Au dernier trimestre 2021, on estimait à 11 965 le nombre de postes à pourvoir sur le seul territoire lavallois.
Voilà un impact direct de la pénurie de main-d’œuvre qui a «l’effet d’un rouleau compresseur» sur l’ensemble des secteurs d’activité économique de la province pour reprendre l’image du vice-président pour le Québec à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), François Vincent.
Directrice de Laval économique, Lidia Divry soulignait en entrevue au Courrier Laval que le taux de postes vacants avait pratiquement doublé en deux ans, passant de 3,7 à 6,5 %.
En clair, cela implique que des 183 540 postes recensés à Laval, seulement 171 575 étaient occupés au 4e trimestre 2021, selon la plus récente enquête de Statistique Canada.
Au cours de cette période de 24 mois, le nombre de postes orphelins a crû de plus de 80 %, en hausse de 5370 alors que le nombre d’employés salariés augmentait de tout juste 1945 sur le territoire. Le rapport est de trois pour un. Le vieillissement de la population n’est évidemment pas étranger à cette situation qui se reflète à l’échelle de la province et du pays.
En comparaison
Le taux de postes vacants enregistré au Canada (5,3 %) et au Québec (6 %) est inférieur à celui observé à Laval (6,5 %), révèle la dernière enquête trimestrielle publiée.
Cela dit, le nombre de postes inoccupés au Canada a atteint un sommet historique de 915 545 au 4e trimestre 2021. Même chose au Québec où les postes vacants se chiffraient à 238 140.
Comparativement à la période prépandémique, deux ans plus tôt, la demande de main-d’œuvre non comblée a augmenté de 80 % (+ 406 955 postes vacants) au pays et de 86 % (+ 109 730 postes vacants) au Québec.
Dans la mise en rang des 15 régions administratives du Québec, Laval affiche le 4e plus haut taux de postes vacants derrière l’Outaouais (7,6 %), la Capitale-Nationale (7,4 %) et la Côte-Nord et le Nord-du-Québec (7 %). La seule région dont le taux se trouve sous la barre des 5 % est la Mauricie.
Dans la grande région métropolitaine, Montréal est celle qui se démarque avec le plus bas taux de postes vacants à 5,6 %, suivie de Lanaudière (5,9 %), Laurentides (6,2 %) et Montérégie (6,3 %).
Tendance lourde
En hausse constante depuis le second trimestre 2018, la demande de main-d’œuvre non satisfaite est un problème structurel, rappelle la présidente-directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval, Caroline De Guire. «On en a jusqu’en 2036», prévient-elle en évoquant le déclin des bassins de main-d’œuvre lié au vieillissement de la population.
De fait, la population en âge de travailler au Canada n’a jamais été aussi âgée, alors que plus d’une personne sur cinq s’approche de la retraite. Plus précisément, les 55-64 ans composent 21,8 % des personnes âgées entre 15 et 64 ans. Ces chiffres sont extraits du Recensement de 2021 rendu public le 27 avril dernier.
D’ailleurs, la vague record de retraites chez les baby-boomers, aujourd’hui âgés entre 57 et 76 ans, est l’un des facteurs à l’origine de la pénurie de main-d’œuvre qui ne cesse de s‘accentuer.
Pendant ce temps, le taux de chômage atteignait le mois dernier au Québec un creux historique de 3,9 %. Sur le territoire de l’île Jésus, ce taux glisse à 3,5 %.
Mobilisation
«La pénurie de main-d’œuvre est une problématique aux multiples facettes», explique Lidia Divry dont l’équipe est à pied d’œuvre en prévision du Sommet que Laval économique tiendra sur cet enjeu le jeudi 29 septembre.
«À travers ce forum, on veut réfléchir aux solutions à court terme, mais aussi se donner une vision à moyen terme», poursuit-elle. Employabilité, formation, attraction/rétention et développement économique sont les quatre grands chantiers qui guideront la programmation.
La Commission des partenaires du marché du travail, tous les comités sectoriels de main-d’œuvre (CSMO), les établissements d’enseignement, les groupes d’entreprises et les ministères et organismes dont Services Québec et la Direction régionale du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration sont mis à contribution. «On n’a pas le choix de se mobilier», affirme Mme Divry, qui salue au passage la mobilisation de l’ensemble des partenaires socio-économiques de la région.
Bien que la situation soit préoccupante, la région compte sur certains atouts non négligeables dont «un taux d’emploi supérieur à celui de l’ensemble du Québec et du Canada, une croissance démographique soutenue, un important bassin de population issue de l’immigration en plus d’une jeunesse bien présente», termine sur une note d’optimisme la direction de Laval économique.