Les serveuses du Déjeuner au p’tit doré accueille avec joie Sara Hébert, autrice de Bijou de Banlieue.
«J’ai reçu ton livre pour Noël!», lance Danielle la propriétaire. «C’est moi qui lui ai acheté», renchérit Sophie.
Une cliente avait raconté à Sophie que le restaurant du boulevard de la Concorde était mentionné dans le livre d’une certaine Sara Hébert.
La serveuse n’avait pas fait le lien entre l’autrice de Bijou de Banlieue et la cliente qui venait manger à chaque semaine avec une de ses grands-mères.
Une fois assise avec un café dans son restaurant préféré, Sara Hébert aborde l’écriture de son tout premier livre, un travail de longue haleine.
«Ça m’a pris deux ans pour l’écrire. Les quatre derniers mois, c’est là que c’était le fun. Et au début quand je découpais les images. Mais ça m’a pris du temps trouver la structure».
Bijou de banlieue
«Pour moi une Bijou de banlieue, c’est la fille typique de la banlieue qui veut briller. Elle a son jogging Juicy Couture des années 2000», explique Sara Hébert.
Loin de se moquer de ce genre de personnage, l’autrice de 38 ans incarne Madame Bijou. Pleine de bienveillance, elle prodigue des conseils à la jeune Sara Hébert. Ses conseils peuvent s’appliquer à toutes les jeunes femmes, qu’elle soit de la banlieue ou non.
L’artiste multidisciplinaire offre de vrais conseils concernant la vie amoureuse, l’estime personnelle, la vie au travail et la vie tout court.
La collagiste a voulu produire une parodie de l’Encyclopédie de la femme canadienne de Michèle Tisseyre.
Son livre est justement un collage d’extrait de journaux intimes, de faux photos-romans, et d’affiches de style publicitaire.
Elle trouve ses images dans de vieux magazines laissés dans des sous-sols d’églises.
Sara Hébert plante son œuvre dans la banlieue. Elle aborde son enfance à Mirabel (Saint-Janvier) et ses années de jeune adulte dans Pont-Viau.
Sara Hébert mentionne des points de repère qui font sourire comme la Taverne Roger devenu feu Pink Paradise.
Elle nomme aussi ses friperies préférées comme Le Relais Communautaire de Laval et le Centre communautaire le Rendez-Vous des Ainé(e)s.
Sa relation avec la banlieue est complexe. «Jeune, je n’aimais pas ça. Surtout à Mirabel. Je suis tournée vers les autres, les autres cultures. J’étais toujours à Montréal. Laval, ça a changé, il y a beaucoup d’immigration aujourd’hui. Il y a aussi pleins de projets artistiques», décrit l’autrice.
Elle dresse la liste de ses repères qu’elle affectionne tout particulièrement.
«Le Gérard Patate et la crèmerie Crème Amis! Le Cocothon, on [son amoureux et elle] adore ça, depuis trois ans, on y va».
Pas tout rose
Bien que le rose pétant de la couverture laisse présager une lecture légère, Bijou de banlieue déstabilise.
L’autrice aborde son enfance complexe avec un père alcoolique et une mère monoparentale qui travaille fort pour peu d’argent.
Elle aborde aussi les problèmes de santé mentale de sa famille, ses ruptures et ses échecs personnels.
Elle s’ouvre aux lecteurs en racontant ses histoires toutes croches.
«Je me rends vulnérable et ça fait du bien [aux lecteurs]… je pense», ajoute l’autrice.
N’empêche, son récit est parsemé d’un humour qui allège le tout avec une grosse dose d’autodérision.
Sara Hébert crée ainsi un décalage entre les images de femmes des magazines des années 1950 à 1970, qui présentaient des femmes parfaites, et ce qu’elle leur fait dire.
La suite
Madame Bijou a encore des choses à réaliser. Elle pense avoir assez de conseils pour publier une suite à Bijou de Banlieue.
L’autrice aimerait aussi réaliser un documentaire sur les secrétaires. Une situation sociale qu’elle aborde sérieusement dans sa parodie d’encyclopédie.
Sara Hébert a pu publier son livre, entre autres, grâce au soutien financier aux actions issues de la Politique régionale en développement social en 2020.