Dominique Germain et Alain St-Pierre, enseignants au Collège Montmorency, ont procédé, le 29 mai, au dévoilement d’un livre et court-métrage valorisant la présence masculine en éducation à l’enfance.
L’objectif de ceux qui sont aussi cofondateurs du Comité québécois pour la mixité en éducation à l’enfance est d’attirer les hommes vers ce métier, mais également de mettre fin au préjugé qu’il s’agisse d’un domaine réservé aux femmes.
«On fait souvent un exercice avec une série d’actions pour lesquelles on demande aux gens s’ils les associent plus à un éducateur ou une éducatrice, explique Alain St-Pierre. 90% du temps ce sont les mêmes réponses: consoler l’enfant, changer les couches, danser avec eux, ce sont des tâches associées aux femmes. Pour les hommes, c’est plutôt de faire bouger et participer aux activités salissantes.»
L’utilisation de termes d’emploi uniquement féminin constitue aussi un frein.
«Quand un jeune de 16-17 ans doit faire son choix au cégep, on parle toujours d’éducatrices à l’enfance, note Dominique Germain. S’ils n’ont pas vu un homme s’occuper d’enfants, ils ne pensent pas à cette option et se disent que la profession n’est pas pour eux.»
«Les hommes sont de plus en plus présents dans l’éducation de leurs propres enfants, poursuit Alain St-Pierre. Je trouve ça génial de voir cette évolution de notre société. Toutefois, on agit autrement quand c’est le temps d’en faire un métier.»
Court-métrage
Financé par le Réseau des cégeps et collèges francophone du Canada, le court-métrage présente ainsi les témoignages d’éducateurs à l’enfance d’un peu partout au Canada. Ceux-ci détaillent leur réalité et ce qu’ils préfèrent de leur emploi.
«Nous sommes allés chercher des images d’éducateurs un peu partout au pays qui représentent des héros pour certains enfants, précise Alain St-Pierre. Nous voulions sensibiliser tout le monde sur la présence masculine dans l’éducation à l’enfance.»
Le court-métrage est désormais disponible gratuitement en ligne sur le site www.mixite-hommes.ca/film. Il sera également présenté dans certaines écoles et les deux enseignants espèrent que cela pourra convaincre des jeunes hommes d’aller vers ce métier.
«Je crois qu’on va aller rejoindre ceux qui se posent des questions et qui se disent qu’ils aimeraient étudier là-dedans, mais qui peuvent se décourager pour toutes sortes de raisons», estime Dominique Germain.
Livre
Le livre pour enfant écrit par les deux hommes se nomme Victor au CPE Pommettes et Barbus: un centre de la petite enfance pas comme les autres.
«C’est l’histoire d’un petit garçon qui fréquente un CPE spécial, car il y a juste des hommes qui y travaillent, précise Dominique Germain. On comprend que c’est imaginaire. Le but est de montrer aux enfants qui n’ont jamais eu d’éducateur à l’enfance que ça se peut. Ça pourrait aussi leur donner envie de devenir éducateur plus tard.»
Le récit montre une journée passée dans ce CPE. Les éducateurs y réalisent toutes les tâches liées à ce rôle, que ce soit de changer les couches, consoler les enfants ou grimper dans les arbres avec eux.
En plus de la lecture, une activité invite les enfants à trouver un nœud papillon caché dans chacune des pages de l’ouvrage, rappelant la présence masculine dans ce milieu.
Quelque 5000 exemplaires seront distribués un peu partout au Québec par l’entremise de 13 cégeps, mais aussi en Ontario, au Manitoba et en Suisse. À Laval, le livre sera distribué dans l’ensemble des garderies et CPE.
Recrutement
Présentement, moins de 3% du personnel en éducation à l’enfance sont des hommes. La route vers la parité est encore longue, mais Dominique Germain et Alain Saint-Pierre espèrent voir ce pourcentage augmenter au fil des années.
Ils croient d’ailleurs que les hommes sont une partie de la solution pour la pénurie de main-d’œuvre qui affecte ce domaine.
«Quand je vois passer des offres d’emploi pour des éducatrices, je leur écris pour savoir si des éducateurs sont aussi recherchés, affirme Dominique Germain. Nous essayons d’intéresser les hommes au métier, mais les offres doivent suivre.»
«Ils font partie de la solution [contre la pénurie de main-d’œuvre], assure Alain St-Pierre. Quand on passe notre temps à dire qu’on cherche des éducatrices, c’est comme avoir la moitié de la solution. En ouvrant plus large, ça devient intéressant.»
Ils estiment que «chaque inscription de plus sera un pas dans la bonne direction».
Notons que ces deux projets ont été réalisés en collaboration avec la formation continue et la Direction des études du Collège Montmorency qui ont participé au lancement.