Le 7 novembre 2021, les Lavallois élisaient Stéphane Boyer à la mairie, lui accordant un premier mandat majoritaire en portant au pouvoir 14 de ses 21 candidats.
À mi-chemin d’un mandat de quatre ans, le Courrier Laval s’est entretenu avec le nouveau maire de Laval de même qu’avec le leader de chacun des deux groupes d’opposition afin de connaître le bilan qu’ils dressent de leurs réalisations.
Premier chantier
Chef du Mouvement lavallois et successeur de Marc Demers, le maire Stéphane Boyer n’est pas peu fier du chemin parcouru ces deux dernières années, lui qui dit se sentir «à sa place» à la mairie de la troisième ville en importance au Québec.
La «rigueur budgétaire» est le premier chantier auquel il s’est attaqué et le travail a porté fruit, soutient-il. «Dès que je suis entré en place, j’ai lancé le défi à l’administration de requestionner chacun des postes et de diversifier nos revenus […] Aujourd’hui, deux ans plus tard, je suis très content qu’on n’ait pas attendu», mentionne le maire en évoquant la crise inflationniste qui fait rage.
Il évalue à quelque 30 M$ les économies annuelles que généreront de façon récurrente une quinzaine de mesures identifiées à ce jour par les équipes. «Ça nous permet de continuer d’offrir de bons services aux citoyens, de s’assurer qu’ils en ont pour leur argent et de limiter aussi nos besoins de hausser les taxes», précise-t-il.
Subventions en forte hausse
Si Laval avait l’habitude de toucher bon an mal an autour de 30 M$ en subventions par année, l’administration municipale a déjà quadruplé ce montant au cours du présent exercice.
«On est bien meilleurs aujourd’hui à aller chercher l’aide du provincial et du fédéral pour financer nos services municipaux», fait valoir le maire en citant, entre autres, les enveloppes de 65 M$ pour le Plan climat et de 20 M$ pour la sécurité publique. Il aurait pu ajouter l’octroi de 44 M$ pour le projet d’infrastructure culturelle au centre-ville décrété par Québec l’été dernier, mais qui n’a toujours pas été officiellement annoncé.
Environnement
Au chapitre de l’environnement, Stéphane Boyer chiffre à plus de 8 millions de pieds carrés les acquisitions de boisés et de berges aux fins de protection pour un investissement totalisant plus de 40 M$.
En l’espace de deux ans, le territoire protégé par cadre réglementaire ou par régime de propriété est passé de 12 à 18 %, fait-il fièrement valoir.
Dans la même foulée, il souligne l’imposition de nouvelles taxes visant à faire prendre conscience aux citoyens et aux entreprises de leur impact sur l’environnement et à les encourager vers la transition écologique. L’exercice à l’effet de taxer le chauffage au mazout – tout en subventionnant la conversion au chauffage électrique – et les grandes surfaces de stationnement a contribué à faire de Laval une «pionnière» en matière d’écofiscalité, affirme M. Boyer qui, à la demande de l’UMQ au printemps dernier, avait accepté d’animer un atelier sur le sujet à l’occasion des Assises annuelles de cette organisation qui regroupe près de 400 municipalités.
Direction générale
En début d’année, l’administration Boyer a traversé une crise qui a ébranlé la haute fonction publique lavalloise. Le fait d’avoir eu à négocier à grands frais le départ du directeur général Jacques Ulysse représente-t-il la décision la plus difficile qu’il ait eu à prendre depuis son élection à la mairie?
«Ce n’était pas plaisant d’avoir à passer cette étape-là, mais aujourd’hui je suis bien heureux de la situation dans laquelle on est […] On sent vraiment une énergie extrêmement positive […] l’administration publique est à l’écoute et mobilisée plus que jamais.»
