La Semaine lavalloise des aînés s’est terminée par une conférence du Pharmachien le 7 octobre devant une salle comble au Centre communautaire de Lausanne.
Face à un auditoire à la fois attentif et curieux (plusieurs questions ont fusé), Olivier Bernard a livré une présentation interactive pour démêler «le vrai, le moins vrai et le n’importe quoi» en matière de santé et de médication naturelle ou autre.
Le pharmacien dénonce ce qu’il perçoit comme des mythes dans la culture populaire et explique comment on peut prendre soin de sa santé sans se faire embobiner par le marketing douteux, aspect central de son discours.
Le personnage du Pharmachien se place dans une position parfois inconfortable du fait de son scepticisme envers certaines médications populaires.
Prescriptions faciles
Il met en garde contre l’utilisation inadéquate, sinon abusive, des médicaments reconnus (sous prescription) par les géants pharmaceutiques, particulièrement chez les personnes âgées.
Il s’insurge aussi contre des médecins trop nombreux à avoir la prescription facile face à des patients, pas plus brillants, qui préfèrent prendre un comprimé pour contrôler le cholestérol, dont il reconnaît la grande efficacité, plutôt que de contrôler le problème à sa source, dans l’alimentation.
Concernant la médication sous forme de produits naturels, spécialement les vitamines et cures de désintoxication, le conférencier se montre encore plus cynique à cause de leur mise en marché parsemée de demi-vérités sinon de mensonges «en pleine face».
Suppléments inutiles?
Son principal argument est le suivant: à condition d’adopter un mode de vie sain et une alimentation équilibrée, on n’aura jamais besoin de suppléments vitaminiques ou de «cure».
Il affirme que ces derniers ne sont justifiables que pour certains problèmes de santé spécifiques et relativement rares, par exemple du fer dans le cas d’une anémie.
Olivier ne nie pas que les plantes (en «produits naturels») ont un effet. Par exemple le millepertuis serait si efficace contre la dépression que les fabricants d’antidépresseurs préviennent de ne pas l’utiliser en même temps que leurs médicaments.
Le problème principal des produits naturels, selon le Pharmachien et plusieurs scientifiques, est qu’on n’a aucune garantie sur leur contenu en plantes médicinales, ou carrément s’ils en contiennent.
Système immunitaire
L’autre cible du Pharmachien est la publicité entourant le «renforcement du système immunitaire» qui exploite sans vergogne (et sans fondements scientifiques) ce terme devenu extrêmement populaire chez la population en général, en créant un besoin qui n’existe pas.
À écouter le conférencier, on ne peut pas faire grand-chose pour renforcer ce mécanisme de défense.
Bien sûr, il met de l’avant des recherches scientifiques pour appuyer son propos, mais comme une recherche en vaut une autre à nos yeux, il devient difficile d’y voir clair.
On peut aussi comprendre que son discours négatif sur les suppléments lui a valu des répliques hostiles de leurs défenseurs et notamment des représentants de cette industrie multimilliardaire.
Deuxième avis
Tout ceci n’est pas rassurant pour les aînés comme les plus jeunes. Il semble que la meilleure façon de se faire une idée est encore d’obtenir au moins un deuxième avis, une seconde source d’information, à propos des médicaments tant «naturels qu’officiels».
L’avis du Pharmachien peut être l’une de ces sources, mais il sera utile de la confronter avec d’autres opinions. Le meilleur truc restera toujours de s’informer suffisamment en ne croyant pas n’importe quoi du premier coup.
Olivier Bernard (B.Pharm, M.Sc) exerce sa profession depuis 2004 en milieu communautaire et comme remplaçant. En 2015, il a été récipiendaire du Prix Innovation de l’Ordre des Pharmaciens du Québec pour l’aspect innovateur de son travail et son impact sur le mieux-être de la population. En 2018, il a reçu le Prix Coup de Coeur de l’Association pour la Santé Publique du Québec. Depuis 2016, il co-produit, scénarise et anime la série documentaire télé Les Aventures du Pharmachien sur ICI Explora et Radio-Canada.