Aux portes du Colloque Urgence, préhospitalier et première ligne, le jeudi 19 octobre au matin, une quinzaine de répartiteurs médicaux d’urgence réclamaient une juste rémunération.
La manifestation s’est déroulée face au Château Royal, boulevard du Souvenir, à Chomedey.
André Ouimet est répartiteur médical d’urgence depuis 24 ans.
Depuis 24 ans, il écoute, conseille et accompagne sans relâche les citoyen.ne.s qui appellent le 911 affectés par un trouble médical au Centre de communication santé des Laurentides Lanaudière (CCSLL).
En tant que «premier premier répondant», il doit faire face à des situations laborieuses émotionnellement et psychologiquement, pour le bien de sa communauté.
De janvier à octobre, son compteur d’heures supplémentaires est passé de 0 à 500. Selon lui, cette situation n’est pas inhabituelle pour les répartiteurs médicaux d’urgence en raison de la pénurie de main-d’œuvre, entre autres engendrée par des conditions de travail qu’il juge médiocres et non-compétitives.
«On veut que les gens qui font ce métier soient payés à leur juste valeur, affirme André Ouimet, vice-président de la Fraternité des répartiteurs médicaux d’urgence Laurentides-Lanaudière. […] Actuellement, le répartiteur qui débute gagne 21$ de l’heure. 21$ de l’heure pour recevoir des appels de gens en détresse. 21$ de l’heure pour travailler jours, soirs, nuits, fins de semaine, congés fériés: nommez-les. On n’est pas compétitifs, pas attrayants, ce qui fait qu’on manque de personnel. Il n’est pas rare la nuit [qu’on] travaille à effectifs réduits. Ce n’est pas normal qu’une personne en détresse doit être mise en attente parce qu’il manque de répartiteurs et qu’on doit finir un appel pour en prendre un autre. Quand on sait que pour chaque minute perdue en réanimation cardiorespiratoire, on diminue de 10% les chances de survie, ce n’est pas normal.»
«Il faut que ça change. Tantôt vous allez faire le 911 et le message, ça va être »tous nos préposés sont occupés, gardez la ligne, votre appel est important ». C’est assez.»
–André Ouimet, répartiteur médical d’urgence.
Négociations
Le jeudi 19 octobre à 7h, André Ouimet était présent en compagnie d’une quinzaine de ses collèges afin de faire valoir les revendications des répartiteurs médicaux d’urgence (RMU) de la Fédération des employés du préhospitalier du Québec (FPHQ).
«L’ensemble des intervenants [qui participaient au Colloque] étaient attentifs à nos demandes et la plupart étaient d’accord avec ce qu’on revendiquait, raconte le résident de Saint-Eustache. Le problème, c’est que ça ne se rend pas au ministère. […] Le ministère ne veut pas comprendre. Il passe son temps à dire »moi, mon cadre financier me permet de donner 2% ». Je ne veux pas 2%. Je veux avoir un salaire respectable qui va faire en sorte que je vais être capable d’attirer des recrues et de les garder. Je veux avoir un salaire qui est concurrentiel et me permet d’aller chercher du monde. En ce moment, ceux qui sont sur place ne peuvent même pas avoir de congés parce qu’il n’y a pas personne pour les remplacer. Le système est malade et le ministère ne fait rien pour l’aider. C’est assez.»
Depuis décembre 2022, les répartiteurs médicaux d’urgence de plusieurs régions québécoises, incluant Laurentides-Lanaudière, sont en grève.
À Laval, la convention collective régissant le Syndicat des employé.es d’Urgences-santé–CSN a été adoptée le 30 mai, mettant ainsi fin à des négociations longues de plus de trois ans.