Un organisme lavallois nouvellement formé invite les citoyens dérangés par le bruit des avions de contester leur évaluation foncière, dans un effort pour que la Ville prenne position dans le dossier.
Le regroupement créé en mars, nommé les Sentinelles de l’Air de Laval, a dans son comité exécutif quatre membres, dont l’ancien directeur principal des Pollués de Montréal-Trudeau, Raymond Prince.
Son partenaire Paul-Yanic Laquerre et lui-même ont vu la valeur de leur propriété grimper de 11,5 % et 9 % lors de la dernière évaluation. «Je n’arriverai jamais à vendre ma maison dans ces conditions, explique M. Prince. Cela devrait au moins freiner l’augmentation.»
Parmi les motifs valables de contestation, le site Web municipal indique les nuisances environnantes, dont le bruit. «Notre maire devrait défendre les citoyens dont la qualité de vie est diminuée», ajoute le résident d’Auteuil.
«J’ai quitté Ahuntsic pour fuir le bruit des avions. Si j’avais su, je ne me serais pas installé à Laval.»
–Raymond Prince, cofondateur des Sentinelles de l’Air de Laval
Les Lavallois qui désirent déposer une demande de révision de la valeur attribuée à leur propriété doivent le faire d’ici le mardi 30 avril.
Rejoint la veille de la tombée, le cabinet du maire a jugé n’avoir pas suffisamment de temps pour répondre adéquatement aux questions.
Fréquence et intensité
Lors d’une journée d’août 2017, M. Laquerre, couché dans la cour de sa propriété de Vimont, jure avoir vu plus de 80 avions défiler dans le ciel.
«J’ai mesuré des volumes atteignant 75 décibels (dB), soutient pour sa part Chris Isaac, cofondateur de l’organisme. Même ce matin, j’en ai entendu un à 6h15.»
Les quartiers les plus touchés par le passage d’avion sont Vimont, Auteuil, Chomedey, Duvernay et Sainte-Dorothée.
Légal
Selon le site Web de la Ville, «l’intensité du bruit mesurée dans les limites d’un terrain servant en tout ou en partie à l’habitation ne doit pas excéder 55 dB», et ce, entre 7h et 21h. Cependant, les «véhicules routiers, ferroviaires, aéronautiques ou nautiques» sont des exceptions reconnues. Il n’y a donc pas d’infraction.
«Tout de même, on fait attention aux chiens, systèmes de son et même les autoroutes avec des murs anti-bruit, lance M. Isaac. Pourquoi ne fait-on pas la même chose avec le transport aérien?»
Solutions
Les Sentinelles de l’Air de Laval proposent de contourner la ville ou passer au-dessus de l’autoroute 25, dans des quartiers moins denses.
«Lorsque les corridors aériens ont été créés, Laval n’était pas aussi développée, ajoute M. Laquerre. En 1960, il n’y avait pas d’autoroute 440. Aujourd’hui, il faudrait tenir compte des quartiers habités.»
Une autre méthode d’atterrissage, l’approche en descente continue, permettrait également une réduction du bruit. Il s’agit d’ailleurs de l’une des 16 recommandations émises par le Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités (TRAN), après une motion déposée par le député d’Alfred-Pellan, Angelo Iacono.
«J’ai d’ailleurs eu l’opportunité d’inviter des citoyens d’Alfred-Pellan à témoigner, de préciser celui-ci dans un échange de courriels. Grâce à leurs interventions et soumissions, le comité a pu formuler des recommandations visant à réduire les effets du bruit des avions sur nos communautés tout en assurant la sûreté et l’efficience du transport aérien.»
La création d’un ombudsman indépendant pour les plaintes de bruit et le développement d’équipement anti-bruit sont également proposés.