Le diable est dans les détails et le statut des deux grandes îles acquises l’automne dernier par l’administration Demers en est un parfait exemple.
Sauvons nos trois grandes îles (STGI), qui milite depuis 12 ans pour la protection intégrale de l’archipel Saint-François, s’inquiète pour la «conservation pérenne» des îles aux Vaches et Saint-Pierre.
(Vidéo gracieuseté – Ville de Laval)
Lettre au maire
Dans une lettre ouverte adressée le mois dernier au maire Marc Demers, l’organisme demande de clarifier la nouvelle vocation des îles conformément au Décret gouvernemental adopté le 25 mars 2020 et à la Convention de subvention approuvée cinq jour plus tard. La contribution de 7 M$ versée par Québec l’était «à des fins de conservation», rappelle la présidente Huguette Larochelle.
Confusion
La confusion et l’inquiétude soulevées par STGI originent d’une publication parue en page 16 du dernier bulletin municipal Vivre à Laval.
«Le titre même de l’article Acquisition et protection des îles aux Vaches et Saint-Pierre crée la perception que les îles ont été acquises à des fins de ‘‘protection’’», souligne l’organisme dans sa missive. Or, dans le jargon administratif précise-t-il, le terme «protection» n’est pas utilisé dans le sens qu’on l’entend couramment, mais plutôt dans le sens technique propre à l’urbanisme.
En clair, au Schéma d’aménagement et de développement révisé (SAD-R) de Laval, ce type d’affectation autorise l’usage habitation dans le cadre d’un plan d’aménagement d’ensemble (PAE) conditionnel à une consultation publique et à l’approbation référendaire.
Le Service des communications et du marketing de la Ville aurait «refusé de modifier le texte», soutenant que les informations étaient «exactes et justes», souligne l’organisme de pression.
«Cette information conduit à une compréhension trompeuse de la vocation de ces îles, estime le groupe de Mme Larochelle. N’y aurait-il pas lieu de l’éclaircir et de donner l’heure juste aux citoyens?»
Zéro développement
Au cabinet du maire, on l’affirme d’emblée: «La protection de nos grandes îles est une priorité. Notre administration ne fera jamais de développement immobilier sur ces îles.»
Dans un échange de courriels, le porte-parole Alexandre Banville ajoute: «Pour nous, la meilleure façon de les protéger, c’était définitivement de les acheter. C’est la raison pour laquelle nous l’avons fait.»
Requêtes
Afin d’éviter toute ambiguïté sur les usages permis sur les îles aux Vaches et Saint-Pierre, Sauvons nos trois grandes îles demande aux autorités municipales de les «inscrire dès que possible dans l’affectation Conservation au Schéma d’aménagement».
Ce à quoi le cabinet répond que la Ville est à «revoir l’ensemble de [ses] règlements d’urbanisme», ce qui «permettra de préciser les modalités de protection des îles».
«Il n’est pas exclu que nous changions éventuellement l’affectation au Schéma d’aménagement», enchaîne-t-on.
Par ailleurs, STGI réclame de l’administration Demers qu’elle envoie rapidement à Québec «une demande d’intégration de ces deux îles au Refuge faunique de la rivière des Mille-Îles dans le but d’augmenter la superficie des aires protégées sur le territoire de Laval, et conséquemment, de la Communauté métropolitaine de Montréal ainsi que de la province».
Si la Ville n’écarte pas cette option, l’administration municipale «tiendra d’abord une consultation publique afin d’entendre les citoyens sur le sujet», fait valoir M. Banville.
Enfin, l’organisme, qui rêve d’un parc de conservation, souhaite d’abord et avant tout que l’on adopte et mette en œuvre «des mesures juridiques et administratives qui assureront la pérennité des caractéristiques écologiques» des îles aux Vaches et Saint-Pierre afin de «les conserver à jamais».