L’Institut national de la recherche scientifique (INRS) inaugurait le 10 mars, à Laval, son nouveau laboratoire de niveau de confinement 3 (NC3), ce qui aura pour effet de propulser la recherche sur de nombreux pathogènes à haut risque de contagion.
«Pour faire très simple, c’est un laboratoire qui va nous permettre de travailler avec des pathogènes dangereux pour l’homme, et ce, dans des conditions infectieuses authentiques, mais sécuritaires», a vulgarisé le professeur Laurent Chatel-Chaix, qui dirigera le laboratoire NC3 aménagé au quartier général du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie (AFSB).
(Vidéo gracieuseté INRS)
En point de presse virtuel via Zoom, cet expert en virologie moléculaire a bien sûr identifié le SARS-CoV-2, qui terrorise la planète entière depuis plus d’un an.
«Mais au-delà de la pandémie actuelle, nous allons aussi pouvoir faire de la recherche sur d’autres pathogènes préoccupants pour la santé publique québécoise et mondiale, comme le virus du Nil occidental et la bactérie qui cause la tuberculose», a-t-il enchaîné, trépignant d’enthousiasme à la pensée de «toutes les découvertes scientifiques» que suscitera ce nouvel environnement de recherche actuellement en rodage.
«À très court terme, les chercheuses et chercheurs de l’INRS pourront entamer leurs travaux dans ces installations», a indiqué la directrice scientifique de l’Institut, Pascale Champagne.
Incidemment, deux projets de recherche sur la COVID-19 financés par l’INRS nécessitent un laboratoire de niveau de confinement 3.
Accréditation
Aménagé au coût de 300 000 $, le laboratoire a obtenu son accréditation NC3 de l’Agence de la santé publique du Canada en février dernier.
À l’échelle du pays, on compte une trentaine de ces installations dont seulement une demi-douzaine au Québec.
Directeur du centre AFSB, Claude Guertin soutient que l’accès à une telle infrastructure contribuera à consolider le leadership des équipes de recherche de l’INRS dans des domaines tels que la virologie et l’immunologie. «Et, surtout, cette attestation va nous permettre de compléter des cycles de recherche en les poussant à l’étape ultérieure, c’est-à-dire celle de la recherche in vitro. Nous pourrons ainsi collaborer avec des partenaires externes, en mettant à leur disposition les installations sécuritaires dont ils ont besoin pour développer de nouveaux médicaments ou vaccins.»
Un must
Directeur général de l’INRS, Luc-Alain Giraldeau ne cache pas que la crise sanitaire a eu l’effet d’un «électrochoc» qui a «accéléré le processus» pour faire arriver les choses.
«C’était clair que lorsque la première vague a frappé, tout le monde était appelé à une certaine solidarité, à mettre l’épaule à la roue et aider nos sociétés à combattre ce virus, a-t-il expliqué. Et l’INRS s’est mobilisé pour trouver les fonds et rapidement lancer le processus.»
L’ex-doyen de la Faculté des sciences à l’UQÀM a aussi confié qu’au moment de prendre la direction de l’Institut national de la recherche scientifique à l’automne 2017, il avait été «étonné d’apprendre» que l’Institut ne disposait pas de «laboratoires nécessaires pour être capable de travailler directement sur les virus», alors que l’organisation comptait sur «une panoplie de virologues et d’infectiologues de premier niveau».
Cela dit, le projet était dans les cartons depuis une bonne quinzaine d’années.
«Dès le déménagement des laboratoires de l’INRS de Pointe-Claire à Laval, on avait envisagé la construction d’installations de confinement 3», rappelle Claude Guertin, précisant toutefois que l’argent n’était pas au rendez-vous. Aussitôt nommé directeur du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie, il en faisait sa priorité en 2019.
Futures pandémies
Le professeur Laurent Chatel-Chaix fait valoir que les travaux qui s’effectueront dans le laboratoire NC3 pourront être «précurseurs de nouvelles découvertes» dans la lutte contre des «pathogènes en émergence ou en résurgence dans le futur» et ainsi «permettre de réagir vite en cas de futures pandémies».
Quant aux maladies infectieuses, elles demeurent les premières causes de mortalité à travers le monde, souligne Pascale Champagne pour mettre en lumière l’importance d’investir dans la recherche. «Selon l’Organisation mondiale de la santé, elles touchent plus de 300 millions de personnes chaque année et sont responsables d’environ 17 millions de décès par an. Elles représentent 43 % des décès dans les pays en voie de développement contre 1 % dans les pays industrialisés.»