La manifestation s’est déroulée également devant l’hôtel Ritz-Carlton où le premier ministre Justin Trudeau était de passage.
«Notre message a été, j’espère, bien entendu, de confier Nellie Torre. Mon père a purgé sa peine il y a 20 ans. Il a payé sa dette et n’a plus jamais été condamné. Nous demandons aux ministres Goodale, McCallum et Trudeau de remédier à cette injustice.»
Les nombreuses demandes et lettres acheminées aux ministres libéraux fédéraux sont toujours sans réponse. Seuls eux peuvent suspendre la mesure de renvoi pour des considérations d’ordre humanitaire.
Le 9 septembre, Michele Torre a reçu un billet d’avion aller simple pour l’Italie. Il est attendu à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau ce vendredi 16 septembre à 15h pour être escorté hors du pays.
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Sans expliquer pourquoi la décision d’expulser Michele Torre s’avère si tardive, quelque 18 ans après qu’il fut sorti de prison et n’eut pas été reconnu d’autre crime depuis, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) affirme simplement accorder une très grande priorité aux cas de renvoi portant sur des questions liées à la sécurité nationale, criminalité organisée, aux crimes contre l’humanité et à la criminalité.
«Nous gardons espoir et allons nous battre jusqu’au bout, de continuer Nellie Torre. Même s’il est renvoyé en Italie, ça n’arrêtera pas là. Nous allons tout faire pour ramener notre père chez lui!»
Délai inexplicable
Michele Torre a plaidé coupable et a été condamné pour trafic de stupéfiants en 1996. À ses côtés se trouvaient le parrain de la mafia sicilienne de Montréal Frank Cotroni sénior et le fils de celui-ci, Francesco, en plus de Giovanni Marra, le propriétaire du Café Sinatra qui lui avait demandé d’aller chercher pour lui des valises de «café» à Toronto. Celles-ci contenaient plutôt une quantité appréciable de cocaïne.
Deux ans auparavant, Marra avait acheté le café de Michele Torre qui y travaillait désormais sous ses ordres. Condamné à une sentence de huit ans et neuf mois, le Lavallois père de trois enfants a purgé 18 mois en dedans et 6 ans dans la communauté.
«Quand il était sorti de prison, des agents lui avaient dit qu’il était résident permanent depuis longtemps et que s’il n’était plus jamais condamné, il n’aurait pas de problèmes, d’arguer Stéphane Handfield, l’avocat de M. Torre dans ce dossier. Nous sommes devant un abus de procédures aberrant et un délai totalement inacceptable.»
Installé dans Vimont depuis 30 ans, résident permanent au Canada depuis 1967, marié à Ernesta Talaia Torre depuis 42 ans, Michele Torre est père de 3 enfants, tous mariés et parents à leur tour.
«S’il avait été expulsé dans les normes, M. Torre aurait pu installer sa famille ailleurs et recommencer à zéro, d’ajouter Me Handfield, qui a 24 ans de pratique spécialisée dans des cas d’immigration. On ne peut pas faire ça à un homme qu’on a laissé s’établir ici et dont on va anéantir, décimer la famille.»
Mentionnons aussi qu’en 2006, Michele Torre avait été arrêté dans le cadre de l’opération Colisée qui visait la mafia italienne, mais n’avait été reconnu coupable d’aucune infraction.