La campagne qui s’achève aura été l’occasion de sensibiliser les cinq formations politiques en lice aux enjeux de société liés aux logements privés et à l’habitation communautaire.
Sous l’impulsion de la Table régionale des organismes communautaires autonomes en logement de Laval (TROCALL), ces candidats à la mairie alors réunis lors d’une récente discussion sur la plateforme Zoom étaient invités à exposer leur vision du logement social et communautaire et à présenter leur plan d’action pour améliorer les conditions d’occupation des locataires lavallois.
10 000 mal-logés
Selon le dernier recensement disponible, on estimait en 2016 à quelque 10 000 ménages lavallois aux prises avec des besoins impérieux en matière de logement. On parle ici, entre autres, de logements insalubres nécessitant des travaux de réparations majeurs, de taille insuffisante pour le nombre d’occupants et trop chers pour les revenus dont disposent les locataires.
Cette année, par exemple, le taux de disponibilité pour les logements de 3 chambres à coucher et plus s’établit à 0,7 %, illustre Chantal Dubé, porte-parole de l’événement en entrevue au Courrier Laval. C’est quatre fois en-deçà du seuil d’équilibre fixé à 3 %.
«Les gens ont besoin de changer de logement, mais ne trouvent rien à leur budget», déplore-t-elle.
Il y a 5 ans, on recensait 13 490 ménages qui consacraient plus de 30 % de leurs revenus bruts pour se loger. Pour plus de la moitié d‘entre eux, le loyer bouffait plus de 50 % de leurs revenus.
Pour mettre le tout en perspective, Mme Dubé signale que Laval ne disposait en 2019 que de 4113 logements sociaux et abordables, soit des habitations à loyer modique (HLM), coopératives (COOP) d’habitation et organismes sans but lucratif (OSBL) d’habitation.
Et avec la surchauffe immobilière, la situation n’a fait que s’aggraver ces dernières années, ne manque pas de souligner celle qui agit à titre de conseillère en logement auprès de l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de Laval.
«L’enjeu du logement social touche maintenant la classe moyenne qui n’est même plus capable de se loger», enchaîne Mme Dubé en évoquant les nouveaux logements hors de prix qui poussent comme des champignons.
Thème abordés
Pour en revenir à la discussion à laquelle prenait part les aspirants maires, les thématiques et questions retenues étaient réparties en ces trois blocs distincts: l’offre inadéquate du marché locatif privé, les besoins spécifiques des mal-logés et les contraintes au développement de projets d’habitation communautaire sur le territoire de l’île Jésus.
Les membres de la TROCALL voulaient notamment connaître leur position sur la façon d’améliorer le Code du logement en matière de salubrité, mais aussi évaluer leur détermination à accélérer le développement d’habitations communautaires et leur volonté à dégager un financement adéquat et récurrent à la réserve foncière. À cet égard, les acteurs du milieu communautaire jugent «nettement insuffisante» la part du budget municipal dédiée à l’acquisition de terrains afin de les soustraire à la spéculation immobilière et ainsi favoriser la mise en chantier de projets de logement abordable.
Satisfaite
Dans un communiqué post-événement, la Table régionale se réjouit du fait que les candidats à la mairie aient tous «reconnu qu’une part importante de la solution passe par un soutien accru au développement de projets d’habitation communautaire et abordable».
Ce qui importe pour le milieu communautaire et les mal-logés, c’est que la problématique du logement soit reconnue comme une priorité et que «les élus démontrent maintenant leur bonne foi par des actions réelles et coordonnées».
Chantal Dubé termine en déclarant que le regroupement «se réjouit donc de voir les partis politiques se commettre sur les enjeux qui nous préoccupent. Cela fait 15 ans, cette année, que la TROCALL veille au grain. Nous resterons toutefois vigilants pour que les engagements pris aujourd’hui se concrétisent après le 7 novembre … ».
On peut visionner la discussion découpée en segments sur la page Facebook de la TROCALL.