L’avis de proposition a été battu à 11 voix contre 7 au dernier conseil municipal.
Si l’opposition officielle, Parti Laval – Équipe Michel Trottier, a su à rallier les trois élus d’Action Laval présents à l’assemblée et les deux élus indépendants, elle a toutefois mordu la poussière du côté du parti au pouvoir.
Le maire et les 10 conseillers du Mouvement lavallois – Équipe Marc Demers ont rejeté en bloc la demande pour une reddition de comptes des projets apparaissant au programme triennal d’immobilisation (PTI).
Suivi trimestriel
En cours d’année, les modifications apportées au PTI se comptent par dizaines, pose comme enjeu le Parti Laval. «Ces changements répétitifs font en sorte qu’il devient difficile, voire même impossible, pour un élu de suivre l’évolution du PTI adopté annuellement en décembre», expose-t-il.
Pour remédier à la situation, Claude Larochelle, le proposeur, demandait un suivi trimestriel quant à l’avancement des travaux, les montants dépensés et les modifications actuelles ou prévues pour l’ensemble de ces projets, dont les coûts excèdent le milliard de dollars.
M. Larochelle cite en exemple le rapport de divulgation des informations financières que la Ville dépose au conseil – en temps normal – tous les trois mois depuis 2018. Jusqu’à ce qu’il fasse adopter sa résolution cet été-là, ces informations n’étaient diffusées qu’une fois l’an, soit au dépôt des états financiers consolidés.
«L’administration municipale doit faire une reddition de comptes transparente et crédible, a-t-il fait valoir avant le tour de table. Surtout pour des projets payés essentiellement avec les taxes des contribuables.»
Question de saine gestion
Considérant qu’au final, il revient au conseil municipal d’autoriser chacun des projets et leur budget respectif, le conseiller de Fabreville a insisté sur la nécessité que les élus ait en mains toute l’information disponible et que celle-ci soit régulièrement mise à jour.
«L’information que l’on demande est non seulement légitime, mais essentielle pour une prise de décision éclairée», affirme celui qui rappelle que le PTI budgétait pour l’année en cours des projets évalués à 336 M$.
Claude Larochelle a étayé son point en citant l’accablant rapport de la vérificatrice générale de Laval, Véronique Boily, qui relevait, il y a deux ans, de nombreuses déficiences dans la gestion des grands projets inscrits au PTI.
Dans son plus récent rapport, à la lumière de l’audit de performance portant sur les transactions immobilières, Mme Boily évoquait des problèmes en termes de transparence, n’a-t-il pas manqué de rappeler. «L’information présentée aux décideurs n’est pas toujours suffisante pour leur permettre d’apprécier l’ensemble des avantages, des inconvénients et des risques associés aux transactions, ainsi que leurs impacts pour la Ville», écrivait-elle le mois dernier.
Réflexion en cours
Numéro 2 de l’administration Demers, Stéphane Boyer a d’abord indiqué que la directrice générale adjointe (DGA) aux Services administratifs et corporatifs, Suzie Bélanger, planchait présentement sur une éventuelle refonte des processus budgétaires.
Une «réforme assez costaude qui devrait s’échelonner sur trois ans», a-t-il enchaîné tout en s’engageant envers les élus à tenir «dès que possible une présentation sur ce qui pourrait être mis en œuvre».
Affirmant que «la volonté» pour «une meilleure vision d’ensemble» de l’avancement des projets au PTI est «une préoccupation partagée par tous les élus», le vice-président du comité exécutif a déclaré que «les changements nécessaires vont plus loin» que ce que propose l’opposition officielle.
D’ici-là, les élus peuvent toujours se rabattre sur la révision des prévisions budgétaires et du PTI alors que vers la fin de l’été, les Services municipaux réaffectent des sommes qui n’auraient pas été dépensées, ajoute M. Boyer.
Exemplaire
Le maire Marc Demers a balayé du revers de la main les allégations du chef de l’opposition, Michel Trottier, à l’effet que les élus n’ont «jamais été en mesure de suivre le PTI» depuis son élection, il y a sept ans.
«Tous les membres ont l’information en début d’année et chaque modification passe au conseil, a répliqué le maire. La planification c’est une chose, mais quand vient le temps de réellement dépenser plus de 200 000 $, ça passe ici.»
Du coup, M. Demers rappelait que jusqu’à ce qu’il accède à la mairie, le pouvoir dont disposaient le maire de Laval et le comité exécutif était illimité.
Bref, c’est sous son administration que les conseillers municipaux ont récupéré le pouvoir dont l’ex-maire Gilles Vaillancourt s’état arrogé au fil des ans.
«On est d’une transparence exemplaire», a soutenu M. Demers, ce à quoi son vis-à-vis a rétorqué: «Je pense que le maire n’a pas lu le rapport de la vérificatrice générale.»
Enfin, Ray Khalil, également membre du comité exécutif, a demandé aux élus de «donner la chance au coureur», alors que le Service des finances est à s’activer à une réforme qui leur sera sous peu présentée.