Le mardi 21 novembre, le Front commun a marqué l’histoire en déclenchant une grève de trois jours impliquant 570 000 travailleurs dans la province, dont plus de 17 000 dans la région de Laval.
Le jeudi 23 novembre, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui comprend le Syndicat de l’enseignement de la région de Laval (SERL), a suivi le mouvement en enclenchant une grève générale illimitée (GGI).
En cette date historique, plus de 20 000 travailleurs lavallois étaient en grève et militaient pour leurs conditions de travail.
Négociations
En santé et services sociaux comme en éducation, le choix de grève n’a pas été pris à la légère.
Les syndicats sont en instance de négociations depuis plus d’un an.
Le secteur de l’éducation souffre à Laval. Les enseignant.e.s tombent, se découragent et démissionnent en grand nombre. En santé et services sociaux, ce n’est guère mieux. Bref, la grogne s’élève de plus en plus au sein de la fonction publique.
Selon le Front commun, depuis la grève du 6 novembre, aucun mouvement significatif n’aurait été fait de la part du gouvernement aux tables de négociation.
«Je pense que le gouvernement veut tester la force du Front commun, avance Natacha Pelchat, représentante syndicale de l’APTS à Laval. Diviser pour mieux régner, ç’a souvent été sa façon de fonctionner. Je pense qu’il veut voir jusqu’où les membres sont prêts à aller.»
Actions
En santé et services sociaux, 16 piquets de grève ont eu lieu du 21 au 23 novembre. Les travailleurs se sont rassemblés sur les sites régionaux principaux, notamment devant l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé.
«[Sonia LeBel] dit qu’il n’y a pas de mouvement syndical, mais je pense qu’elle le voit derrière nous, ça, c’est un mouvement syndical, a déclaré fièrement Nathalie Bourque, présidente de CSN Laval, en faisant référence aux militants sur le terrain lors d’une manifestation de plus de 250 travailleurs devant l’Hôpital lavallois, le mercredi 22 novembre. La réponse est claire: c’est non. […] Les offres ne sont pas suffisantes, ce que vous dites c’est n’importe quoi et les conditions de travail, on le dit depuis le début, c’est aussi important que le salaire.»
En éducation, le personnel de soutien scolaire a mené des actions de piquetage devant chaque école du secteur. Cette mesure est reprise par les enseignant.e.s depuis le vendredi 24 novembre.
Les membres du syndicat des cols bleus du Centre de services scolaires de Laval (CSSL) ont manifesté devant les bureaux de Revenu Québec pendant les trois jours.
Le mercredi 22 novembre, 4 syndicats ont marché dans les rues de Laval jusqu’aux bureaux de Revenu Québec. Environ 750 personnes ont participé à l’événement.
Le jeudi 23 novembre avait lieu la Grande marche pour les profs et l’école publique organisée par la FAE, à Montréal. Plus de 1000 enseignant.e.s de Laval y étaient inscrits.
Impacts
Du 21 au 23 novembre, tous les services en santé et services sociaux ont été touchés par la grève, excepté les services essentiels, comme l’urgence et les soins intensifs.
Des ralentissements de services se sont certainement fait ressentir, mais les représentants syndicaux sont formels: personne n’a été mis en danger.
Depuis le mardi 21 novembre, les écoles lavalloises sont fermées en raison de la grève, et ce, pour une durée indéterminée. Il en est de même pour les services de garde.
«Est-ce que [la GGI] va durer longtemps? interroge André Arsenault, président du SERL. La réponse à ça, c’est le gouvernement qui l’a. C’est à lui de répondre. Qu’est-ce que le gouvernement va faire pour répondre?»
Avenir
Le jeudi 23 novembre, François Legault s’est adressé aux médias: «Il faut absolument avoir plus de flexibilité dans nos conventions collectives. En échange de cette flexibilité, on est prêts à bonifier notre offre.»
À la suite de cette déclaration, le premier ministre a donné deux exemples afin d’illustrer son propos, sans toutefois préciser les détails de la bonification possible, ni la flexibilité demandée aux organisations syndicales.
De leur côté, les syndicats doutent de la volonté gouvernementale, compte tenu du déroulement des négociations jusqu’à maintenant.
La grève de trois jours du Front commun a officiellement pris fin le vendredi 24 novembre.
Les représentants syndicaux se rencontreront dans les prochains jours afin de déterminer leurs futures actions.
Les 4000 enseignant.e.s lavallois.es demeurent en procédure de grève générale illimitée.