Faire les choses à leur manière, être maître de leur agenda et de leurs finances, voilà les principaux moteurs qui ont poussé trois d’entre elles à quitter leur emploi pour tenter la grande aventure. Il s’agit de Brigitte Pelletier (présidente d’Intégrale), Brigitte Mercier (courtier immobilier agréé Groupe Sutton-Actuel) et Mireille Lepage-Cyr (présidente du Groupe RH Plus) qui ont dû trimer dur pour faire leur place au soleil. Également panéliste, Suzanne Bourdages (présidente d’Assurances Bourdages), malgré qu’elle ait hérité de l’entreprise familiale à l’âge de 27 ans, à la suite du décès de son père, n’a pas eu forcément un parcours plus facile. «J’ai élevé mes deux enfants dans mon bureau», signale celle qui était une jeune chef de famille monoparentale au moment d’assumer la succession.
Passant du jour au lendemain de secrétaire à propriétaire de l’entreprise, elle a eu à faire face aux préjugés, les femmes à la tête de cabinet d’assurance n’étant pas monnaie courante au début des années 1990, laisse entendre Suzanne Bourdages qui, depuis, s’est entourée d’une équipe qui lui ressemble, composée majoritairement de femmes, précise-t-elle.
Concessions
Également mères de famille, Mireille Lepage-Cyr et Brigitte Mercier ont, pour leur part, eu la chance de compter sur l’appui indéfectible de leur conjoint, ont-elles insisté.
«Nous avons vendu la grande maison pour une plus petite et retiré notre fille de l’école privée», a confié Mme Lepage-Cyr, rappelant le grand coup de barre qu’avait nécessité la réalisation de son rêve, dans la trentaine avancée.
Se lancer en affaires implique de la «négociation et des concessions», a fait valoir Brigitte Mercier, ajoutant qu’il faut être prêt à vivre «deux années de précarité». Celle-ci a attendu à la mi-quarantaine, alors que ses enfants étaient de jeunes adultes, pour donner vie au projet qu’elle caressait depuis plus d’une dizaine d’années.
Quant à Brigitte Pelletier, sans enfant, elle s’est lancée tôt. En dépit de ses 25 ans, elle possédait déjà une dizaine d’années d’expérience dans le domaine de la publicité et du marketing et toute l’assurance nécessaire pour tenter la grande aventure. «J’avais participé à l’implantation du cabinet-conseil pour lequel je travaillais et je désirais faire les choses à ma façon», explique celle qui n’était pas toujours d’équerre avec les méthodes employées par son patron. Privée de salaire la première année, ce qu’elle trouvera le plus difficile est l’isolement entre les quatre murs du sous-sol de sa résidence. «Après trois mois, il fallait que je sorte de la maison», ce qu’elle a fait en déménageant ses pénates dans un centre d’affaires, où elle partageait à deux un minuscule local de 300 pieds carrés.
Laisser sa trace
Dès le départ, Brigitte Pelletier savait que son statut de travailleur autonome ne serait que transitoire. «Je ne voulais pas juste me payer un salaire. Je voulais diriger des équipes, rallier et intégrer les talents, créer une culture d’entreprise», explique la présidente de la firme de communication Intégrale, souhaitant que son entreprise lui survive.
À l’inverse, Mireille Lepage-Cyr, travailleuse autonome, ne voit pas de relève pour le Groupe RH Plus, qui devrait disparaître le jour de sa retraite. Par contre, elle dit laisser son empreinte tous les jours dans les entreprises où elle agit à titre de «facilitatrice» en développement organisationnel et gestion des ressources humaines. «Mon modèle [d’affaires], je le transfert à ce niveau-là», mentionne celle qui préfère traiter avec une équipe satellite de sous-traitants que d’avoir à gérer une PME.
De son côté, Brigitte Mercier a décidé de convertir sa micro-entreprise en PME, le jour où elle a réalisé qu’elle ne pouvait pas tout faire, toute seule.
Près de 80 personnes ont assisté, début décembre, au colloque sur l’entrepreneuriat féminin organisé conjointement par le Centre local de développement (CLD) et la Conférence régionale des élus (CRÉ) de Laval.