«Laval est devenue l’étalon absolu de la corruption municipale au Québec, de confier Guillaume Lagarde, qui réside à Sainte-Thérèse. Ç’aurait pu se passer nulle part et partout, mais il était difficile de faire autrement. L’important est de savoir que ça n’attaque aucunement les Lavallois. Au contraire, on montre ce qui se passait derrière les portes closes et que la population ignorait. C’est sidérant de voir comment ces gens volaient l’argent des citoyens à leur profit.»
Nombreuses allusions
L’auteur a d’ailleurs tenu à nommer les habitants des «Lavaliens» pour bien marquer la fiction. N’empêche, durant une heure et demie, les clins d’œil ne manquent guère aux 22 ans et des poussières qu’a passés l’ex-maire Vaillancourt à l’hôtel de ville.
«Je fais allusion à des enregistrements, notamment quand il a révélé le secret de son succès en disant ne pas s’entourer de prix Nobel, continue celui qui avait écrit Les champs pétrolifères il y a quelques années. Également, j’avais été surpris de voir que cet homme au langage châtié en public sacrait cinq fois en deux phrases.»
En plus des viaducs qui tombent, un autre passage s’avère significatif. Quand le nouveau maire de Laval, Roméo Urbain, fait face à la grogne populaire, il détaille à son conseiller tout ce qui devrait faire la fierté des citoyens: Colossus, ligne d’Hydro-Québec, centres d’achat, bars de danseuses et concessionnaires automobiles.
«Ce politicien prend fierté de tout ce qu’il y a de plus laid dans sa banlieue, ajoute Guillaume Lagarde. Il ne se soucie aucunement d’urbanisme et de la beauté des lieux.»
Hommage à Jarry
L’histoire de Révolution à Laval se résume à une mise en scène absurde et caricaturale de l’abus de pouvoir et des jeux de coulisse de la farce politique. L’épouse de Roméo Urbain (Marc Béland), maire de Mascouche, l’encourage à mettre sur pied un complot pour tuer Marc Veilleux (Jacques L’Heureux), maire de Laval, pour diriger une municipalité plus grande.
D’aucuns disaient de Gilles Vaillancourt qu’il régnait sur sa ville comme un monarque en son royaume. Quand le scandale a éclaté à l’automne 2012, Guillaume Lagarde y a vu l’occasion de revisiter un de ses grands coups de cœur, le chef d’œuvre du théâtre surréaliste Ubu Roi, signé Alfred Jarry.
«Ma pièce est une grosse comédie pure, de dire l’auteur, qui s’est aussi inspiré de maires tels Rob Ford, Pierre Bourque et Richard Marcotte. À l’image d’Ubu, le maire est inculte, grossier, stupide et couard.»
Dispositif scénique frappant
La mise en scène est assurée par Sébastien Dodge. Complétée par Philippe Boutin, Kathleen Fortin et Myriam Fournier, la distribution évolue dans des costumes et un décor d’un rouge éclatant. Comme la révolution. Comme une mare de sang.
«Également comme un certain parti politique qui nage en eaux troubles actuellement, de continuer Guillaume Lagarde, qui rêve de tournée et d’une représentation en sol lavallois. Seul le personnage de révolutionnaire est vêtu de blanc.»
Le Théâtre PÀP présente «Révolution à Laval», texte de Guillaume Lagarde, mise en scène de Sébastien Dodge, jusqu’au 16 avril, à 20h, à l’Espace GO (4890, boulevard Saint-Laurent), à Montréal. Information: 514 845-4890.