Le 1er juillet, jour férié, les résidents situés aux alentours du 101, boulevard Sainte-Rose, classée zone patrimoniale, ont été réveillés par des bruits de scies mécaniques.
Gaétan Guay, époux de la propriétaire des lieux, Lise Santerre, a coupé une dizaine d’arbres et émondé de nombreuses branches avec deux autres hommes.
«Cela a duré toute la journée jusqu’à 17h et le lendemain aussi», témoigne André Cyr, dont la maison, située au bout de la rue Terrasse Dufferin, jouxte le terrain en question.
«Je nettoie»
À la question de M. Cyr: «Qu’est-ce que vous faites?», M. Guay aurait répondu: «La Ville m’a demandé de nettoyer. Je nettoie.» Ce dernier n’a pas souhaité confirmer ses dires au Courrier Laval.
Le conseiller municipal du secteur de Sainte-Rose, Denis Robillard, était au courant. «Le service d’urbanisme lui a envoyé plusieurs avertissements pour qu’il nettoie. Il a dû recevoir des amendes. Finalement, il a fini par le faire.»
Sous le choc
Le 15 juillet, M. Cyr était encore sous le choc. «Avant, j’étais en forêt ici. Je n’avais jamais vu la petite maison rouge là-bas auparavant», affirme-t-il.
«J’appelle pas ça un émondage, j’appelle ça un saccage, se désole M. Cyr, qui a déposé une plainte à la Ville. Est-ce que c’était nécessaire de couper tout ça ? Combien ça va coûter de reboiser ?»
Pour M. Robillard, il s’agit «d’un tas de fardoches qui pousse là depuis 40 ans. Ce n’est pas un beau boisé, même si, avec le temps, ça forme un bel écran de verdure.»
«Selon moi, compte tenu qu’il n’y a pas de maison sur son terrain et qu’il a coupé dans sa cour arrière, il n’avait pas besoin de permis d’abattage.
«M. Guay a fait faucher et a coupé les branches qui l’empêchaient d’aller chercher son matériel. Il m’a dit qu’il avait sorti sept ou huit conteneurs», poursuit M. Robillard.
Sans permis
Pourtant, M. Guay avait besoin d’un permis d’abattage pour procéder. Selon l’article 2.1.2 du Code de l’arbre de Ville de Laval, «l’abattage d’un arbre de plus de 2,5 cm de diamètre nécessite un certificat d’autorisation si aucun permis de construction n’a été émis pour ce terrain.»
Le Service des travaux publics de Ville de Laval a confirmé, par la voie de la responsable des communications, Nadine Lussier, n’avoir délivré «aucun permis pour les travaux réalisés».
«Une inspection terrain a été effectuée par nos gens des travaux publics (Foresterie) et le processus normal pour ce genre de situation a été enclenché», a déclaré Mme Lussier.
Inspection des agents ministériels
Une agente de la direction régionale du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) est allée faire une inspection des lieux.
«On a été informés par un citoyen. S’il n’est pas en bordure d’un cours d’eau ou d’un marais, comme dans ce cas-ci, le déboisement est sous juridiction municipale», explique Hélène Proteau, directrice régionale au MDDEP.
«Toutefois, on pourrait être appelés à donner une autorisation en cas de prolongement d’un aqueduc ou d’une conduite d’égout. Pour l’instant, nous n’avons reçu aucune demande», confirme-t-elle.
Un projet immobilier en attente
En 2007, Gaétan Guay, entrepreneur pour la société Construction Transat, était en discussion avec la Ville au sujet d’un projet mixte comprenant 12 logements.
À l’époque, il s’agissait de deux bâtiments bifamiliaux et trifamiliaux jumelés en arrière-lot ainsi qu’une habitation bifamiliale en bordure du boulevard Sainte-Rose.
Une assemblée de consultation publique sur le changement de zonage du 101, boulevard Sainte-Rose, permettant la construction de bâtiments multifamiliaux, s’était tenue le 27 septembre 2007. «Nous étions présents, indique M. Cyr. Depuis, nous n’avons eu aucune nouvelle.»
La Ville n’a reçu, à ce jour, aucune demande de permis de construire et le zonage du terrain reste inchangé. Seules sont autorisées dans cette zone (RU-294) des habitations unifamiliales isolées et jumelées ou des habitations bifamiliales isolées.