Des quatre candidats à la direction du Parti québécois, Frédéric Bastien a de profondes racines lavalloises, lui qui a grandi et vécu la moitié de sa vie dans la circonscription de Laval-des-Rapides.
Aujourd’hui âgé de 51 ans, cet historien et auteur de quelques ouvrages dont La Bataille de Londres – Dessous, secrets et coulisses du rapatriement constitutionnel, publié en 2013, est en mission.
Son objectif: faire renaître le PQ de ses cendres afin que le parti redevienne «une grande coalition nationaliste capable de faire l’indépendance».
Et comment entend-il s’y prendre?
Tout simplement en réincarnant le combat pour la nation… sur le terrain de la constitution.
«C’est en contestant le régime fédéral par une négociation constitutionnelle qu’on arrivera à faire renaître cette coalition et la fierté d’être Québécois», a-t-il fait valoir lors de son récent passage dans Sainte-Rose devant une cinquantaine de militants rassemblés à quelques pas de la berge des Baigneurs.
Référendum dans un 2e mandat
Il résume ainsi le plan de match qu’il propos en deux temps: «Premier mandat: constitution; deuxième mandat: référendum. Bing! bang!»
En ce sens, Frédéric Bastien se distingue des trois autres aspirants à la succession de Jean-François Lisée qui, eux, promettent la tenue d’un référendum sur la souveraineté dans un premier mandat.
«Il n’y aura pas de premier mandat si on promet un référendum, prévient-il. C’est aussi simple que ça. Les gens ne sont pas du tout là.»
Pour étayer son point, l’historien cite le général Charles de Gaulle en empruntant sa voix: «Il n’y a pas de politique qui vaille en-dehors des réalités.»
À la tête d’un gouvernement péquiste majoritaire, celui qui enseigne actuellement l’histoire au Collège Dawson, cégep anglophone situé à Westmount, forcerait d’abord Ottawa à négocier pour que le Québec obtienne de nouveaux pouvoirs, notamment en matière de langue, d’immigration et de laïcité de l’État, ce qui contribuerait à mousser l’identité nationale en vue d’une éventuelle démarche référendaire.
Défendre la culture québécoise en s’attaquant, entres autres, au multiculturalisme canadien est au cœur de son action politique.
Immigration
Militant souverainiste de longue date, M. Bastien prône également la réduction des seuils d’immigration et une meilleure sélection des immigrants reçus.
«Laval s’est beaucoup anglicisée parce qu’on a mal choisi nos immigrants, dit-il, soulignant l’importance de cet enjeu dont on ne peut évacuer le débat.
«Il faut en parler de façon sereine et respectueuse, mais il faut en parler», poursuit le candidat selon lequel une immigration «francophone, éduquée et diplômée» est gage d’une «intégration assurée».
Valeurs
Évoquant le «Parti québécois des belles années», Frédéric Bastien rappelle que «la langue, l’identité et l’indépendance étaient le ciment, la clé de [son] succès», déplorant du coup le fait que le parti se soit peu à peu «éloigné de ses racines» depuis le référendum de 1995, il y a 25 ans.
«Au fil des années, le débat entourant la nation a été remplacé par des questions de débat gauche-droite. C’est la quadrature du cercle. C’est un poison qui est en train de nous tuer», termine celui qui promet de tirer un trait sur ces échanges stériles.
La présente course à la direction du PQ connaîtra son dénouement le 9 octobre avec l’élection d’un nouveau chef. Les trois autres candidats en lice sont le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, l’avocat Paul St-Pierre Plamondon et l’humoriste Guy Nantel.