Le président et chef de l’exploitation du Groupe Canam est un communicateur hors pair que les habitués des dîners-causeries de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval ont eu la chance de découvrir, le mois dernier.
Marc Dutil, haut dirigeant de cette multinationale qui gère annuellement 12 000 projets de construction à travers une vingtaine d’usines en Amérique du Nord, est aussi le fondateur de l’École d’Entrepreneurship de Beauce (EEB).
C’était d’ailleurs le sujet de sa conférence, intitulée Préparons la prochaine génération d’entrepreneurs québécois.
Le pétrole de la Beauce
Il coulait de source qu’une telle école prenne racine au cœur même de la capitale entrepreneuriale québécoise.
«Notre pétrole, c’est l’entrepreneuriat, dit-il. Une «richesse» que les Beaucerons peuvent exploiter sans jamais risquer de vider la ressource.
Fils de Marcel Dutil, un bâtisseur du Québec inc., Marc rappelle avec fierté que son coin de pays est la région du Québec affichant historiquement le plus bas taux de chômage, le plus haut taux d’entrepreneuriat et, la statistique dont il est le plus fier, le plus faible taux de décrochage scolaire.
À cet égard, il précise que la Beauce est «tissée assez serrée» pour que les entrepreneurs refusent d’engager des jeunes qui n’ont pas compléter leurs études, ce qui a pour effet de les retenir sur les bancs d’école.
Princeton en Beauce
Ce fort lien d’appartenance à la région s’est manifesté lors de la campagne de financement menée en 2009 dans le but de doter la région d’une école exclusivement dédiée à l’entraînement de la relève entrepreneuriale.
«On a amassé 3,5 M$ auprès d’une population de 100 000 habitants, et ce, à une période où les portefeuilles des investisseurs n’étaient pas à la hausse», souligne l’instigateur du projet, en évoquant la crise financière qui sévissait à la grandeur de la planète.
«C’est l’équivalent d’une collecte de fonds de 200 M$ au Québec», met en perspective celui qui carburait au désir de faire de St-Georges-de-Beauce le haut-lieu de l’éducation liée à l’entrepreneuriat.
Son inspiration : Princeton. Une ville universitaire américaine de quelque 11 000 habitants de l’État du New-Jersey, dont le seul nom évoque Albert Einstein, des Prix Nobel, des présidents américains et de grands entrepreneurs du monde.
École unique
L’École d’Entrepreneurship de Beauce, qui s’apprête à accueillir une quatrième cohorte, n’est pas une école comme les autres.
«C’est un lieu de transfert de compétences qui, jusque-là, n’existait pas sur le marché», indique son fondateur, rappelant que les intervenants sont essentiellement des entrepreneurs d’expérience. Et pas les moindres !
Laurent Beaudoin, Jean Coutu, Charles Sirois, Marcel Dutil, Placide Poulin, Alain Lemaire, Pierre Pomerleau, Jacques Lamarre, Jean-Pierre Sauriol et Aldo Bensadoun, pour n’en nommer que quelques-uns, sont au nombre de la cinquantaine de coachs formant le corps professoral.
Étalé sur deux ans, le programme de formation se décline en huit modules intensifs de cinq jours chacun par année.
Réseautage
En plus d’avoir accès aux plus grands donneurs d’ordre au Québec, les étudiants intègrent une communauté d’affaires de proximité, un avantage non négligeable insiste Marc Dutil.
«J’ai investi beaucoup de temps et d’argent hors réseau», étaye-t-il en évoquant, entre autres, ses études au Boston College et au Columbia University. La distance a fait en sorte qu’il n’a jamais pu développer des liens d’affaires avec ses collègues de classe.
«À Harvard, ça coûtait une fortune et nous étions 160 dans la classe», enchaîne-t-il.
En comparaison, les cohortes de 25 étudiants à l’École d’Entrepreneurship de Beauce offrent un cadre nettement plus intime et plus propice au réseautage, fait-il valoir,
Qui plus est, les étudiants inscrits, dont l’âge moyen est de 37 ans, sont des gens en affaires. Ils sont des releveurs d’entreprise dans près de 60 % des cas, alors qu’un peu plus de quatre étudiants sur dix sont en démarrage d’entreprise.
«Ils sont nourris et logés pendant deux ans pour 55 000 $», termine M. Dutil en vantant les conditions de vie, de formation et d’encadrement de cette école-auberge quatre étoiles fraîchement aménagée au coût de 10 M$.