En cette Semaine de prévention du suicide, rappelons que L’îlot est le seul centre de crise et de prévention du suicide à Laval.
Parti d’un projet pilote en 1999, l’organisme a accédé au statut de centre essentiel en juin 2001.
Soulignons qu’en 20 ans, le centre est venu en aide à plus de 14 000 personnes, développant en parallèle un service d’appel en prévention du suicide.
Équipe engagée
Les intervenants de L’îlot sont présents dans la période la plus sombre d’une personne.
Malgré tout, Sylvie Picard, la directrice générale du centre, trouve qu’il y a de la lumière dans ce travail.
«On cherche à aller chercher la partie qui veut vivre», explique-t-elle.
Toutes les personnes aidées par L’îlot doivent être volontaires.
«C’est une période enrichissante, poursuit Sylvie Picard. C’est la période où la personne est le plus volontaire. Il y a une opportunité de changement.»
Humbles installations
Actuellement, le seul centre de crise et de prévention du suicide de Laval opère dans un petit bâtiment dont il est locataire.
À l’intérieur, les corridors sont étroits. Toutes les pièces sont réquisitionnées. Il faut des endroits privés pour discuter avec des intervenants. Certains sont gros comme un placard. Des Plexiglas sont installés partout.
Le Centre imite un milieu de vie avec une cuisine et six à sept chambres individuelles. Chacune comprend lit et téléviseur.
Il n’y a plus de salon. Avec la COVID-19, il a fallu le transformer en une pièce de rencontre individuelle.
Également, une annexe a été modifiée pour y installer des bureaux; alors qu’un ancien garage sert maintenant de salle de réunion.
Le tout sert aux service d’hébergement, évaluations, suivis téléphoniques et le service de ligne téléphonique 24 heures, sept jours par semaine, en prévention du suicide et d’homicide.
Ce centre de crise vient pallier des besoins qui ne sont pas possibles en soins psychiatriques d’urgence: celui de gérer une crise en milieu autonome.
Sylvie Picard ne renie pas l’hôpital. «On a besoin de l’hôpital, mais à cause de l’effet iatrogénique, ça peut nuire plus qu’aider en psychiatrie.»
L’effet iatrogénique est un trouble provoqué par un acte médical. Mme Picard explique qu’étant pris en charge complètement, certains patients font une décompensation psychique, soit une rupture psychologique.
Alors que dans un environnement autonome, comme ce que L’îlot propose, le patient ne peut pas se laisser aller. Il reste responsable de s’alimenter, se lever et fonctionner le plus possible.
Services essentiels
À travers les années, l’organisme a étendu ses activités. Outre le service d’hébergement, qui va d’une durée de cinq à six jours pour les personnes en crise, L’îlot assure aussi les interventions téléphoniques depuis 2004.
Depuis 2005, les intervenants de L’îlot peuvent estimer la dangerosité d’une personne dont l’état mental représente un danger pour elle-même ou les autres.
En 2010, son mandat s’est encore agrandi avec un service de suivi étroit. L’organisme travaille en collaboration avec des médecins et psychiatres qui leur dirigent des patients.
Depuis 2013, toutes les cliniques médicales lavalloises bénéficient d’une ligne téléphonique directe avec l’organisme.
C’est en 2016 que le centre de crise a pu commencer à gérer aussi les personnes à risque de commettre des homicides.
Pendant la pandémie, le centre a su se démarquer. Il a reçu un prix d’excellence du ministère de la Santé et des services sociaux, pour son projet de relocalisation temporaire du service d’hébergement de crise pendant la pandémie.
En danger
Malgré son rôle essentiel, la mission de L’îlot reste en danger. Le manque de personnel a un lourd impact pour l’organisme lavallois.
En janvier, le centre a dû demander la collaboration de Suicide Action Montréal pour éviter un bris de service pour son volet téléphonique. Une première dans l’histoire de l’organisme.
L’investissement de 31,1 M$ pour maintenir le rehaussement des services psychosociaux et des services en santé mentale, annoncé lors d’un passage récent du ministre délégué Lionel Carmant en sol lavallois, donne un petit souffle à Sylvie Picard. «Souvent, on reçoit de l’argent pour de nouveaux programmes, explique la directrice. Mais on a besoin d’argent pour poursuivre nos activités. On a besoin d’argent pour mieux payer nos employés et les garder.»
S’il manque encore des intervenants, bientôt il pourrait manque d’espaces, car L’îlot est menacé de se retrouver à la rue.
Les locaux qu’ils louent depuis ses débuts pourraient être vendus pour cause des problèmes financiers des propriétaires.
Sylvie Picard évalue que son organisme sera expulsé, ou ne sera pas en mesure de payer le loyer, si l’établissement change de main; d’autant plus que la crise du logement étant ce qu’elle est, l’organisme n’est pas en mesure de déménager.
L’îlot rêve désormais de se transformer avec <@Ri>L’Archipel de L’îlot<@$p>: un nouveau bâtiment plus grand qui lui appartiendrait.
Malheureusement, ce projet n’avance pas assez vite, estime l’organisme. Le ressac de la pandémie se matérialise dans l’explosion des coûts de matériaux et délais importants dans la construction.
Réponse municipale
Devant cette situation, le bureau du maire de Laval a souligné les investissements versés à l’organisme.
Dans quelques mois, on indique que la Ville serait en mesure de faire d’autres investissements quant à sa relocalisation grâce à des subventions dans le cadre du Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) de la Société d’habitation du Québec (SHQ).