Action Laval
Du côté d’Action Laval, son chef et conseiller municipal dans Val-des-Arbres, Achille Cifelli, place au sommet des meilleurs coups de sa formation politique la mise sur pied d’une commission transpartisane chargée d’analyser le problème de la violence urbaine à Laval et de trouver des pistes de solution.
Il rappelle que la proposition de sa collègue de Chomedey, Aglaia Revelakis, avait rallié l’ensemble des élus en juillet 2022 et que la Commission accouchait d’un rapport de 50 pages moins d’un an plus tard.
«On a rencontré plusieurs organismes et spécialistes qui nous ont dit qu’idéalement, il fallait investir dans les infrastructures sportives et culturelles», note M. Cifelli, ajoutant que ce type d’investissement était au cœur des engagements d’Action Laval en 2021 pour tenir les jeunes loin de la délinquance et des gangs de rue.
Toujours dans la colonne des bons coups, il cite le leadership assumé par son groupe de cinq élus qui a notamment mené, dit-il, à l’adoption d’un règlement sur le droit de préemption, lequel confère à la Ville la priorité sur tout autre acheteur pour acquérir un terrain sur le marché à Laval.
Par ailleurs, M. Cifelli se félicite de l’entente intervenue au printemps 2022 avec le parti au pouvoir dans le dossier visant le redéveloppement du Vieux Pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul. Une collaboration initiée sous l’impulsion du conseiller du district, Paolo Galati, et du cabinet politique d’Action Laval, souligne son chef.
Comme autre apport digne de mention, Achille Cifelli fait valoir la pression exercée au printemps dernier au conseil municipal pour que Laval manifeste son intérêt d’être du projet pilote sur le vote électronique aux prochaines élections.
Enfin, l’élargissement des services d’interprètes pour les personnes sourdes pour toute la durée des assemblées du conseil de même qu’aux conférences de presse du maire et du directeur de police a aussi été relevé par le leader d’Action Laval.
Parti Laval
Soulignant d’emblée la «rigueur» avec laquelle son équipe scrute chacun des règlements soumis au conseil et questionne le parti au pouvoir, le chef intérimaire de Parti Laval, Claude Larochelle, revient sur quelques avis de proposition que sa formation a fait adopter, dont celui visant la mise en place d’un programme CSRM (capture, stérilisation, retour et maintien) pour les chats féraux.
Il est tout aussi fier de la création du Comité consultatif sur la langue française dans un contexte où l’usage du français est en déclin à Laval. Après avoir dressé l’état des lieux, ce comité qu’on est à former aura pour mandat de plancher sur un plan d’action municipal pour valoriser la langue et contrer notamment l’affichage unilingue anglais sur le territoire. «C’est important de s’assurer que notre ville puisse continuer à bien fonctionner dans la langue de Molière», indique M. Larochelle, qui rappelle «la terre d’accueil» qu’est Laval alors que près de 6 Lavallois sur 10 sont issus de l’immigration de première et deuxième génération.
En matière d’environnement, il salue l’intervention de sa collègue Louise Lortie , sans laquelle la subvention favorisant la plantation d’arbres à Laval serait demeurée à 75 $ par arbre. Adopté en septembre dernier, l’amendement rétroactif au 1er janvier remplace la subvention initiale par une remise de 75 % du coût d’achat jusqu’à concurrence de 200 $ par arbre.
En 2023, Parti Laval a fait de «la sécurité dans nos rues» son cheval de bataille. Claude Larochelle en veut pour preuve les quatre avis de proposition déposés au conseil, dont le dernier en lice sera débattu à la séance du mardi 7 novembre.
«Huit piétons ont été heurtés mortellement en 2022 et quatre autres cette année», déplore M. Larochelle, qui juge «urgent» pour la Ville de se doter d’un «plan directeur» pour assurer la protection des enfants, piétons, cyclistes et automobilistes. Ces trois premiers avis ont beau avoir été rejetés au moment du vote, il assure qu’il reviendra à la charge en cours de mandat.