Devant le vide qu’a laissé la fermeture des salles de spectacle, la compagnie de théâtre lavalloise Harpagon a fait preuve de créativité en produisant la série théâtrale sur le web Virus et Versa.
Écrite par Claude Paiement, la pièce met en vedette Sylvain Marcel et Frédéric Desager, qui interprètent respectivement Virus et Versa.
Présenté en direct les vendredis soirs, le récit est fragmenté sous forme d’épisodes qui, sans avoir été planifiés, traduisent les différentes phases vécues collectivement depuis le début de la pandémie de la COVID-19.
«Au départ, on ne s’était pas fixé de paramètres ou de zones à explorer, soutient Claude Paiement, qui met également en scène la production. C’est plutôt un constat qui s’est construit pendant la création.»
Ainsi, l’histoire met de l’avant la rencontre improbable entre «la raison et le cœur» de l’auteur, personnifiés par Virus, un personnage froid et cérébral, et Versa, reconnu pour sa douceur et sa simplicité.
Nombreux défis
En plus du défi technologique, les comédiens ont rapidement constaté que le format auquel ils s’adonnaient limitait leur degré de jeu.
«Il a fallu garder l’essence des personnages et la théâtralité des textes», partage Frédéric Desager.
Ce jeu «minimaliste et intime», alors que le gros plan est à l’honneur, offre à l’auditoire un accès privilégié à une dimension du jeu qui est insaisissable dans une salle de théâtre.
«Les gens trouvent ça fascinant de tout voir, jusqu’au battement de sourcil de l’acteur, qui manifeste une insécurité», affirme Claude Paiement.
Cette nouvelle manière de jouer est d’ailleurs très stimulante pour ces hommes d’expérience.
«C’est une nouvelle façon de s’exprimer, de pratiquer notre métier, et ça m’allume complètement», confie Sylvain Marcel.
Éclater les frontières
Selon Frédéric Desager, les arts vivants ne seront plus jamais pareils après cette pandémie.
«[Ça] a vraiment mis un coup d’accélérateur sur les recherches et le développement de technologies à travers le monde», ajoute le comédien, en expliquant qu’en Angleterre, certaines personnes ont trouvé les moyens technologiques d’ajouter un public virtuel aux présentations en salles.
Claude Paiement trouve d’ailleurs «extraordinaire» le potentiel d’atteindre un auditoire à l’international.
«Certaines personnes nous écoutent de la Belgique et on a une fan au Gabon», indique l’auteur, en riant.
Tout en admettant qu’ils sont «en manque du public», les trois membres du conseil d’administration sont sans aucun doute enthousiasmés par cette «belle découverte» qu’est l’internet pour l’industrie du théâtre.