En 2016, l’affaire des fugueuses de Laval retient l’attention médiatique et mène à la création du programme Prévention jeunesse, à des actions concrètes pour contrer l’exploitation sexuelle des mineurs et au Projet Z, lancé aujourd’hui.
Projet Z: Non à l’exploitation est l’aboutissement du processus amorcé en 2016 par divers intervenants déterminés à mettre fin au travail en silos, reconnaît Vickie Gauthier-Lefebvre, coordonnatrice du Programme prévention jeunesse de Laval.
«Ensemble on a voulu mettre sur pied un projet impliquant plusieurs professionnels, pour offrir soutien et accompagnement» aux jeunes victimes, potentielles ou avérées, explique-t-elle. L’objectif est de créer un réseau de contacts et de jumeler le jeune avec un intervenant pour qu’il soit pris en charge entièrement.
Un continuum de services
Le projet repose sur une séquence d’actions, à partir du moment où une jeune victime ou susceptible de l’être est identifiée par son entourage — professeur, parent, ami, intervenant — et dirigé vers Projet Z. Suivra la rencontre avec le jeune, l’obtention de son consentement éclairé pour sa participation volontaire et son jumelage avec un travailleur de rue. Ce dernier sera le trait d’union vers les ressources disponibles.
Ce rôle pivot sera confié aux intervenants de l’organisme Travail de rue île de Laval (TRÎL). «Les travailleurs de rue ont déjà un rôle dans le quotidien, ils sont là le jour, la nuit […]. Il peuvent être là en cas de crise, de questionnement et assurer un filet de sécurité», explique Vickie Gauthier-Lefebvre.
Prenons l’exemple d’une jeune fille de près de 18 ans en centre d’hébergement qui sera sans ressources quand elle atteindra sa majorité. Projet Z lui permettra de bénéficier du soutien d’un intervenant pour trouver un logement, un emploi, une ressource en psychothérapie, l’accès au Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) pour porter plainte, etc.
«C’est vraiment d’assurer un continuum de services et d’amener les jeunes à sortir de la spirale, travailler sur leur potentiel et leurs forces. Ils ne sont pas qu’un seul objet sexuel.»
Les visages de l’exploitation
Prostitution associée à un réseau criminalisé, implication dans le recrutement, cyberprédation : l’exploitation sexuelle des mineurs de 12 à 24 ans a plusieurs visages.
«Le témoignage de la jeune Clémentine à l’émission Tout le monde en parle sur les suggar daddies est un autre exemple», note Mme Gauthier-Lefebvre, en faisant référence à l’expérience d’une jeune femme qui s’est inscrite au site SeekingArrangement (voir le récit numérique de Radio-Canada).
Projet Z a déjà son site internet et sa page Facebook. Avec la nouvelle initiative, le site est revampé et une tournée de la coordonnatrice auprès de tous les intervenants qui participeront à la prise en charge des jeunes s’amorce.
La mise sur pied de Projet Z s’inscrit dans la foulée du financement accordé en 2016 par le ministère de la Sécurité publique et de la collaboration du Service de police de Laval, du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels de Laval (CAVAC), du Centre intégré de santé et de services sociaux de Laval (CISSSL), de Mesures alternatives jeunesse de Laval (MAJL) et du Centre de services scolaire de Laval (CSSL) qui ont permis la création du Programme Prévention jeunesse Laval.
Les victimes ou l’entourage des victimes ou des jeunes à risque peuvent trouver de l’aide ou transmettre un cas sur le site web zeroexploitation.ca.
À voir ou revoir : une vidéo publiée sur la page Facebook de Zéro exploitation en 2018.Question posée à des passants à Laval : «Connaissez-vous quelqu’un qui a déjà payé pour du sexe avec des mineurs?» |