Un groupe d’agriculteurs s’est mobilisé pour remettre en culture une terre agricole de Sainte-Dorothée laissée en friche depuis plusieurs années, dans l’intention d’y semer de l’orge brassicole.
Un scénario qu’on pourrait voir se répéter avec l’adoption par la Ville de Laval d’une redevance visant les terres zonées agricoles appartenant à des spéculateurs fonciers.
Pressés par l’orage qui menaçait de tomber, le mardi 9 juillet, Donald Beaulieu et son équipe s’affairaient à vider des sacs de semences d’orge brassicole dans leur machinerie.
«On veut semer aujourd’hui parce qu’il va pleuvoir cette semaine, disait l’agriculteur, propriétaire des Agneaux de Laval, situé un peu plus loin sur la rue principale. On a besoin de 100 jours pour la production d’orge. On sème début juillet, donc, on va récolter fin septembre-début octobre. L’orge servira à faire de la bière et la paille sera récupérée pour mes moutons.»
Avec Luc Fortin, du Domaine Brune Houblonde, qui produit du houblon dans l’ouest de Laval, ils ont entrepris l’an dernier de revaloriser cette terre de 900 000 pieds carré, située en bordure de la rue Principale, qu’ils louent à bas coût.
Un an plus tard, ils sont prêts à semer.
Bel avantage
Grâce au projet de règlement adopté ce même mardi 9 juillet par la Ville de Laval, et imposant une redevance aux propriétaires de terres zonées agricoles laissées en friche, ce genre de scénario pourrait se multiplier, pensent les producteurs.
«Ça devient très avantageux de remettre une terre en culture pour les spéculateurs fonciers qui ont acheté en pensant revendre plus tard. Si le propriétaire loue sa terre à des agriculteurs comme nous, il se fait rembourser 70% de ses taxes municipales pour le terrain par le MAPAQ, en plus d’éviter la redevance de la Ville. De notre côté, on loue la terre à bas prix et en échange, on l’entretient et on la cultive. C’est gagnant pour le propriétaire, c’est gagnant pour les agriculteurs, qui ont accès à plus de surface cultivable sans devoir investir dans des terres hors de prix, et c’est gagnant pour la Ville de Laval, qui a plus de culture locale», dit Luc Fortin.
Des coûts et du temps
Réhabiliter une terre en friche est un projet de longue haleine, continue de raconter Luc Fortin.
«Le propriétaire, qui voulait remettre le champs en culture, a fait venir une pépine qui a arraché les petits arbres qui avaient poussé, puis il a tout enterré. Quand on veut construire une maison et mettre du gazon par-dessus, c’est bien, mais quand on veut cultiver un champ, ça ne marche pas. Le terrain ne se drainait pas. Il se faisait un lac au centre. L’été dernier, je me suis embourbé. Ça m’a pris quatre jours sortir de là!» se remémore-t-il.
Toutefois, ils n’ont pas abandonné. Le propriétaire a fait revenir la pépine, qui a refait une pente pour drainer le terrain et faire s’écouler l’eau.
Au début du printemps, Donald Beaulieu est venu travailler la terre. Au bout d’une heure, son tracteur a roulé sur une barre de fer, ce qui a arraché le radiateur et la transmission. Résultat: une facture de 4500$.
«Il y a beaucoup de travail… Mon fils Guillaume a ramassé des roches, barres de fer, rimes, briques, qui traînaient dans le champs, soit des tonnes et des tonnes de stock. Une terre que tu ne cultives pas pendant plusieurs années, ce n’est pas magique. La première année, elle ne sera pas à son plus beau. Cet automne, je vais labourer. On va ressortir d’autres roches, d’autres détritus», confie Donald Beaulieu.
À la fin de l’été, Luc Fortin, qui cultive déjà d’autres parcelles d’orge brassicole dans l’ouest de Laval, viendra récolter l’orge brassicole avec sa moissonneuse batteuse. Son objectif? Produire toujours plus de bière 100% lavalloise.