant à son avenir politique, à savoir s’il compte solliciter ou non un 3e mandat en novembre prochain.
Selon toute vraisemblance, il faudra attendre le printemps pour connaître la réponse. Pour le citer en tous mots: «Être maire de la ville de Laval, ce n’est pas un emploi, c’est un mode de vie».
M. Demers a précisé que si rien n’est exclu pour l’instant, son épouse sera partie prenante de la décision. Sachant qu’on lui a diagnostiqué un cancer de la prostate en pleine campagne électorale de 2017, il a réaffirmé que sa santé «va très bien», lui qui a subi succès une intervention il y a deux ans.
Parallèlement, on sait que le chef de l’opposition officielle, Michel Trottier, a été le premier à annoncer sa candidature à la mairie de Laval pour 2021.
Le 5 novembre dernier, c’était au tour de Sonia Baudelot, d’être nommée à la chefferie d’Action Laval, seconde opposition au conseil municipal, devenant du coup candidate en lice. Cette dernière avait terminé au quatrième rang des suffrages en 2017.