Plus de 70% des Québécois sont défavorables au fait que la famille d’une personne défunte puisse avoir le dernier mot sur le don d’organes de cette dernière.
Pour la Semaine nationale du don d’organes et de tissus, Transplant Québec a questionné les Québécois sur le pouvoir des proches quant au don d’organes d’un défunt.
Près de 80% d’entre eux jugent qu’un proche ou membre de la famille ne devrait pas aller à l’encontre des volontés de la personne décédée qui s’est inscrite à l’un des deux registres de donneurs ou qui a signé sa carte d’assurance maladie.
Bien que la majorité des Québécois (92%) se disent favorables au don d’organes, le taux de refus des familles demeure encore élevé.
La famille d’une personne n’ayant pas indiqué sa volonté est plus portée à refuser le don.
Réalité plus complexe
Les équipes médicales, bien qu’elles reconnaissent la volonté exprimée à l’avance par un donneur, vont tout de même discuter avec les proches du donneur, notamment du consentement du don d’organes, avant d’enclencher le processus.
«Nous ne pouvons cependant être insensibles à la douleur des proches qui sont déstabilisés émotivement par le décès inattendu d’un être cher et qui doivent assimiler une somme considérable d’informations dans un délai relativement court», reconnaît Louis Beaulieu, directeur général de Transplant Québec.
Ce dernier ajoute également qu’il peut être difficile pour les familles de se prononcer sur un sujet n’ayant jamais été abordé par le défunt.
«Les réactions devant la souffrance peuvent être imprévisibles et différentes parmi les membres d’une même famille, atteste le Dr Matthew Weiss, directeur médical des dons d’organes chez Transplant Québec. Il devient donc difficile pour les cliniciens impliqués dans le processus de don d’organes de ne pas tenir compte du refus des proches de reconnaître les volontés clairement exprimées par le défunt.»
La situation n’est pas exclusive au Québec puisque même dans les juridictions où le consentement prévaut, notamment l’Espagne et la France, les professionnels ne s’opposeront pas au refus d’une famille endeuillée.
Or le refus des familles au don constitue la principale cause de perte de donneurs d’organes potentiels dans le monde.
«Transplant Québec est d’avis qu’une consultation publique permettrait aux diverses voix du Québec de déterminer ensemble ce qu’un «oui» officiellement exprimé veut vraiment dire dans ces moments critiques où le don d’organes est possible», de conclure Louis Beaulieu.
(J.B.)