À l’occasion de la Journée nationale de reconnaissance de l’action communautaire autonome, qui se tenait le lundi 24 octobre, le mouvement communautaire a interpelé le nouveau gouvernement provincial afin qu’il bonifie les investissements prévus dès son premier budget.
Les organismes communautaires estiment que le manque à gagner est de 460 millions de dollars. Seulement 37 M$ seront remis cette année en 2022-2023, puis 3 M$ l’année suivante.
«Ce montant est pour 3000 organismes à travers le Québec, dont 78 sont à Laval, explique Annie Houle, coordonnatrice et responsable aux dossiers d’analyse de la Corporation de développement communautaire de Laval (CDC). Pour le 3 M$ de l’an prochain, ça veut dire qu’on doit diviser 75 000$ entre plus de 70 organismes à Laval.»
Aucune autre somme n’est prévue pour les deux dernières années du Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire (PAGAC) qui est d’une durée de cinq ans.
«C’est horrible, assure le directeur général de la Corporation de développement communautaire de Laval Marc Longchamps. Les groupes communautaires en arrachent. Ç’a un impact direct sur les services qui peuvent être offerts.»
Il ajoute que le contexte de pénurie de main-d’œuvre ne facilite pas la tâche, mais que cela va plus loin.
«On ne peut être concurrentiel avec les incertitudes sur le financement pour les années à venir. Ça force les groupes à faire des choix: soit ils coupent dans les activités pour avoir du monde, soit ils n’ont pas de monde pour les offrir. Dans tous les cas, on arrive à une formule nulle.»
Filet social
Le quart du financement demandé avait été offert par le gouvernement provincial lors de la première année du PAGAC, ce qui représentait 115 M$. Bien que c’était «un pas dans la bonne direction» selon Marc Longchamps, ce montant est loin d’être suffisant et met des organismes à risque.
«J’ai encore une directrice générale qui m’a dit avoir perdu tous ses intervenants dans son milieu récemment, soutient-il avec désarroi. Une autre maison des jeunes a aussi perdu tout son personnel il y a quelques semaines. Ce n’est pas rose.»
Pour lui, cela lance un mauvais message sur l’importance des organismes communautaires.
«Le service public en arrache aussi, donc les gens se tournent vers le communautaire qui est le dernier filet, rappelle M. Longchamps. Ce filet, il n’est pas fort en ce moment. Il y a des choix gouvernementaux qui doivent être faits rapidement.»
Prochain budget
Le directeur général de la CDC croit qu’il est encore possible de retourner la situation lors du prochain budget gouvernemental présenté au printemps 2023.
«Nous prévoyons rencontrer les députés et le nouveau ministre de la région Christopher Skeete sous peu, assure-t-il. Ils ont annoncé 3 M$ pour le prochain budget, mais il va falloir faire plus. On ne peut pas manquer le bateau. Les besoins sont là et nos demandes sont seulement pour répondre à ces besoins.»
La CDC de Laval évalue d’ailleurs que 75% des organismes communautaires lavallois se trouvent sous le seuil plancher établi pour assurer le minimum de leurs activités.
«En plus, le montant remis n’est pas proportionnel, car il est distribué en nombre de groupes. À Laval, on fonctionne avec de plus gros organismes, donc on est défavorisé. La méthode de calcul a aussi été revue cette année, ce qui a réduit les fonds reçus, et ce, même si les groupes sont déjà dans l’urgence et la précarité», complète Marc Longchamps.