L’an dernier, Transplant Québec rapporte que 172 donneurs d’organes ont permis la transplantation de 549 personnes. Première conséquence: la liste d’attente a diminué pour une 4e année consécutive, 856 personnes étant inscrites au 31 décembre 2015.
«Dans mon cas, j’ai été chanceuse que cette personne signe, affirme Nicole Fortin, secrétaire générale pour la vice-présidence de la Société des alcools du Québec depuis 2005. Sinon, j’aurais passé GO comme bien d’autres et ne serais pas là pour en parler.»
Voyage et virus
En octobre 2007, la résidente de Laval-des-Rapides, où elle a grandi et acheté une demeure intergénérationnelle avec ses parents, revient d’Italie. Elle l’ignore, mais un virus s’est jeté sur son cœur et le détruit à petit feu.
La descente aux enfers débute par un «mal de foie». Elle se rend à la clinique Concorde où on lui prescrit des comprimés. Les bronchites se multiplient. En décembre, ses jambes enflent. Elle passe une semaine en observation à l’Hôpital Sacré-Cœur. «Je me sentais toujours essoufflée et souffrais de divers troubles comme l’arythmie cardiaque.»
Tout l’été 2008, elle se rendra à l’urgence chaque week-end. Un médecin finit par reconnaître cette fréquence des visites. Elle passera un mois en centre hospitalier avant qu’on lui révèle son grave état. Son cœur fonctionne à 20 % de ses capacités et ça continuera de diminuer. «Tu penses avoir pleuré toutes les larmes de ton corps et y’en a encore.»
L’attente
C’est en janvier 2009 qu’elle peut enfin faire affaire avec l’Institut de cardiologie de Montréal. Elle passera une batterie de tests avant de recevoir la fameuse pagette le mois d’après. «On veut s’assurer que la personne ne souffre pas de diabète, cancer ou autre maladie sérieuse, précise-t-elle. Tu vois un psychiatre pour ne pas qu’on te retrouve pendu six mois après la greffe. Toute cette attente, c’est un marathon et une course à obstacles jalonnés de petites victoires.»
En juin, son cœur est rendu à 12 %. «Ça devient malsain, dit-elle. Tu commences à regarder les nouvelles voir s’il n’y a pas un accident venant de se produire. Aussi, tu ne vis plus. Les projets, c’est fini, car tu ne peux t’éloigner à plus d’une heure de Montréal.»
Début août, Nicole Fortin en a marre. Elle quitte en famille pour le chalet de ses parents à Nominingue, dans les Laurentides. Elle joue au golf le vendredi. La pagette devenant inutile à cette distance, le peu d’autonomie qu’il reste à son téléphone cellulaire la sauvera le lendemain. Une infirmière de l’Institut la prévient qu’une ambulance vient la chercher. Avant la salle d’opération, une autre lui dit qu’elle a gagné la «cabine chanceuse».
«Je suis sûre que c’est le cœur d’une jeune femme sportive, souligne-t-elle. J’ai toujours été un peu hyperactive, mais là, c’est décuplé puissance 10. Tu passes si proche de ton heure, qu’après tu aimes la vie et cesse de t’en faire avec bien des tracas! Je dis souvent aux gens stressés: es-tu en train de transporter des poumons? Alors, c’est pas grave!»
Chaque jour, depuis, elle prend ses comprimés antirejet. Elle recommencera à travailler en juillet 2010. Aujourd’hui, elle s’entraîne au gym quatre fois par semaine (spinning). Elle est membre d’un club de vélo. Elle patine l’hiver et fait de la voile l’été.
«Tout le monde a payé si cher pour cette transplantation et ce qu’elle implique. C’est la moindre des choses d’en prendre soin.»
Situation lavalloise
Donneurs et transplantations.
Trois donneurs.
Huit organes transplantés.
Un coeur.
Deux poumons.
Un foie.
Quatre reins.