C’est ce qu’on pourra lire prochainement sur une publicité diffusée en français, anglais, espagnol et arabe, notamment dans les trois métros lavallois, autobus de la STL et journaux de différentes langues.
Lancée le 10 novembre par trois maisons d’aide et d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, cette vaste campagne choc vise à prévenir et endiguer la violence psychologique dans un couple, celle-ci étant bien souvent invisible, et faire connaître les ressources offertes dans la région.
La Maison L’Esther, la Maison de Lina, et la Maison Le Prélude veulent que leur message rejoigne également la population lavalloise issue de différentes communautés culturelles, d’où la campagne quadrilingue.
Difficile à reconnaître
La violence psychologique est la forme de violence la plus sournoise et la plus difficile à reconnaître, même pour les victimes, explique Maude Bélanger, agente de planification de programmation et de recherche à l’Agence de la santé et des services sociaux (ASSS) de Laval.
«Elles en viennent à être confuses dans leurs sentiments, à douter d’elles-mêmes, de ce qu’elles vivent, à se croire folles. Souvent dénigrées, critiquées, blâmées, elles finissent souvent par croire qu’elles sont responsables de la situation. Elles se sentent impuissantes, incompétentes.»
Elle rappelle qu’aucune femme n’est à l’abri, peu importe son contexte socio-économique, son éducation ou ses origines.
L’histoire d’Ursula
Lors du lancement de la campagne de sensibilisation, un émouvant témoignage a été entendu, celui d’Ursula, une femme qui est passée par les maisons d’hébergement lavalloises.
«J’étais manipulée et moulée selon ses exigences, a-t-elle confié à un auditoire de près d’une trentaine de personnes. Je n’osais pas sortir de ce moule, par peur de me faire reprocher d’être imparfaite, incompétente, ignorante. Il fallait que je sois d’accord avec tout ce qu’il disait et faisait, sinon je me faisais traiter de têtue et de folle.»
Son ancien conjoint la contrôlait par enregistrement. Elle était obligée de prendre des photos des lieux où elle se trouvait en guise de preuves. Avec tout ce contrôle, elle avait comme réflexe de se justifier constamment. Habitée par la terreur, elle avait pourtant toujours un sourire aux lèvres.
«J’étais obligée de passer le téléphone à l’amie avec qui je dînais, témoigne-t-elle. Je devais rentrer avec toutes les factures payées en main, non seulement pour surveiller les achats, mais aussi l’heure à laquelle j’avais quitté le commerce. Mes mouvements étaient surveillés par GPS. Je ne pouvais pas payer en argent comptant, car il ne pouvait pas contrôler mes achats.»
Après plusieurs années de violence, de pardon, de lune de miel et de continuité de ce cycle perfide, elle a décidé d’aller rechercher de l’aide en hébergement, accompagnée de ses enfants. Les intervenantes lui ont fait comprendre qu’elle n’avait plus à justifier ses actes auprès des autres.
Aujourd’hui, Ursula sent un vent de liberté dans sa vie et recommence à vivre selon ses propres aspirations.
#AgressionNonDénoncée
Cette campagne tombe à point avec le mouvement né il y a quelques jours, #AgressionNonDénoncée, qui a fait émerger massivement des témoignages souvent gardés sous silence de victimes d’agressions sexuelles. Il met aussi en lumière l’impunité des agresseurs et le sexisme ambiant.
Pascale Bouchard, directrice de la Maison Le Prélude, pense que c’est avec plusieurs messages qu’on réussit à mobiliser la population contre la violence faite aux femmes.
«Je pense que toutes les manifestations sur la place publique sont positives, que ce soit de dire que la violence existe et que beaucoup trop de femmes en sont victimes, en plus de parler de tout le poids de la honte et de la culpabilité qui entoure ces agressions-là.»
Mme Bouchard a rappelé que les premières ressources pour femmes victimes de violence conjugale remontent à environ 35 ans. Il aura fallu attendre jusqu’en 1995 pour que la première politique gouvernementale québécoise en matière de violence conjugale apparaisse.
Notons que cette campagne a été financée par l’Agence de santé et services sociaux (ASSS) de Laval, à l’échelle d’un peu plus de 30 000 $. Cet argent est injecté principalement dans la publicité.
Information: www.facebook.com/vousnetespasfolle
Ressources d’aide et d’hébergement:
Maison de l’Esther: 450-963-6161
Maison Le Prélude: 450-682-3050
Maison de Lina: 450-962-8085