Dans la foulée du confinement de deux écoles lavalloises le mercredi 9 octobre, un sondage réalisé par la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ) révèle que 38% du personnel de soutien scolaire à l’emploi au Centre de services scolaire de Laval (CSSL) ont subi de la violence au cours de l’année scolaire 2023-2024.
Plus de 2 répondant.e.s sur 5 (29%) ont subi de la violence physique alors que c’est un peu plus du tiers (35%) qui disent avoir subi un autre type de violence l’an dernier.
Encore plus préoccupant: les incidents violents sont rarement uniques et isolés, puisque deux tiers des victimes (65%) ont au moins subi deux actes distincts, dont l’un a été de nature physique.
Les agressions multiples sont donc communes dans les écoles lavalloises et combinent souvent plusieurs formes d’agression.
Les actes compilés comprennent les cris (60%), les coups (53%), se faire lancer un objet (49%), les propos injurieux (37%) et les bousculades (34%), entre autres.
87% du personnel de soutien scolaire victimes de violence identifient les élèves comme l’une des sources des incidents vécus. Les autres sources incluent les parents (21%), collègues (19%) et la direction d’établissement (8%).
De 2022 à 2024, tous ces chiffres sont en baisse, exceptés la violence de la part des élèves, qui a augmenté de 4%.
Au total, 538 employé.e.s en soutien scolaire œuvrant dans la région ont répondu à ce sondage, dont 85% sont des femmes.
«C’est pas le fun d’aller travailler et de ne pas savoir si tu vas te faire frapper, mordre ou graffigner dans ta journée. C’est sûr que ça nous préoccupe que nos membres vivent ça, mais ils ont des moyens de nous informer et on les éduque là-dessus.»
–Danielle Ditata, vice-présidente du Syndicat lavallois des employés de soutien scolaire (SLESS-CSQ).
Au niveau national, 96,4% des actes de violence envers les membres du personnel proviennent des élèves et on précise que les actes répertoriés ont augmenté de 40% en moyenne au cours des 4 dernières années.
Statistiques
La FPSS-CSQ a envoyé une demande d’accès à l’information au CSSL dans le but d’avoir plus de précisions quant aux événements survenus sur son territoire dans les six dernières années.
La réponse, acheminée par la secrétaire générale Stella Duval, indique qu’il n’est pas possible pour le Centre de fournir ces informations comme leur production demanderait des analyses supplémentaires, ce que la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels ne lui impose pas.
Selon le Syndicat lavallois des employés de soutien scolaire (SLESS-CSQ), le CSSL compile dans un fichier Excel les données liées aux formulaires d’incidents de travail en lien spécifique avec la violence, mais seulement depuis l’an dernier.
Mesures
Toujours selon le SLESS-CSQ, un comité centré sur les actes violents incluant toutes les instances syndicales scolaires du territoire aurait été formé dans la deuxième moitié de l’année scolaire 2023-2024.
De l’avis du directeur général du CSSL, c’est plutôt en 2022 que les discussions liées à cette problématique ont débuté.
Les représentant.e.s du comité se réunissent environ tous les deux mois afin de discuter des enjeux présents. Une rencontre aura d’ailleurs lieu au cours de la seconde semaine d’octobre.
Des dires de Danielle Ditata, vice-présidente du SLESS-CSQ et membre du comité, l’instance en est toujours à la compilation de données ainsi qu’à l’élaboration des balises communes requises pour la gestion efficace des cas violents.
«Dans le moment, malheureusement, on est obligé de traiter au cas par cas, parce que ça arrive à tous les jours, mais, avec les données, le comité s’est donné comme mandat d’aller vers la prévention, explique la vice-présidente. Juste que, là, ça fait tellement longtemps que ça dure, qu’on collige les informations et ramasse toutes ces statistiques.»
Les deux responsables syndicaux interrogés affirment être satisfaits des mesures prises par le CSSL et sont compréhensifs vis-à-vis des circonstances. Ils soulignent toutefois que cela ne va pas assez vite à leur goût.
Enjeux
53% des répondant.e.s au sondage affirment ne jamais avoir complété de rapport d’incident-accident à la suite d’un épisode de violence, malgré les recommandations des syndicats et du CSSL.
Les raisons principales citées: l’inutilité de la procédure (54%) et la banalité de l’incident (28%). Pourtant, 11% des Lavallois.es victimes de violence à l’école ont indiqué devoir s’absenter du travail à la suite d’un incident violent.
D’ailleurs, pour le président du SLESS-CSQ, la corrélation entre le nombre de démissions en hausse des effectifs en éducation et l’augmentation des événements violents est une évidence.
«Beaucoup de gens décident de quitter le milieu scolaire, parce que ce n’est pas tout le temps évident, les postes ne sont pas toujours au nombre d’heures qu’ils voudraient… constate Yves Brouillette. […] Souvent, ils s’en vont au Centre jeunesse [de Laval], qui, lui aussi, est reconnu pour avoir de la violence. Quand les gens quittent pour aller au Centre jeunesse…il y a des questions à se poser.»
Les intervenant.e.s sont sans équivoque: il est essentiel pour les employé.e.s de compléter les formulaires à leur disposition afin que la situation soit constatée et prise en charge dès que possible.
«Ça pourrait être plus vite, mais, tsé, quand l’argent ne rentre pas… témoigne Danielle Ditata. Tout est une question de mettre ça ensemble: l’argent, les ressources, le suivi du médecin, les plans d’intervention… ça fait un tout. Oui, c’est gros. À Laval, c’est gros par rapport à d’autres [régions]. Est-ce que je suis satisfaite qu’il y ait ce comité-là? Oui. Parce qu’avant, on ne l’adressait pas assez et c’était minimisé même. Maintenant, non.»
Quant à la hausse continuelle des actes violents, plusieurs hypothèses sont lancées, comme le manque de ressources humaines sur le terrain, le financement insuffisant pour faire face aux besoins actuels ainsi que la composition des classes.
«Nous reconnaissons qu’il y a en effet une augmentation des actes de violence envers les membres de notre personnel, commente Yves-Michel Volcy, directeur général du CSSL. C’est la raison pour laquelle, au cours des dernières années, nous avons développé divers outils de prévention qui sont mis à la disposition de nos équipes. Nous accordons une grande importance à la formation du personnel puisque cela permet des interventions efficaces lorsqu’un élève se désorganise et agit comme outil de prévention des incidents.»
Solutions
Selon 64% des répondant.e.s au sondage, l’offre d’une formation au personnel sur les façons de prévenir la violence serait une solution efficace afin de réduire la violence en milieu scolaire.
Présentement, une formation de ce type est rendue disponible par le CSSL, pour certains quarts d’emploi, comme les techniciennes en éducation spécialisée (TES), qui sont les principales victimes des actes violents à l’école.
«Il y en a qui ont des connaissances à ce niveau-là dû à leur emploi, mais, même là, ce n’est pas assez, constate Yves Brouillette, précisant que le SLESS-CSQ milite depuis des années afin qu’une formation en gestion de crise soit offerte à tous les employé.e.s travaillant dans les établissements scolaires lavallois. C’est important que l’employeur prenne ça au sérieux.»
36% des répondant.e.s au sondage ont indiqué ne jamais avoir suivi de formation d’intervention en situation de crise, ce qui représente une amélioration de 20% par rapport à l’enquête de 2022.
D’autres solutions évoquées par le personnel de soutien scolaire de Laval ayant complété l’enquête sont d’instaurer une politique de tolérance zéro (69%), d’améliorer la prévention (61%) et d’augmenter le nombre d’intervenant.e.s luttant contre la violence (57%).
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