Saint-Vincent-de-Paul sera scruté sous la loupe d’une cinquantaine d’universitaires tout l’automne.
D’ici la fin de l’année, les finissants de l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal investiront, chaque semaine, une vingtaine d’heures à l’élaboration de concepts d’aménagement visant à redonner à ce quartier patrimonial ses lettres de noblesse.
Le chargé de cours Ossama Khaddour dit être «tombé sous le charme» de ce «secteur qui agonise», malgré tout le potentiel qu’il recèle.
Ses étudiants ont, le 4 octobre, arpenté les rues du village, où ils ont pu prendre un premier contact avec le milieu, guidés par le gardien du patrimoine bâti et naturel de l’endroit, Philippe Gariepy, président de Patrimoine en tête.
Insuffler un nouveau souffle
Regroupés en dix équipes, ces urbanistes universitaires proposeront toutes sortes de stratégies, notamment pour revitaliser l’artère commerciale au cœur du village, mettre en valeur les accès aux berges et à la rivière et redévelopper de grands espaces institutionnels laissés à l’abandon.
«Les terrains vacants et les anciennes structures pénitentiaires désaffectées qu’on y trouve possèdent un grand potentiel de développement», estime M. Khaddour.
À ses yeux, leur redéploiement pourrait contribuer grandement à «redynamiser un tissu urbain déstructuré et un tissu social en partie défavorisé».
Rappelons que 23 ans après la fermeture du vieux Pen, ce sera au tour de l’établissement Leclerc de mettre fin à ses activités carcérales, en 2013.
Acteurs locaux sollicités
Incidemment, la participation de cet important propriétaire foncier qu’est le Service correctionnel du Canada a été sollicitée par le chargé de cours tout comme des approches ont été faites auprès du Service de l’urbanisme de Ville de Laval et des élus municipaux.
L’objectif est d’encadrer et de légitimer cette démarche de planification urbaine en tenant compte de la réalité et des contraintes urbanistiques du milieu, mentionne Ossama Khaddour.
À pareille date l’an dernier, Laval renforçait justement la réglementation municipale de ce secteur sous étude.
On voulait ainsi se donner les moyens de mieux contrôler la qualité d’éventuels projets de redévelopppement des grands ensembles institutionnels de Saint-Vincent-de-Paul. Du coup, on assurait la protection de la valeur patrimoniale de ces lieux et bâtiments dépeints comme des «témoins importants de l’histoire» de la municipalité.
Grande rupture
Évoquant la «grande rupture» de 1873, que l’ouverture du vieux Pen avait créée dans le tissu urbain du village, M. Khaddour se désole en constatant aujourd’hui le fossé qui semble séparer l’artère commerciale du vieux Saint-Vincent de la nouvelle zone industrielle, localisée au nord-est des établissements à vocation carcérale.
Au point où bon nombre de travailleurs préféreraient traverser l’autoroute que le chemin de fer pour aller se restaurer à l’heure du midi, observe-t-il, tout en demeurant fermement convaincu du pouvoir d’attraction en dormance du village.
Voilà d’ailleurs un des aspects auxquels s’affaireront les finissants de l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal au fil des prochaines semaines.
Avec un peu de volonté politique, termine M. Khaddour, le vieux Saint-Vincent pourrait rapidement retrouver ses airs des beaux jours.