Patrick Juanéda, directeur général de La Capitale Centre Coop, tire cette conclusion à la lumière du comportement du marché depuis un an. En comparant les chiffres de janvier à septembre 2007 et 2008 pour Sainte-Dorothée, on constate une augmentation de 11% du prix de transaction médian, qui passe de 247 500$ à 275 000$.
Pour l’ensemble du territoire lavallois, la croissance du prix de vente des propriétés ne franchit que la moitié de celle de l’ouest de l’île, en atteignant 6%.
L’augmentation du nombre d’inscriptions de maisons à vendre est sensiblement la même à la pointe ouest de l’île que dans le reste de la ville.
Là où Sainte-Dorothée et ses environs se distinguent, c’est au niveau du nombre de transactions. Alors que pour l’ensemble de l’île Jésus la baisse est de 2%, les contrats de vente signés ont diminué de 10% dans le secteur Sainte-Dorothée, entre 2007 et 2008.
Maisons cossues
Comment interpréter ce portrait statistique? «La baisse de transactions est plus marquée [à Sainte-Dorothée], mais la valeur a augmenté davantage que dans le reste du territoire», résume M. Juanéda.
Dans un marché en baisse, les propriétés cossues, nombreuses dans le secteur, se vendent moins vite. En conséquence, l’acheteur fait face à un choix plus grand. «Il n’y a pas une profusion de gens qui veulent acheter ce type de maisons. Mais ceux qui veulent sont prêts à payer le prix.»
La présence de la ligne de train de banlieue Deux-Montagnes/Montréal, rénovée à grands frais en 1996 par l’Agence métropolitaine de transport, est alors un élément clé, qui attire ces acheteurs dans l’ouest de Laval, où le roulement est plus lent, mais où les prix se maintiennent, voire augmentent. «On paie pour les services, dont le transport. Qu’on le veuille ou non, ça a un impact. On pourrait probablement observer la même chose près du métro», observe M. Juanéda.
Les propriétés de Sainte-Dorothée, tout comme celles de Deux-Montagnes, où «de petites maisons»se vendent à 200 000$, note-il, sont «assises» sur le train, comme sur une fondation solide, illustre le directeur.
Maison «raboutée» à 229 000$
Mario Létourneau, agent immobilier chez Remax, donne un exemple récent: un ancien chalet, «une maison raboutée», a trouvé preneur en deux semaines seulement, à l’île Bigras, au prix de l’inscription, soit 229 000$.
La transaction s’est conclue malgré une déclaration du propriétaire, relativement à des infiltrations d’eau au sous-sol. «La demande est fortement corrélée au train de banlieue. Il n’y a pas de raisons qu’on ne vende pas», conclut M. Létourneau.
Hormis le train, le mégacentre de Sainte-Dorothée a attiré beaucoup de monde, évalue-t-il. Les deux facteurs ont convaincu nombre de résidents de Pierrefonds, Roxboro et Kirkland, à «passer de l’autre côté» de la rivière des Prairies, où les maisons plus récentes sont, avec le train, à 10 minutes de Montréal.
La ligne la plus achalandée
Il ne faut pas s’étonner de l’effet de la ligne de train Deux-Montagnes/Montréal sur le marché immobilier de Sainte-Dorothée et ses environs. Depuis sa rénovation en 1996, elle est la plus achalandée du réseau.
Inaugurée en 1918 par la Canadian Northern Railways, la ligne Deux-Montagnes est dès lors la première au Canada à fonctionner à l’électricité.
Sa modernisation, effectuée entre 1992 et 1995, a coûté 300 M$. En 1996, le nouveau départ de la ligne, entièrement reconstruite, a marqué le début d’un âge d’or pour les propriétaires des maisons avoisinantes.
Entre 1996 et 2007, l’achalandage, en période de pointe du matin, aux gares Sainte-Dorothée et Île-Bigras, a augmenté de 112 %.
La ligne Deux-Montagnes/Montréal comprend 12 gares, huit stationnements incitatifs et 29,9 kilomètres de voie. On prévoit ajouter dix nouveaux départs sur cette ligne, en janvier 2009.