Pour le vice-président du comité exécutif responsable du développement économique, Stéphane Boyer, la crise socio-sanitaire qui a plongé l’économie dans un coma artificiel tout le printemps annonce des lendemains pour le moins stimulant.
À l’occasion d’un forum virtuel organisé le 9 juillet par la Chambre de commerce et d’industrie de Laval (CCIL), M. Boyer a fait valoir les nombreuses opportunités dont il fallait se saisir en cette sortie de crise sans précédent.
«Le moule est brisé», a-t-il dit, suggérant d’en refaire un qui soit plus représentatif du nouveau millénaire, ce à quoi la Ville s’emploiera avec ses partenaires économiques et institutionnels au fil des prochains mois, voire prochaines années. Un plan de 20 M$ vient d’ailleurs d’être déposé en ce sens au conseil municipal.
Exemples
Rappelant les misères que les entreprises ont subies en termes d’approvisionnement en raison de la fermeture des frontières, M. Boyer a insisté sur l’importance de revoir nos chaînes et réseaux d’approvisionnement en priorisant une économie circulaire à l’échelle locale.
Il a cité, en exemple, le projet Symbiose industrielle, un modèle d’affaires initié par la CCIL permettant de faire des déchets d’une usine la matière première d’une entreprise voisine et de réduire d’autant leur empreinte écologique. «C’est le genre de projets qu’on veut mettre en place.»
Il a aussi évoqué le <@Ri>Livestreaming<@$p> comme moyen innovant pour redynamiser le commerce de détail, un poids lourd de l’activité économique régionale, et ainsi préserver des milliers d’emplois à Laval.
Cette nouvelle tendance en émergence repose sur un écosystème numérique combinant la diffusion en direct sur Internet de vidéos, mettant en scène célébrités et influenceurs, et la vente en ligne.
Chantiers
Le maire Marc Demers a réaffirmé pour sa part l’engagement de son administration à investir dans de grands chantiers pour relancer l’économie, identifiant notamment la Grande bibliothèque, le complexe aquatique et l’ usine de biométhanisation, laquelle nécessitera des investissements de l’ordre de 200 M$.
Tout juste avant lui, le ministre des Finances, Éric Girard, avait confié avoir «en tête» deux projets d’infrastructures pour la région dont il est le ministre responsable.
Il a nommé la grande «bibliothèque dans le secteur d’Espace Montmorency» et «les voies réservées sur l’autoroute 15 vers le nord» pour les autobus, le covoiturage et les voitures électriques.
Formation
La formation et le développement de la main-d’œuvre sera aussi au cœur de la relance, a mentionné le ministre, rappelant qu’on est passé en l’espace de quelques mois du plein-emploi à un taux de chômage de 17 %.
Les établissements d’enseignement supérieur devront adapter leur offre de cours pour les milliers de travailleurs qui ne retrouveront pas leur emploi, a-t-il mentionné en identifiant les secteurs du tourisme, commerce de détail, restauration et de la culture.
Un discours qui rejoint celui défendu par les deux panélistes Henri-Paul Rousseau, ex-président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, professeur aux HEC et chercheur au CIRANO, et Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec.
Le «capital humain» est le premier chantier dans lequel investir, soutient M. Rousseau.
«Le nerf de la guerre, c’est nos cerveaux», de renchérir M. Quirion pour qui le développement d’une main-d’œuvre qualifiée, la recherche et l’innovation ne font qu’un.
Au-delà de la pandémie qui aura fait disparaître bien des emplois, les changements technologiques et la robotisation forcera les travailleurs à se requalifier, de rappeler Henri-Paul Rousseau.
Passage obligé
Pour l’ex-patron de la Caisse, l’écologie et les technologies numériques sont indissociables.
«La numérisation de notre économie est un passage obligé pour reprendre le contrôle de l’écologie, affirme-t-il. Pour moi, la priorité de l’éducation, c’est de faire en sorte que nos travailleurs soient maîtres de la technologie. On s’en va vers un monde numérique.»
Par ailleurs, il précise que seule la traçabilité fournit l’information aux consommateurs désireux de connaître l’empreinte écologique des produits qu’ils consomment.
«L’infrastructure la plus importante pour l’avenir, c’est l’infrastructure numérique; la pierre angulaire, c’est la capacité de former le monde à distance», affirme-t-il.