Il est minuit moins une pour Raymond Lamothe, ce citoyen de Laval-des-Rapides qui demande au gouvernement provincial de construire sa Maison des aînés ailleurs que dans le Parc Armand-Frappier.
Dans une lettre adressée au premier ministre à la fin janvier, l’homme âgé de 80 ans réclame l’intervention de François Legault afin que soit préservé dans son intégralité le vaste parc riverain bordant le boulevard des Prairies, à l’ouest de l’autoroute 15.
M. Lamothe est celui qui, à l’été 2018, avait suggéré à la Ville d’en faire l’acquisition, ce qui fut fait en partie l’automne dernier.
On se rappellera que le 1er décembre 2020, le conseil municipal entérinait l’achat des deux tiers du terrain pour la somme de 7,2 M$. Quant à la partie restante, l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) l’a vendue au ministère de la Santé et des Services sociaux qui y annonçait aussitôt la construction de la première Maison des aînés à Laval.
En chantier sous peu
Au cabinet de la ministre responsable des aînés et des proches aidants, Marguerite Blais, l’attaché de presse, Jean-Charles Del Duchetto, précise que «l’étape de l’appel de propositions est complétée» et que «le début des travaux se fera selon l’échéancier de la proposition retenue, fort probablement au courant du mois d’avril 2021».
Évalué au coût de 52 M$, le complexe abritera huit bâtiments climatisés de 12 places chacun, totalisant 96 chambres individuelles.
Argumentaire
«Je vous demande, monsieur le premier ministre, d’abandonner l’idée d’implanter cette première Maison des aînés à Laval sur le site du Parc Armand-Frappier et de vous entendre avec la Ville de Laval sur le choix d’un site plus approprié et mieux intégré au tissu urbain, écrit M. Lamothe. C’est le meilleur [legs] que vous puissiez faire à la population actuelle et surtout aux futures générations.»
Ce terrain de 4,2 hectares avec fenêtre sur la rivière des Prairies est d’autant plus stratégique qu’il se trouve à distance de marche du centre-ville.
«La décision de votre gouvernement […] privera toute une population du dernier grand espace riverain et le seul qui soit connecté au centre-ville par un corridor de verdure», fait-il valoir.
À ce propos, Raymond Lamothe évoque les résidences pour aînés avoisinantes et la forte densité de population qui atteint par endroit 160 logements par hectare.
«Ironiquement, l’établissement de la Maison des aînés sur le site proposé […] réduira l’expérience nature de milliers d’aînés qui se rendront aux abords de la rivière des Prairies.»
SNAP en appui
Les revendications de cet octogénaire engagé ont trouvé écho auprès de la Société pour la nature et les parcs du Canada.
Le directeur de la section Québec, Alain Branchaud, rappelle que «les accès publics à l’eau sont rarissimes dans la grande région de Montréal» et qu’en ce sens, «il faut les protéger, les mettre en valeur et les rendre accessible au plus grand nombre».
Il ajoute que depuis la pandémie, les espaces verts et milieux naturels sont devenus des endroits plus recherchés et fréquentés que jamais et leur impact sur la qualité de vie en matière de santé physique et mentale est indéniable.
«Qu’en temps de COVID, un aîné du Québec se lève debout et se batte, ça mérite que les autorités publiques se penchent sur sa demande et examinent d’autres avenues», termine celui qui voit en cet homme de 80 ans «un beau symbole d’implication citoyenne pour les générations futures».