La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) qui regroupe 97 000 petites et moyennes entreprises (PME) au pays dans tous les secteurs d’activité, est inquiète des impacts des nouvelles mesures en matière d’immigration de la CAQ.
Le premier ministre du Québec, François Legault, la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette, et le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, ont annoncé un seuil d’immigration à 64 000 immigrants permanents en 2024.
Le gouvernement prévoit permettre à un maximum de 51 500 immigrants réguliers (immigration économique, familiale et les réfugiés), 6500 étudiants étrangers du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) et 5400 à 6000 gens d’affaires de s’installer au Québec.
Connaissance du français
Québec imposera de nouvelles exigences en français aux immigrants temporaires. Pour ceux qui voudront renouveler leur permis de travail au-delà de trois ans devront avoir un niveau débutant en français, soit un niveau 4 à l’oral. Cette mesure ne vise pas les immigrants dans le secteur agricole.
Les PME freinées par les pénuries de main-d’œuvre sont inquiètes des impacts de ces mesures. Malgré l’augmentation du nombre d’immigrants grâce à l’exclusion des étudiants francophones du PEQ du calcul, pour les deux prochaines années, cela reste bien en deçà des besoins de main-d’œuvre des PME, selon la Fédération.
Elle regrette aussi la décision du gouvernement de remettre l’augmentation des seuils à une consultation dans deux ans et elle aurait aimé voir une place plus importante accordée à la régionalisation de l’immigration.
Elle souligne les avantages de la réforme des programmes de sélection des travailleurs qualifiés qui répondront davantage aux besoins du marché du travail et de la connaissance du français.
Toutefois la FCEI est déçue que le gouvernement n’ait pas donné suite à un assouplissement des connaissances liées au français, notamment pour les programmes des gens d’affaires. Elle est très préoccupée par les possibles impacts que les nouvelles contraintes sur la connaissance du français auront sur les PME, notamment dans le recrutement.
Selon les données de la Fédération, une majorité de PME mentionnent que les coûts associés aux cours de francisation sont difficiles à assumer.
La FCEI félicite le gouvernement pour l’exemption des travailleurs agricoles de cette contrainte. Elle l’invite à faire de même pour les autres secteurs qui ont besoin de l’aide de plusieurs employés étrangers comme le domaine de l’hébergement, de la restauration, ainsi que pour la fabrication.
Selon la Fédération, la moitié des PME qui vivent les conséquences de la pénurie de main d’œuvre se disent à risque si cela persiste, voire s’aggrave au cours des prochaines années. Pour seulement couvrir le cinquième des postes à pourvoir, La FCEI avance qu’il y a un déficit annuel de 18 000 immigrants dans les régions.
La FCEI comprend l’importance de protéger le français, mais est inquiète de l’impact de cette décision sur les PME. Selon elle, la voie empruntée devrait être la voie incitative en francisation et la création d‘une passerelle pour la résidence permanente pour ces personnes, et non pas de leur bloquer la voie après trois ans. Cela va créer une problématique supplémentaire pour les chefs de PME en situation de pénurie de main-d’œuvre, comparativement à leurs homologues des autres provinces.
(M.D./IJL)