En ouverture et tout au long de la soirée, le maire Marc Demers a tenté tant bien que mal de rassurer des citoyens manifestement inquiets quant à la perte de valeur de leur propriété.
«Nous sommes tous déterminés à défendre les intérêts des Lavallois et confiants de corriger la situation», a-t-il martelé au fil des échanges, tout en soutenant que la cartographie révisée par Québec ne colle pas du tout à la réalité sur le terrain.
«On n’investirait pas 500 000 $ dans la démarche si on n’y croyait pas», a ajouté le nouveau maire. Ce montant, prévu au budget 2014, permettra de compléter des études scientifiques en cours pour prouver les prétentions de la Ville et ainsi forcer la main au gouvernement.
Si tout va bien, Marc Demers croit que le dossier pourrait connaître son dénouement final dans les six prochains mois. D’ici là, il a rappelé que son administration n’a d’autre choix que d’adopter une série de projets de concordance pour se conformer au décret.
Impacts
Le Service de l’évaluation a mis sur pied une vigie immobilière dans la zone vingtenaire nouvellement décrétée par le ministère de l’Environnement, a mentionné son directeur, Louis Roy.
Selon lui, les immeubles construits en zone de grand courant d’une plaine inondable ne posent pas réellement problème, puisque c’est «un risque que le marché immobilier accepte», dit-il en s’appuyant sur l’activité immobilière passée.
Une opinion qui n’a pas fait l’unanimité auprès de ceux dont la propriété vient de glisser de la zone centenaire à la zone 0-20 ans.
Un citoyen, qui s’apprête à emménager dans une nouvelle demeure, a notamment indiqué avoir perdu son acheteur à la suite du décret.
«Les banquiers resserrent les règles de prêt quand il s’agit de financer une propriété en zone inondable», l’a relancé un autre.
Pour un couple de Sainte-Rose, l’entrée en vigueur des cotes de crues de 2005 réduit à néant le projet de se faire construire la maison de ses rêves en bordure de la rivière des Mille Îles. Depuis la révision des cotes d’inondation, le terrain acquis au coût de 160 000 $ n’est plus constructible.
Furieux, Sylvain Daoust a exhorté les citoyens à faire front commun avec la Ville pour faire reculer le Ministère.
«J’ai distribué 1100 lettres de l’autoroute 13 jusqu’à Laval-Ouest. Ç’a pas de bon sens. On va se mobiliser», a-t-il vociféré.
Peu de réponses
Malgré la présence et les interventions de représentants de la direction générale et des services de l’évaluation et de l’urbanisme, plusieurs questions sont restées sans réponse.
Entre autres, on n’a pas été en mesure de se prononcer sur la validité d’un certificat de localisation délivré, l’an dernier, pour une propriété qui, depuis, est passée à une zone de crue à récurrence vingtenaire.
S’il est possible d’entretenir et de rénover des bâtiments existants en zone 0-20 ans, sous certaines conditions, on ne pouvait toutefois dire à un propriétaire de Laval-Ouest s’il est autorisé à installer une fondation àun ancien chalet bâti sur pilotis.
Enfin, dans l’éventualité où Québec resterait sur ses positions, il était trop tôt pour dire si Laval prévoyait offrir aux citoyens affectés des programmes d’indemnisation, question de limiter leurs pertes financières.
Comme il était difficile, en assemblée publique, de répondre à des questions très ciblées, la Ville avait pris soin de mobiliser du personnel au département de l’urbanisme du 1333, boul. Chomedey. En cours de soirée, une vingtaine de citoyens se sont prévalus de ce privilège.
Rappelons que le 28 juin dernier, un décret ministériel imposait à Ville de Laval le respect des cotes de crues 2005, déterminées par le Centre d’expertise hydrique du Québec pour les rivières des Mille Îles et des Prairies. Jusque-là, Laval avait toujours résisté aux pressions du gouvernement supérieur, refusant d’intégrer à son schéma d’aménagement la cartographie révisée il y a huit ans, sous prétexte qu’elle était injustifiée.