L’administration Demers tient le gouvernement libéral et la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) responsable de l’échec de la négociation qui visait l’acquisition des trois grandes îles.
Dans un communiqué publié le 22 juin, la Municipalité informe que ses deux partenaires «ont refusé de contribuer à parts égales avec la Ville de Laval l’acquisition des îles aux Vaches et Saint-Pierre, selon un montage financier d’une valeur de 21 M$ convenu avec le propriétaire».
Le «hic» est que cette entente de principe négociée par la Ville, l’été dernier, impliquait le budget total maximal annoncé par Québec, au printemps 2016, pour l’ensemble des trois îles, incluant l’île Saint-Joseph.
«Comme il était financièrement impossible d’acquérir les trois [îles], nous avons réussi à obtenir une entente pour deux, soit 82 % de la superficie totale [de l’archipel Saint-François] que nous aurions vouée à des fins de conservation, déclare le maire Demers. Le refus du gouvernement signe pour nous la fin de ce dossier pour l’instant.»
Lettre du ministre Coiteux
Dans une lettre datée du 13 juin adressée au maire Marc Demers, dont le Courrier Laval a obtenu copie, le ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMOT), Martin Coiteux, rappelle que «l’aide financière tripartite de 21 M$ prévue à l’entente initiale demeure disponible pour contribuer à la protection de ce milieu naturel, et ce, pour les trois grandes îles de la rivière des Mille-Îles».
Le ministre y souligne qu’en vertu du Programme d’aide financière pour les projets contribuant à la mise en place de la Trame verte et bleue, il est prévu de recourir à une évaluation de la juste valeur marchande par un évaluateur agréé reconnu par la CMM.
Ainsi, en janvier dernier, la firme EY, mandatée par la Communauté métropolitaine de Montréal, a établi la juste valeur des îles aux Vaches et Saint-Pierre à 11,5 M$.
Le ministre Coiteux poursuit: «Dès lors, une aide financière de près de 7,7 M$ (3,8 M$ de la CMM et 3,8 M$ du MAMOT) a été réservée pour l’acquisition de deux des îles, à savoir l’île Saint-Pierre et aux Vaches, ce qui correspond aux deux tiers de la juste valeur marchande déterminée par EY dans le cadre du mandat qui lui a été confié.»
Entente à l’eau
Dans son communiqué, la Municipalité indique que «la CMM ne reconnaît pas les travaux rigoureux menés par la Ville de Laval qui établissent la juste valeur marchande des [deux] îles à 21 M$. Avec un montage financier de 11,5 M$, il devient impossible de conclure une entente avec le propriétaire des îles aux Vaches et Saint-Pierre, un écart de 10 M$ entre ce qui est offert et ce qui est demandé.»
En mai dernier, la Ville a fait un ultime appel au gouvernement afin qu’il comble le manque à gagner, sans succès.
Par voie de communiqué, le chef de l’opposition officielle, Michel Trottier, a vivement réagi, reprochant au maire Demers de s’être commis sans avoir consulté au préalable ses partenaires.
«C’est une démonstration supplémentaire du manque de leadership du maire de Laval. Je trouve dommage que les citoyens lavallois écopent encore d’une négociation bâclée.»
Pas de surprise
Rappelons qu’en entrevue au Courrier Laval le 20 avril, la ministre régionale, Francine Charbonneau, avait affirmé que l’entente de principe négociée par la Ville demeurait conditionnelle à l’acceptation des deux autres partenaires financiers.
Elle avait également insisté pour dire que les 7 M$ que le gouvernement, la CMM et Laval allongeaient chacun devaient servir à financer non pas l’acquisition de deux, mais bien des trois îles de l’archipel Saint-François.
«La Ville fait la négociation et la CMM porte un jugement sur le deal. Si elle le trouve bon, elle allonge le chèque, sinon on retourne faire nos devoirs», avait-elle tranché.
Quant au maire Demers, il assure que la Ville fera «des représentations aux partis politiques dans le cadre de la prochaine campagne électorale provinciale».