(Dernière mise à jour: 8 mai, 10h20)
EVAH (Evolution for Animal Health) inaugurait en début de semaine ses nouveaux laboratoires à Laval.
Fraîchement graduée du Centre québécois d’innovation en biotechnologie (CQIB), cette biotech en santé animale a établi ses quartiers généraux à quelque 500 mètres de l’incubateur scientifique qu’elle occupait depuis 2020.
Aujourd’hui, elle quintuple sa superficie, disposant de près de 6000 pieds carrés au centre multilocataires du 235 boulevard Armand-Frappier, bâtiment qui a longtemps abrité le siège social canadien de la pharma française Servier.
Nourrir la planète de façon responsable
EVAH souscrit à l’approche intégrée One Health de l’Organisation des Nations Unies, qui reconnaît le lien entre la santé des humains, celle des animaux et la santé environnementale. «D’ici 2050, la population mondiale atteindra 9 milliards de personnes; on doit donc contribuer à nourrir la planète de façon durable», a indiqué la cofondatrice et chef des opérations, Nicole Blanchard.
C’est «notre ultime objectif», renchérit Michel Fortin, également cofondateur et président-directeur général de cette société dont la mission est de soutenir les producteurs de porcs, de volailles et de saumons.
Deux vaccins en développement
Plateforme d’affaires en propriété intellectuelle, EVAH développe de front quatre technologies d’innovation dans ses laboratoires à l’Île-du-Prince-Édouard, à Saint-Hyacinthe et à Laval.
Ici, par exemple, les chercheurs planchent sur deux vaccins.
Un vaccin aviaire à large spectre contre la bactérie E. coli destiné aux poulets et aux poules pondeuses et un vaccin porcin.
Dans la poursuite de ses travaux, la jeune biotech lavalloise a accès au Laboratoire national de biologie expérimentale (LNBE), l’une des rares animaleries au pays pouvant accueillir de grands animaux. Cette infrastructure de pointe est située sur le campus du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie de l’INRS, voisinant avec le CQIB.
À la rescousse des éleveurs de porcs
Lors de la visite des installations, le chef de la Direction scientifique chez EVAH, Dr Frédéric Leduc, a expliqué que la bactérie Streptococcus suis – contre laquelle il n’existe actuellement aucun vaccin – représente une sérieuse menace pour l’industrie de l’élevage du porc.
Il s’agit d’une «bactérie opportuniste qui cause des méningites, de la septicémie, de l’arthrite et même la mort spontanée chez les porcs. Selon les dernières données du MAPAQ [ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation], on parle d’environ 5 % de mortalité par année. Il est assez impératif d’arriver avec une solution qui permettrait de prévenir cette infection-là et de réduire la mortalité, la morbidité, mais aussi l’utilisation des antibiotiques», a-t-il fait valoir.
En collaboration avec la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, à Saint-Hyacinthe, EVAH a développé des «prototypes de vaccins qui pourraient couvrir les sérotypes les plus importants au niveau des pertes économiques, mais aussi les sérotypes qui causent des maladies chez l’humain», poursuit Dr Leduc, qui anticipe une commercialisation d’ici deux ou trois ans.
Bref, un vaccin permettrait non seulement d’en finir avec les pertes financières engendrées par les infections à Streptococcus suis, mais également de prévenir la propagation de la résistance aux antibiotiques qui affecte aussi les animaux, ajoute le principal intéressé.
Autres technologies
À Saint-Hyacinthe, les travaux en laboratoire portent sur un additif alimentaire biologique pour les porcs, une technologie visant à améliorer la croissance des animaux et l’indice de consommation.
Quant à la quatrième et dernière technologie en cours de développement chez EVAH, elle consiste en un parasiticide pour traiter plus efficacement les infestations parasitaires qui entraînent la perte de 15 à 30 % de la production de saumon, indique Michel Fortin, qui prévoit vendre en 2025 le produit à un tiers qui verrait alors à le mettre en marché.
Rachat
«Aucun doute que vous avez réussi à prendre une place importante dans le domaine des biotechnologies axée sur la santé animale», a déclaré le ministre Pierre Fitzgibbon lors de son allocution à l’inauguration des locaux. «Vos travaux de recherche scientifique et d’innovation sont prometteurs pour le Québec; vos avancées scientifiques apportent assurément des solutions concrètes au grand défi de la chaîne d’approvisionnement alimentaire», a enchaîné le titulaire du portefeuille de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie au Québec.
Son collègue Christopher Skeete, ministre responsable de la région de Laval, a rappelé que c’est «une aide gouvernementale» de 5 M$ versée en 2021 dans le cadre du programme BioMed Propulsion «qui a permis de faire revivre le projet».
De fait, Michel Fortin, qui avait vendu en 2019 la biotech Prevtec Microbia pour 100 M$ à une pharmaceutique américaine spécialisée dans les produits vétérinaires, a racheté de celle-ci les technologies en 2021 pour cofonder EVAH.
«On avait l’ambition de poursuivre le développement du secteur de la santé animale au Québec», a souligné Nicole Blanchard.
Cette dernière se retrouve d’ailleurs en pays de connaissance, elle qui dans les années 1990 a travaillé pour le Dr Francesco Bellini du temps des glorieuses années de BioChem Pharma. Ce spin-off des labos de l’Institut Armand-Frappier, qui allait devenir le plus beau joyau de l’histoire de l’industrie biotechnologique québécoise avant d’être vendu au coût de 5,9 milliards de dollars en 2001, avait ses quartiers généraux à un jet de pierre des nouveaux locaux d’EVAH.
Deux fois plus d’effectifs
À l’époque de Prevtec Microbia, où l’entreprise avait développé un vaccin biologique pour les porcs d’élevage, Michel Fortin dirigeait une quinzaine d’employés. Aujourd’hui, il se retrouve à la tête d’une équipe de 31 personnes, dont plus de la moitié est basée à Laval.
Responsable du développement économique au comité exécutif de la Ville, la conseillère municipale Christine Poirier s’est évidemment réjouie de cette nouvelle implantation au cœur de la Cité de la biotech, soulignant que «la collaboration entre les entreprises et l’INRS permet de faire avancer la science et de développer des produits qui vont servir à améliorer le bien-être et le sort de notre planète».
EVAH, qui collabore avec une soixantaine de sociétés au pays comme à l’international, a lancé un dernier appel de financement dont l’objectif vise à porter à 60 M$ la valeur en équité.
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