Selon les plus récentes statistiques disponibles recensées par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, la Ville de Laval a envoyé vers les sites d’enfouissement en 2013 l’équivalent de 340 kilogrammes d’ordures par ménage.
C’est 26 % de plus que la moyenne des matières putrescides que Montréal, Québec, Longueuil et Gatineau destinent à l’enfouissement.
À ce chapitre, Gatineau fait figure de première de classe avec une moyenne de 221 kg par foyer, suivie par la Vieille Capitale (283 kg), la métropole (284 kg) et Longueuil (292 kg).
Explication
La collecte des matières organiques explique en partie cet écart, alors que la troisième voie à la collecte municipale des déchets est plus largement implantée dans les quatre autres grandes municipalités, reconnaît le directeur du Service de l’environnement à la Ville de Laval, Gilles Benoît.
Ce dernier met toutefois un bémol à ces chiffres qui peuvent être trompeurs, dit-il, car ils pourraient inclure des quantités de déchets collectés en façade de commerces et d’industries légères.
Quant au directeur du Conseil régional de l’environnement (CRE), Guy Garand, il cible l’absence d’écocentre sur le territoire comme seconde cause à la contre-performance lavalloise, ce qui contribuerait à gonfler le tonnage attribué aux restes de tables et rognures de gazon enfouis dans les sites.
Reconnu pour son franc-parler, l’environnementaliste donne la chance au coureur.
«On a une nouvelle administration en place depuis deux ans avec énormément à faire et de retard à rattraper, souligne-t-il en évoquant le laxisme de l’ancienne administration municipale. Révision du schéma d’aménagement, surverses, conservation des milieux naturels, îlots de chaleur, reboisement, Code de l’arbre et gestion des matières résiduelles, ils en ont plein les bras.»
Biométhanisation et compostage
À l’instar du Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles (PMGMR), la valorisation des matières organiques produites à Laval passera inévitablement par la mise en service des installations de biométhanisation et de compostage.
Ces équipements, qu’on évaluait à 120 M$ il y a quelques années, devraient normalement s’implanter sur le site de l’usine d’épuration des eaux usées La Pinière, dans le quartier Saint-François.
Mais d’ici leur implantation, la Ville évalue d’autres avenues afin de soutenir la collecte à 3 voies, actuellement limitée à quelque 7000 résidences.
Ironie du sort, Laval faisait figure de leader en pareille matière au milieu des années 1990, alors que la Ville avait doté d’un bac brun quelque 4000 résidences du quartier Champfleury. Un projet-pilote qui avait valu à l’administration municipale un Phénix de l’environnement.
Près de 10 ans plus tard, on compte seulement 3000 foyers desservis de plus par cette collecte.
«Une des raisons pour laquelle nous n’avons pas progressé plus rapidement est que notre site de compostage sur le boulevard Dagenais est à sa limite de capacité», mentionne M. Benoît.
Mesures à venir
Sans le dire ouvertement, le directeur du Service de l’environnement laisse entendre que des annonces pourraient être faites lors de la présentation du Budget 2016 de la municipalité, en décembre prochain.
Quand on précise la question quant à un élargissement possible de la 3e voie en 2016, la Ville nous répond qu’elle ne peut pour l’instant «rien annoncer avant que le processus budgétaire ne soit finalisé».
Mentionnons que pas plus tard que le mois dernier, un mandat de 200 000 $ a été octroyé à la firme Raymond Chabot Grant Thornton relativement à une analyse de valeur concernant l’usine de biométhanisation et le site de compostage que financeraient à parts égales les trois paliers de gouvernement.
«On continue de raffiner notre projet pour l’amener de plus en plus près d’un appel de propositions», se limite à dire Gilles Benoît.
Rappelons que Québec poursuit l’ambitieux objectif zéro enfouissement pour 2022.