Face aux critiques des regroupements de CPE et de l’ex-présidente de la Commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier et députée libérale, Jennifer Maccarone, le député de Sainte-Rose, Christopher Skeete, soutient que le projet de maternelle universelle n’enlève rien aux structures déjà en place.
«Un n’exclut pas l’autre, précise-t-il. On est capable au Québec de faire deux choses en même temps.»
L’élu de la Coalition avenir Québec (CAQ) affirme chercher le même résultat que les groupes s’opposant au projet de loi 5. «Nous voulons tous s’assurer que chaque enfant atteigne son plein potentiel, renchérit-il, en précisant que les services implantés seraient utilisés sur une base volontaire. Il faut donner le choix aux parents.»
Deux sondages Léger commandés par le Conseil québécois des services éducatifs à la petite enfance (CQSEPE) et la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) ont démontré qu’à quelques chiffres près, la moitié et le deux tiers des répondants, respectivement, préféraient les centres de petite enfance (CPE) ou milieux familiaux publics pour leur enfant de 4 ans. La maternelle se chiffrait à 19 et 22 %.
«Les gens qui ne voient pas ce qu’est la maternelle 4 ans ne peuvent voter en faveur, répond M. Skeete. On retrouve typiquement dans les murs des écoles des services institutionnalisés, comme l’orthophonie ou l’orthopédagogie, généralement absents des CPE.»
Il insiste par ailleurs que les services actuels sont pertinents. «On ne veut pas dire que les CPE font un mauvais travail. Ce projet n’enlève rien à personne», conclut le caquiste.
Tournée provinciale
Une première action régionale organisée par le CQSEPE et la FIPEQ-CSQ pour contrer le déploiement du plan éducatif caquiste avait eu lieu au milieu familial public Les Joyeux Bambins, dans Fabreville, le 11 février.
«On pense que notre offre répond bien aux besoins, y compris ceux des enfants de 4 ans, a défendu Francine Lessard, directrice du CQSEPE. Nous n’avons pas de réponse du gouvernement, on ne nous dit pas pourquoi il faut mettre ce plan en place.»
Elle précise par ailleurs que la maternelle universelle ne mettrait pas en danger les CPE. «Le combat n’est pas mené par peur de fermer nos portes. Notre clientèle changerait vers les plus jeunes. On veut qu’ils défendent leur position.»
Plutôt que d’investir dans le déploiement de la maternelle, les intervenants rassemblés à Laval croient qu’il faudrait renforcer les structures en place. «Il y a des arrimages à faire pour travailler avec un dossier unique de l’enfant de 2 ans jusqu’à la diplomation, a proposé Valérie Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ. Ça ferait un pont entre les CPE vers les ressources professionnelles.»
Opposition
Jennifer Maccarone, porte-parole de l’opposition officielle en matière de famille, demande une étude en profondeur du dossier avant de poser un diagnostic. «Il faut faire le tour du réseau, des parents, a-t-elle affirmé. En ce moment, c’est un monologue et non un dialogue.»
L’ex-présidente de la Commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier a vécu la réalité des centres de la petite enfance (CPE) comme utilisatrice des services. «En tant que maman de deux enfants, ils m’ont beaucoup aidé quand c’était plus lourd à supporter», a-t-elle expliqué.
Elle rappelle que les infrastructures actuelles dans les écoles ne sont pas suffisantes pour accueillir cette nouvelle clientèle. «Il n’y a pas de place et en plus, on voit une pénurie de main d’œuvre.»
Appel au support
Pendant la durée de la campagne, des parents seront sollicités à la sortie des services éducatifs pour signer une pétition lancée en décembre dernier par le CQSEPE et marrainée par la députée de Joliette, Véronique Hivon. Celle-ci demande au gouvernement de cesser le déploiement des maternelles 4 ans pour tous, récoltant plus de 18 300 signataires à ce jour.
L’arrêt à Laval était le deuxième de 17 d’une tournée provinciale qui se terminera le mercredi 20 mars, à Québec.
La pétition se trouve sur le site Web de l’Assemblée nationale.