Avec des trompettes, feux d’artifices, textes lus à voix haute et de la musique, les manifestants ont envoyé un message de solidarité aux détenus hommes et femmes qui sont séparés de leurs amis, leur famille et communauté durant cette période de réjouissances. Ils ont mis l’emphase sur le fait que les prisonniers sont les premiers citoyens touchés par les coupes dans les services sociaux.
«Bien que les lois de tolérance zéro du gouvernement Harper ne dictent plus les politiques carcérales au Canada, et bien que Justin Trudeau a promis de donner suite aux recommandations du coroner suivant l’enquête sur la mort d’Ashley Smith, nous pensons que ce pays a un long chemin à suivre avant de pouvoir affirmer qu’il a un système de justice qui soit réellement juste », a déclaré Annie Tremblay pendant la manifestation.
Ces propos ont été diffusés par voie de communiqué. «Trudeau nous parle de relations de nation à nation avec les Premières Nations, les Métis, et les Inuits, tout en continuant à détenir des milliers d’autochtones en prison, d’ajouter Mme Tremblay. Nous pensons qu’entretenir des relations de nation à nation signifierait plutôt de rendre les terres volées et qu’une refonte d’un système de justice signifierait la remise en liberté de toutes les personnes prisonnières.»
Les femmes
Les manifestants ont exprimé leur solidarité envers les femmes détenues à la prison Tanguay et les personnes migrantes emprisonnées au centre de détention Lindsay, en Ontario, qui ont fait connaître leurs revendications concernant leurs conditions de détention.
Alors que le gouvernement du Québec planifie de fermer la prison pour femmes Tanguay sur l’île de Montréal, les gens responsables de cette manifestation, dont le groupe Toute détention est politique, avancent que cela ne se traduira pas par une diminution du nombre de femmes en prison au Québec, celles-ci étant simplement transférées à l’établissement Leclerc, à Laval, où «elles devront composer avec des coupes importantes dans les programmes et services», est-il précisé.
Les femmes détenues à la prison de Tanguay ont profité de la fin d’année pour faire connaître leurs revendications. Leur manifeste contre l’austérité a été publié en ligne sur toutedetentionestpolitique.wordpress.com . Elles y dénoncent le manque d’accès à une nourriture adéquate, aux produits nettoyants et produits d’hygiène. Ces femmes demandent l’accès à des programmes de réinsertion et soins médicaux, entre autres, pour celles faisant face à une grossesse ou une fausse-couche. Elles souhaitent aussi pouvoir passer plus de temps dans la cour extérieure.
Les migrants
Les manifestants ont aussi salué le geste du gouvernement fédéral d’accueillir 25 000 réfugiés syriens au Canada, «ce qui est un pas dans la bonne direction», tout en spécifiant qu’au même moment, «le gouvernement continue d’ignorer la situation critique des migrants dans les centres de détention au Canada».
Les personnes migrantes détenues au Centre de détention de Laval sont souvent emprisonnées pour une durée indéterminée. Plusieurs autres sont confinées à vivre dans des ailes à sécurité maximum dans des prisons provinciales.
Dans leurs revendications, celles-ci demandent que le Canada libère immédiatement les personnes ayant été détenues pour plus de 90 jours et qu’il arrête d’emprisonner ces gens dans des ailes ou des établissements à sécurité maximale. Leurs revendications peuvent être trouvées en ligne à endimmigrationdetention.com. (B.L.)