L’Association Lavalloise du Transport Adapté (ALTA) et la Société de transport de Laval (STL) ont établi un nouveau protocole gratuit pour les femmes en situation de handicap victimes de violence conjugale.
Depuis le lundi 31 mai, ces citoyennes peuvent appeler l’une des trois maisons d’hébergement lavalloises, Maison de Lina, Maison d’Esther ou Maison Le Prélude, afin d’avoir recours au transport adapté de la STL vers celles-ci.
Ce sont les intervenantes des maisons qui feront le pont de manière confidentielle entre les femmes et les chauffeurs.
Contrairement au service habituel, où il faut réserver la veille pour avoir accès au transport adapté, les femmes dans le besoin et leurs enfants seront desservies dans un maximum de deux heures.
«La différence, c’est aussi que la femme est seule dans le véhicule, affirme Julie Bruyère, coordonnatrice à la Maison de Lina. Elle part de chez elle pour aller directement vers la maison.»
Concertation
Cette démarche a été réfléchie au sein d’un comité formé de travailleuses de la Table de concertation de Laval en condition féminine, la Table de concertation en violence conjugale et à caractère sexuel de Laval, le Centre de prévention et d’intervention pour victimes d’agression sexuelle, le Regroupement des organismes pour la promotion des personnes handicapées de Laval et les trois maisons d’hébergement.
Ces actrices avaient constaté que même si les chiffres démontrent que 39% des femmes vivant avec un handicap vivent de la violence conjugale, elles sont sous-représentées dans les maisons d’hébergement.
Le transport a été identifié comme étant l’obstacle principal d’une telle réalité.
«La STL veut faire sa part en éliminant tous les freins potentiels de transport pour ces femmes», souligne Éric Morasse, président du conseil d’administration de la STL.
Ce dernier se dit d’ailleurs ouvert à partager «cette expertise aux autres sociétés de transport du Québec».
Sensibilisation
En créant le protocole, le comité a discuté avec 94 femmes en situation de handicap, vivant de la violence conjugale et/ou utilisant le transport adapté.
À travers ce dialogue, il a constaté que les enjeux de ces femmes sont invisibilisés dans la société.
Justine Gendron, agente de projet en accessibilité au transport adapté pour les femmes victimes de violence conjugale à l’ALTA, explique d’ailleurs que l’absence de statistiques propres au Québec renforce cette invisibilisation.
«Ce ne sont pas ces femmes qui sont la cause des difficultés, insiste-t-elle. C’est qu’elles vivent dans une société qui est inadaptée et qui ne répond pas à leurs besoins.»
C’est notamment pour cette raison qu’une campagne de sensibilisation prend place sur le territoire lavallois, où l’on estime que 7440 femmes en situation de handicap vivent de la violence conjugale.
La campagne prend notamment la forme d’affiches simples mettant de l’avant des statistiques et le slogan «C’est pas parce que tu le vois pas, que ça existe pas ».
«Notre objectif est de les encourager à appeler les ressources et à prendre la place qui leur revient», continue Justine Gendron.
Julie Bruyère tient à ce que les femmes sachent que les maisons sont adaptées à leurs besoins alors qu’elles sont munies de rampes, salles de bain adaptées et accessibles pour les fauteuils roulants.
«On n’est pas des expertes sur le sujet, mais avec notre approche féministe, on est à l’écoute de leurs besoins et on s’adapte», conclut-elle.