Julie Christie, une femme qui a vécu près de 30 ans avec un implant mammaire sans savoir qu’il était la cause de ses maux de santé, veut que toutes les femmes qui envisagent une opération soient au courant des risques.
Dans un petit café proche du métro Montmorency, Julie raconte son histoire. À l’aube de la cinquantaine, cette femme a dû se faire enlever son implant il y a un an. «Mes symptômes ont disparu à 90%, même si j’ai encore un appareil auditif, un trouble de la thyroïde et des problèmes gastro-intestinaux sérieux.»
La Lavalloise pense avoir été victime de la «maladie des implants mammaires». Cette maladie tarde à être reconnue officiellement par la communauté médicale, mais retient l’attention depuis quelque temps.
«C’est un sujet très complexe, mécompris par la communauté médicale, explique docteure Lu-Jean Feng, pionnière dans les techniques de retrait d’implants. Il n’y a pas encore suffisamment d’études qui ont été faites pour prouver que ce phénomène est bien réel. Personnellement, je ne pratique pas l’augmentation mammaire parce que j’ai découvert que les femmes développent des réactions aux implants, comme s’il s’agissait d’un corps étranger.»
Implants dangereux
Julie a vécu 30 ans avec un implant retiré du marché canadien en 1991. L’implant MÊME, de la compagnie Bristol Myers Squibb, était un implant texturé en polyuréthane industriel en silicone. L’entreprise a dû le retirer du marché puisqu’il se décomposait dans le corps. Il coulait même sans fissure.
«Je me demande pourquoi je n’ai jamais reçu un avis de Santé Canada concernant mon implant, si mes chirurgies ont été faites à l’hôpital et payées par la Régie de l’Assurance maladie du Québec (RAMQ)», avoue Julie.
Julie s’est fait opérer à l’âge de 17 ans pour corriger une asymétrie de ses seins. Lors de la chirurgie, son médecin lui a indiqué que son implant était bon à vie et qu’il n’y avait aucun risque de maladie.
«J’ai eu des complications dès la première intervention, raconte-t-elle. Ma cicatrice n’a jamais fermé. Elle coulait et j’avais mal. Puis, on m’a opéré à nouveau neuf mois plus tard. La chirurgienne a remis une nouvelle prothèse de la même compagnie et m’a dit que je pouvais tout faire comme allaiter ou faire du sport.»
Pendant des années, Julie a souffert d’une soixantaine de symptômes: trouble du sommeil, perte de l’ouïe, douleurs articulaires, fatigue chronique, signes de dépression, problèmes de la glande thyroïde, troubles gastro-intestinaux, etc.
«Ma vie était une montagne russe avec des hauts et des bas, explique-t-elle. Durant l’année, je pouvais me sentir bien et quelques mois après, je pouvais être complètement malade et alitée.»
Explantation réussie
Julie est allée aux États-Unis se faire retirer son implant parce qu’elle voulait s’assurer que le médecin l’enlève avec la capsule s’y rattachant (une capsulectomie totale).
«Je veux que toutes les femmes qui veulent se faire enlever des implants sachent qu’il y a un protocole très précis pour bien se faire explanter, explique-t-elle. Il est important que la procédure se fasse correctement en retirant toutes les capsules et le liquide s’il y a lieu ainsi que les vieilles cicatrices.»
Aujourd’hui, Julie semble en forme. Selon elle, sa récupération a été rendue possible grâce au travail de Dre Feng, une chirurgienne plastique de l’Ohio qui a enlevé la prothèse et tous les petits résidus de silicone qui s’étaient répandus dans sa poitrine depuis sa première intervention faite en 1988.
«Si le but est que les symptômes disparaissent chez la patiente, il y a une bonne et mauvaise manière d’enlever les implants et la capsule, commente Dre Feng. À partir du moment que la capsule est imbibée par le silicone, il est indispensable de tout enlever.»
Julie Christie aimerait maintenant que le gouvernement oblige tous les chirurgiens à informer davantage les femmes sur les risques de maladie reliés aux implants.
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