L’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) et le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ) fait appel à la vigilance concernant la prescription de benzodiazépines et hypnotiques.
Cette sortie a eu lieu au lendemain de la diffusion d’un reportage de l’émission Enquête de Radio-Canada sur la banalisation de ces deux médicaments dans la province.
Les deux groupes notent que la problématique n’est pas nouvelle, puisque la Food and Drug Administration (FDA) avait déjà émis un avertissement concernant l’usage à long terme des benzodiazépines.
«Aujourd’hui, ce sont des centaines de milliers de personnes au Québec qui utilisent fréquemment, et dans la durée, ces molécules, peut-on lire par communiqué. Le problème : l’usage à long terme, on parle ici de plus de 4 mois, peut induire une tolérance, une aggravation des symptômes initiaux et des risques de dépendances, risques reconnus par Santé Canada.»
On précise que si la dose n’est pas augmentée, les symptômes initiaux se réinstallent, ce qui entraîne la personne qui la consomme dans une spirale néfaste. Selon le reportage, de nombreuses prescriptions sont réalisées à l’extérieur des balises recommandées par la FDA.
Rappelons que ces molécules sont prescrites pour traiter l’anxiété ou les difficultés de sommeil.
Appel au changement
Pierre, l’un des interviewés dans le reportage de Radio-Canada ayant lui-même éprouvé des difficultés pour cesser la médication, appelait à un changement de pratique au moment de la prescription, du renouvellement de celle-ci et au comptoir des ordonnances.
Il propose un consentement éclairé par formulaire, un suivi documenté par tous les intervenants, de l’accompagnement au sevrage accessible à tous et des pharmacies offrant des doses fractionnés permettant un sevrage plus progressif.
L’AGIDD-SMQ et le RRASMQ sont en accord avec ces revendications.
«Pour consentir de manière libre et éclairée aux psychotropes, le droit à l’information est central et il s’agit d’une responsabilité partagée par tous les acteurs», précise François Winter, porte-parole de l’AGIDD-SMQ, par communiqué.
Cette même organisation offre d’ailleurs la formation L’autre côté de la pilule depuis 23 ans. Elle vise pour à mieux informer les personnes de la médication prise. De son côté, le RRASMQ a lancé un site web d’information et de témoignages à propos de la médication, du sevrage et des alternatives en 2022.
Les deux organisations complètent leur plaidoyer en rappelant que les groupes communautaires exercent une vigilance autour de la médication depuis plus de 40 ans et qu’elle n’est pas à négliger.
«Ill y a une responsabilité qui revient à l’État et la communauté, celle de s’assurer que des alternatives à la médication soient accessibles, que ce soit du soutien psychosocial, des aménagements à l’environnement de la personne ou des approches communautaires, de manière à soulager le mal-être autrement, sans mettre en péril la santé et l’équilibre», complète la co-coordonnatrice du RRASMQ Anne-Marie Boucher. (N.P.)