Collaboration spéciale de Jonathan Brien. Le Québec a son Alcatraz, le pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul. Le 11 juillet marque le 43e anniversaire d’un évènement tragique dans l’histoire de Laval: la tentative d’évasion meurtrière du pénitencier Saint-Vincent-de-Paul en 1978.
Le drame s’était soldé par la mort de deux hommes. L’événement avait choqué tout le Québec à l’époque. Après avoir réussi à faire entrer des armes à feu dans la prison, cinq détenus prennent en otage des employés. Mais rapidement, le plan des prisonniers tourne court et se termine dans un bain de sang.
Depuis son ouverture en 1873, le pénitencier de Saint-Vincent a été le théâtre de plusieurs épisodes de violence, d’émeutes et d’évasions, raconte l’historien Guillaume Bouchard Labonté.
Pour le compte de la Société d’histoire et de Généalogie de l’ile Jésus, le féru d’histoire a longuement fouillé dans le passé du vieux Pen de Saint-Vincent.
«Dès le départ, l’architecture de la prison était un échec assuré dans la réhabilitation», explique-t-il.
Pour durs à cuire
Désigné lieu historique national du Canada en 1990, le pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul est un bâtiment en pierre centenaire, aux tours de guet à tourelles d’allures sévères.
C’est devenu surtout un repère visuel bien connu des gens de l’est de Laval. À l’origine, c’était la seule maison de correction francophone au Canada.
Fermée en 1989, la prison était reconnue comme l’une des institutions carcérales les plus dures au pays. Les plus grands criminels du Québec y ont séjourné. Parmi ses prisonniers les plus célèbres, notons Jacques Mesrine et Richard Blass. Les évasions qui y ont eu lieu sont parmi les plus spectaculaires en Amérique du Nord.
L’évasion tourne mal
Ce jour-là, le 11 juillet 1978, cinq détenus en état d’ébriété après avoir consommé de l’alcool de fabrication artisanale déclenchent une émeute.
Avec des armes à feu introduites clandestinement, les détenus prennent 25 employés en otage. Dans une tentative désespérée de s’évader avec eux, les prisonniers déclenchent une fusillade qui sera mortelle pour un gardien et un détenu.
En lien avec la chaleur
Pour le météorologue Gilles Brien, un déclencheur important dans beaucoup d’émeutes et de problèmes en prison demeure la chaleur durant l’été.
Selon de nombreuses études, les températures élevées auraient une incidence sur la violence et l’agressivité. L’école de criminologie de l’Université de Montréal a démontré que les actes de voies de fait et la violence conjugale augmentent significativement lorsque le seuil des 30 degrés Celsius est franchi.
Or, l’émeute de juillet 1978 s’est produite au terme d’une canicule avec des températures dépassant ce seuil.
Même constat pour la plus violente des émeutes au pénitencier, le 17 juin 1962. Plus de neuf édifices de l’établissement carcéral sont détruits par des incendies déclenchés par des détenus.
En plus de la police provinciale, cette émeute avait nécessité l’intervention de la Gendarmerie Royale et de l’Armée. Encore une fois, l’évènement violent s’était produit en lien avec une vague de chaleur, explique Gilles Brien. Le mercure des jours précédents dépassait les 30 degrés C. «Ces conditions affectent le sommeil, l’humeur et l’hostilité», de conclure le météorologue.
SOURCES
Société d’histoire et de généalogie de l’ile Jésus
Petite histoire des évasions au pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul
Université de Sherbrooke, Bilan du siècle
Lieux patrimoniaux du Canada, Signé Laval
https://www.historicplaces.ca/fr/rep-reg/place-lieu.aspx?id=12742
https://www.gg.ca/fr/distinctions/recipiendaires